Il y a 18 ans, le 25 mars 2003, l’universitaire et intellectuel engagé palestinien Edward Saïd décédait.
Né en 1932 à Jérusalem, alors sous occupation britannique, Saïd est le fils d’un homme d’affaires palestinien fortuné et d’une mère libanaise chrétienne. Il passe une partie de son adolescence en Égypte où il se réfugie avec sa famille après la guerre israélo-arabe en 1948.
En 1951, à l’âge de quinze ans, il quitte le Moyen-Orient pour le Massachussetts, États-Unis, où il termine ses études secondaires au Mount Hermon School. Il garde de cette période un souvenir amère, ne se sentant pas à sa place dans cette institution privée.
Après avoir obtenu un doctorat à l’université Harvard, il devient professeur de littérature comparée à Columbia de 1963 à sa mort. Il est reconnu comme l’un des fondateurs de la critique postcoloniale. Son œuvre maîtresse « L’Orientalisme » déconstruit l’image de l’Orient telle que forgée par l’impérialisme européen.
L’ouvrage connut un succès mondial et fut traduit en trente-six langues. Il effectue une analyse historique et littéraire du discours colonial et sur les représentations des populations orientales, discours et représentations servant à justifier le colonialisme européen.
L’objectif du livre, précise Saïd, est « de montrer que des disciplines culturelles qui paraissent neutres et apolitiques reposent sur une histoire tout à fait sordide d’idéologie impérialiste et de pratique colonialiste. »
Déconstruisant le mythe de la neutralité intellectuelle et idéologique, il remarque que « les intellectuels sont de leur temps, dans le troupeau des hommes menés par la politique de représentation de masse qu’incarne l’industrie de l’information ou des médias. »
Ses principaux ouvrages comprennent :
• L’Orientalisme. L’Orient créé par l’Occident [Orientalism, 1978], Le Seuil, 1980 ;
• La Question de Palestine [1979], traduction de Jean-Claude Pons, Actes Sud/Sindbad, 2010 ;
• L’Islam dans les médias. Comment les médias et les experts façonnent notre regard sur le reste du monde [1981], Sindbad, traduction de Charlotte Woillez, 2011 ;
• Nationalisme, colonialisme et littérature [1988], avec Terry Eagleton et Frederic Jameson, Presses universitaires de Lille, 1994 ;
• Culture et Impérialisme [1993], Fayard/Le Monde diplomatique, traduction de Paul Chemla, 2000.
Son œuvre théorique est une contribution incontournable à la décolonisation des esprits et au combat anti-impérialiste.
Repose en paix frère et camarade.
Texte : Alain Saint-Victor et FUIQP