Il y a 102 ans, le 10 avril 1919 Emiliano Zapata était assassiné. Il fut l’un des principaux dirigeants de la révolution mexicaine de 1910, révolution essentiellement de paysans réclamant la restitution de leurs terres spoliées par les grands propriétaires terriens.
Il commence son activité militante au sein du « comité de défense » de son village ayant en charge la défense des intérêts des villageois. Cette institution est d’origine indienne et existe depuis les temps précoloniaux. Les paysans mexicains sont victimes à l’époque des gros propriétaires terriens qui prennent possession de leurs terres avec l’aide du gouvernement. Cette violente expropriation permet l’extension des grandes plantations de cannes à sucre.
En 1910, Zapata se met à la tête de 80 paysans pour occuper des parcelles contestées. Son leadership connut une popularité croissante. Zapata supervise la redistribution de ces terres et s’oppose aux violences de la police rurale. Lorsqu’éclate la révolution du 20 novembre 1910 contre le président Pofitirio Diaz, Zapata s’y engage pleinement.
Il est nommé alors «chef suprême du mouvement révolutionnaire du Sud» puis général de l’armée de libération du Sud. En mai 1911, il attaque la ville stratégique de Cuautla et s’en empare. Cette victoire accéléra la victoire des rebelles et leur dirigeant Madero prend la tête du pays. Mais Zapata exige que les promesses faites aux paysans soient respectées ce qui n’est pas l’intention du nouveau pouvoir. Le 31 août les troupes gouvernementales marchent sur Cuautla pour arrêter Zapata. Il parvient à s’enfuir et reprend le combat. Avec ses partisans, il rend public un programme ayant pour nom le «plan d’Ayala» dont la philosophie est «la terre à ceux qui la travaillent».
Après le coup d’État militaire de 1913 de Victoriano Huerta, Zapata poursuit sa lutte en soulignant que le plan d’Ayala n’est toujours pas satisfait. Il s’empare de la ville de Chilpancingo, capitale de l’État de Guerrero en mars 1914, de celle de Jojutla en mai et encercle la ville de Cuernavaca. Ces défaites contraignent Huerta à démissionner et à quitter le pays. Une convention réunissant tous les chefs révolutionnaires est réunie le 10 octobre 1914. C’est à ce moment qu’un des leaders révolutionnaires Carranza décide unilatéralement de se proclamer «gouverneur». Zapata reprend le combat.
Commence alors une longue épopée qui durera 5 ans et qui ne cessera que par la mort de Zapata. En avril 1919 Zapata est trahi et tombe dans une embuscade. Il est abattu à bout portant. Le traitre et assassin Guajardo reçut une récompense de 50 000 pesos en monnaies d’or et fut nommé général sur ordre personnel de Venustiano Carranza.
Sur la tombe de Zapata, les paysans ont gravé cette épitaphe significative :
«À l’homme représentatif de la révolution populaire; À l’apôtre de l’agrarisme; au visionnaire qui jamais ne perdit la foi; À l’immortel EMILIANO ZAPATA.».
Il avait comme devise : «Mieux vaut mourir debout que vivre toute une vie à genoux.»
Emilio Zapata reste une figure de la résistance dans toute l’Amérique du Sud.
Repose en paix frère et camarade. La lutte pour l’émancipation des peuples du sud se poursuit.
Texte : FUIQP et Alain Saint-Victor