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Emma Soares, correspondante en stage
La semaine dernière, dans un amphithéâtre bondé du département de science politique de l’université de Montréal, se pose une question fondamentale pour les étudiantes engagées de l’Association des étudiants et étudiantes en Science politique et Études Internationales de l’Université de Montréal: Allons-nous faire grève en solidarité avec la Palestine ?
Une question qui retentit dans plusieurs assemblées étudiantes des collèges et universités d’ici et aussi mondiales, à peine cinq jours avant le 7 octobre. Une date qui marque les deux ans depuis les attaques du Hamas et le déclenchement des interventions israéliennes à Gaza.
Une mobilisation contre le blocus alimentaire
Si les étudiant.es du Québec sont encore prêt.es à se mobiliser, c’est contre le blocus humanitaire à Gaza et pour une fin paisible au conflit qui a fait entre 55 000 et 78 000 morts d’après une étude de Lancet. 45 000 étudiants et étudiantes sont concerné.es par cette grève, une mobilisation inédite qui rejoint les revendications étudiantes déjà annoncées l’année dernière.
Leur protestation avait même conduit à l’occupation du parc en face du campus de l’université McGill pendant plus de deux mois. Une action coordonnée à l’international où des milliers d’étudiant.es avaient occupé les locaux de leurs établissements à travers le monde. Le mardi 7 octobre marque également une date sombre : plus de 1 000 personnes sont tuées lors de l’attaque du Hamas en Israël. Beaucoup voient les grèves étudiantes comme une invisibilisation de la mémoire des victimes, mais pour les associations qui ont choisi cette date, c’est un rappel de l’escalade du conflit et non de son commencement.
À l’UdeM, toutes les associations étudiantes du département de science politique ont voté en faveur d’une grève les 6 et 7 octobre. Des piquetages devant les salles de classe et des protestations pacifistes devant le département se sont tenus pendant ces deux journées. Le journal des Alternatives était présent mardi 7 octobre pour discuter avec celles et ceux mobilisé.es du département.
Olivier Labrecque, trésorier de l’AÉSPÉIUM était présent pour piqueter pendant les deux jours de mobilisation et soutient l’aspect pacifique de l’évènement. En général, il y a eu peu d’opposition du corps professoral et étudiant. Pour sa part, le rectorat de l’Université peine à répondre aux revendications.
Une campagne contre tout investissement avec les entreprises israéliennes
Comme aux États-Unis et en Europe, les mouvements étudiants mobilisés demandent à leurs établissements de cesser tout investissement envers des entreprises israéliennes et celles qui font affaire avec le gouvernement. Ils demandent également de mettre fin à leur collaboration avec les universités israéliennes.
Des revendications semblables sont portées par la Fédération des Associations Étudiantes du campus (FAÉCUM) à l’assemblée universitaire du lundi 6 octobre. Le recteur de l’UdeM, Daniel Jutras, a eu l’occasion d’y répondre alors que le cortège de grève s’était rendu devant le bâtiment où il siégeait. La FAECUM et ses étudiant.es ont trouvé insuffisantes les justifications « bureaucratiques ». Les mouvements étudiants réclament plus de transparence sur les investissements de l’université.
En coordination transnationale
Les mobilisations font preuve d’une coordination transnationale. Les associations étudiantes ont envoyé des délégations pour rencontrer les personnes représentantes d’autres associations étudiantes universitaires. Elles ont échangé sur leurs propres expériences des actions organisées à vocation nationale et mondiale, même si la peur de la répression policière est toujours présente.
Aux États-Unis, les populations étudiantes mobilisé.es en soutien à la Palestine avaient subi la répression de l’Administration Trump de plein fouet. Des centaines d’arrestations ont eu lieu sur place et des milliards de dollars de fonds publics ont été retirés des établissements académiques pour les forcer à réprimer plus strictement leurs mouvements étudiants.
À l’UQAM, l’Association facultaire des étudiants en sciences humaines (AFESH) et l’Association étudiante de la faculté d’éducation (ADEESE) ont également voté en faveur d’une grève les 6 et 7 octobre.
Si les associations étudiantes se sont mises d’accord sur la même semaine de mobilisation, c’est aussi pour faire écho à la semaine d’action pour la Palestine organisée par Désinvestir pour la Palestine (D4P).
À Concordia, diverses associations étudiantes ont annoncé leur participation à cette mobilisation croissante les 6 et 7 octobre. Leurs motivations ciblent particulièrement les liens qu’entretient l’université avec des compagnies d’armement comme Lockheed Martin ou des groupes qui font affaire avec le gouvernement israélien.
Renforcer le boycott académique
À la suite des mobilisations de l’an passé, on observe une hausse de 66% du boycott académique contre Israël dans le monde. En 2024, le gouvernement israélien a dû allouer 22 millions de dollars de fonds pour compenser ses liens rompus avec les universités étrangères. Contacté par le journal des Alternatives, le rectorat de l’UdeM affirme reconnaître « le droit de la communauté étudiante à s’exprimer et manifester politiquement » mais ne souhaite pas se positionner plus amplement sur le conflit ou les revendications étudiantes.