Tiohtià:ke/Mooniyang/Montréal, le 23 septembre 2025 – Le dimanche, 21 septembre, le premier ministre Carney a publié une déclaration reconnaissant l’État de Palestine. Cette reconnaissance s’harmoniserait « pleinement avec les principes d’autodétermination et les droits fondamentaux de la personne inscrits dans la Charte des Nations Unies ». Mais dans les faits, elle les nie par les conditions qu’elle prescrit. De plus, elle restera sans effet car, même après deux ans de génocide, le Canada ne donne toujours aucune indication de vraiment vouloir remplir ses obligations internationales à l’égard du peuple palestinien.
Une autodétermination… déterminée par des puissances occidentales
La déclaration du Canada ne fait aucune mention du cadre de référence de l’ONU, la véritable « communauté internationale », concernant la Palestine. Aucune mention des résolutions historiques de l’ONU, ni de celle du 18 septembre 2024 donnant un délai maximum d’un an à Israël pour mettre fin à son occupation et sa colonisation illégales. Aucune mention des décisions de la Cour internationale de justice, qui reconnaissait dès janvier 2024 qu’il était plausible qu’un génocide soit en cours à Gaza, ni des mandats d’arrêt émis par la Cour pénale internationale contre Benjamin Netanyahou, le Premier ministre d’Israël, et Yoav Gallant, l’ancien ministre de la Défense d’Israël.
La déclaration du Canada fait quelques constats incriminants envers Israël mais ne lui adresse aucune demande. Elle détermine que c’est l’Autorité palestinienne – considérée comme collaboratrice de l’occupation israélienne par bon nombre de Palestinien·nes – qui prendra les rênes de l’État palestinien, moyennant des « réformes essentielles » qu’elle s’est engagée à mener « directement auprès du Canada et de la communauté internationale ». Elle détermine finalement que l’État palestinien sera démilitarisé.
Toutes ces questions, c’est aux Palestiniens et Palestiniennes d’en décider. Or il semble que le seul choix qu’on leur laissera sera celui de choisir, parmi des partis et des candidats qui seront jugés acceptables par la « communauté internationale », quels seront les gestionnaires palestiniens de leur nouveau carcan néocolonial et néolibéral.
Une reconnaissance pour tenter de sauver la face
La déclaration d’indépendance de la Palestine a eu lieu le 15 novembre 1988. Un mois plus tard, l’Assemblée générale des Nations Unies en prenait acte et reconnaissait son droit d’exercer sa souveraineté sur son territoire occupé par Israël depuis 1967 (Gaza, Cisjordanie incluant Jérusalem-Est).
C’est donc 37 ans plus tard que le Canada en arrive à cette reconnaissance, mais surtout après deux ans d’un génocide toujours en cours, qu’il n’a jamais reconnu comme tel, et dont il demeure complice de diverses façons jusqu’à aujourd’hui.
Depuis quelques mois, le nouveau ton plus incisif du Canada et de certains autres pays occidentaux vis-à-vis Israël, tout comme leur reconnaissance symbolique actuelle de l’État de Palestine, ne visent qu’à tenter de faire oublier qu’ils ont laissé Israël commettre toutes ses horreurs et qu’ils en ont été complices.
Des sanctions à long-terme, sévères et concertées contre Israël sont nécessaires
Aucune déclaration ne lèvera le blocus israélien, n’arrêtera le génocide et la colonisation du peuple palestinien. Aucune déclaration ne mettra fin à l’occupation militaire israélienne. Seules des sanctions à long-terme, sévères et concertées contre Israël peuvent réalistement contribuer à atteindre ces objectifs.
Si le Canada ne veut pas demeurer complice des crimes d’Israël, c’est là le chemin à emprunter immédiatement en déployant tous les moyens d’action politique et économique à sa disposition, en tant qu’État.
Mais la teneur de sa déclaration reconnaissant l’État de Palestine montre que sa démarche est encore essentiellement guidée par les intérêts d’Israël et de sa propre alliance avec cet État voyou et non par le droit international et la défense des droits du peuple palestinien. Seule une mobilisation populaire beaucoup plus grande au Québec et au Canada pourront forcer un changement de politique.