La semaine en Haïti du 28 novembre au 05 décembre 2021

Remaniement ministériel dans l’insécurité infernale : séparation des miettes restantes au détriment des masses populaires

La population haïtienne s’apprête à passer les fêtes de fin d’année dans l’insécurité la plus totale. Entre-temps, sur la base d’un accord signé avec les partis politiques traditionnels en septembre dernier, le chef de l’État haïtien, à savoir le premier ministre de facto Ariel Henry, a effectué un remaniement ministériel le mercredi 24 novembre 2021. En cette occasion, il a profité pour intégrer des membres influents de l’ancienne opposition politique à Jovenel Moïse dans son gouvernement. Ainsi, dans un contexte de crise financière aiguë, des postes futiles ont été créés pour partager des miettes avec les signataires de l’accord de 30 septembre. Cette alliance a suscité des critiques provenant de la population envers l’ancienne opposition qui crachent sur les victimes du régime de Jovenel Moïse (personnes mortes, assassinées, emprisonnées, amputées, éborgnées, etc.). Donc, à part le chef de gang du G9 qui s’est dit opposé à son gouvernement, Ariel Henry est sensé sans aucune opposition politique. Selon plusieurs observateurs, ses adversaires (opposants politiques traditionnels, «jovenélistes») sont désormais neutralisés.

Parallèlement, la situation sécuritaire et économique du pays s’empire de jour en jour. La trêve accordée par les gangs au début du mois de novembre semble arriver à sa fin. Car, depuis la fin du mois de novembre, une hausse des activités criminelles peut être constatée notamment à Port-au-Prince. Le mercredi 1er décembre, un bus de transport public à bord duquel se trouvaient 38 passagers a été attaqué par des bandits armés à Martissant (entrée sud de la capitale). Bilan : 3 morts et une douzaine de blessés graves, dont une professeure d’université.

D’un autre côté, les activités de kidnapping se sont aussi revues à la hausse. Après un mois de novembre qui a compté à lui seul 100 cas d’enlèvement (selon l’organisme de défense des droits humains CARDH), plusieurs personnes ont été enlevées en ce début de décembre. Le secteur éducatif est particulièrement touché, car plusieurs responsables d’école ont été enlevés. Une militante des droits humains et de la femme a été également enlevée dans la nuit du 4 décembre à Port-au-Prince. «Les tentatives de la Police nationale d’Haïti, visant à mettre les malfrats hors d’état de nuire, se soldent presque toujours par un échec, les uns plus cuisants que d’autres», écrit le journal Le National (03 décembre 2021).

Malgré le changement de direction au niveau de la Police nationale d’Haïti, l’institution se montre encore très impuissante. «Alors que la police éprouve beaucoup de difficultés à pouvoir contrecarrer ce phénomène, plusieurs personnes œuvrant dans diverses branches d’activités, y compris des étrangers, ont été enlevées, ces derniers jours, à la capitale, apprend-on de diverses sources» (Extrait d’AlterPresse, 29 novembre 2021). Néanmoins, depuis la fin du mois de novembre, quelques présumés ont été arrêtés et stoppés et des armes ont été saisies, notamment dans la ville des Cayes et de Port-de-Paix.

Hausse de l’inflation, hausse des prix du carburant en perspective

La population haïtienne, notamment les familles issues des classes populaires, doit aussi composer avec l’inflation qui cause la hausse des prix des produits de première nécessité. À ce sujet, Le National (03 décembre 2021) a écrit : «L’Institut haïtien de statistique et d’informatique (IHSI) a fait part d’une augmentation de l’inflation dans son bulletin mensuel sur l’indice des prix à la consommation (IPC) pour le mois de septembre 2021. Dans le même contexte, le prix des produits pétroliers risque de monter à la pompe pouvant affecter les dépenses des ménages haïtiens. […]. La consommation des produits alimentaires et boissons non alcoolisées a augmenté de 5,9 % sur un mois et de 22,7 % sur un an, celle des articles d’habillements et chaussures a augmenté de 4,1 % sur un mois et de 20,2 % sur un an, celle des meubles, des articles de ménages et entretiens courants du foyer a augmenté de 4,0 % sur un mois et de 21,2 % sur un an et les consommations liées à la santé a augmenté de 2,3 % sur un mois et de 27,3 % sur un an». Déjà aux prises avec un taux de chômage de 30 %, les conditions de vie de la population se dégradent de plus en plus.

La population continue de fuir le pays

Face à l’ampleur de la crise sociopolitique et sécuritaire, la population haïtienne continue de partir à la recherche d’une vie meilleure ailleurs. AlterPresse rapporte que «Du dimanche 19 septembre à fin novembre 2021, plus de 12 mille migrantes et migrants ont été rapatriés des États-Unis d’Amérique dans des conditions infrahumaines […]». Le 1er décembre 2021, «Au moins 7 ressortissants haïtiens sont morts au large des îles Turcs & Caïcos après que leur navire est entré en collision avec celui d’une patrouille de la garde-côtière de ce territoire britannique d’outre-mer», écrit l’agence en ligne Vant Bèf Info (1er décembre 2021). À travers son compte Tweeter, le premier ministre de facto s’est dit attristé par ce drame.

Sources :