Dans un contexte de nouvelle vague de luttes de classe en France et à l’international, la journée de grève féministe du 8 mars s’annonce, dans un certain nombre de pays, comme un rendez-vous important, notamment en Amérique Latine.
Révolution permanente, 6 mars
Depuis trois ans, la journée du 8 mars constitue un appel important et suivi à la grève à l’internationale. En Amérique latine, là où a démarré le mouvement #NiUnaMenos, la mobilisation s’annonce massive, en particulier dans un contexte de retour explosif de la lutte des classes sur ce continent et à l’internationale. De la révolte au Chili à la lutte contre le coup d’Etat en Bolivie à la mobilisation historique en Colombie, le mouvement des femmes se trouve au cœur de cette dynamique.
En Argentine, où le nouveau gouvernement péroniste de Fernandez a exprimé son respect absolu des impératifs du FMI qui va conduire à de nouvelles attaques contre les masses travailleuses et les couches populaires, les femmes vont se trouver en première ligne des ajustements structurels qui ne manqueront pas d’arriver. Le débat sur le droit à l’avortement légal, sûr et gratuit revient également au centre des discussions après des mobilisations massives ces dernières années.
Au Chili, pays qui connaît une révolte depuis plusieurs mois, le gouvernement tente de « contenir » la mobilisation du 8 mars en proposant une organisation commune de la manifestation, illustration des tentatives d’institutionnalisation du mouvement des femmes par la bourgeoise. Les organisations de femmes ont rejeté cette proposition cynique d’un gouvernement responsable des violences politiques et sexuelles qu’elles subissent depuis le début de la rébellion populaire de la part de l’armée et de la police, des attaques qui précarisent leur quotidien. Ce 8 mars s’inscrit dans cette lutte contre le gouvernement Piñera et contre ces « 30 années » de néo-libéralisme, contre une société héritée de la dictature pinochetiste.
Au Brésil, où Bolsonaro et la droite réactionnaire ont fait des attaques contre les femmes et les des personnes LGBT une marque de fabrique, celles-ci seront massivement présentes dans la rue ce dimanche pour crier contre la violence machiste qui tue des milliers de femmes chaque année, pour la légalisation de l’avortement et contre ce système capitaliste patriarcal et raciste. Un 8 mars placé aussi sous le signe de la mobilisation contre la réforme des retraites que l’ensemble de la bourgeoisie brésilienne, jusqu’à la gauche réformiste du PT, totalement adaptée au régime, s’applique à mettre en place Ce 8 mars va aussi ouvrir deux semaines de mobilisation alors que la situation se polarise fortement au Brésil suite à l’appel de Bolsonaro à manifester le 15 mars contre le Congrès.
Au Mexique également, une grève nationale pour le 8 mars mais également le 9 se prépare https://www.revolutionpermanente.fr… qui souligne la nécessité d’une interruption de la production également le lundi pour placer cette lutte sur le terrain des travailleuses en lutte et s’annonce très suivie. Un mois après le féminicide d’Ingrid Escamilla, qui a suscité beaucoup d’indignation et des manifestations consécutivement à la publication des photographies du meurtre dans la presse nationale. Un mouvement féministe important a déjà émergé contre les violences sexistes et les viols de la police. Une mobilisation qui s’organise en indépendance des tentatives de cooptation par le gouvernement de gauche institutionnelle du Président AMLO qui a par ailleurs multiplié les sorites sexistes ces dernières semaines.
En Bolivie, après le coup d’État, les femmes des mouvements indigènes, notamment à partir de la révolte d’EL Alto ont participé avec leurs compagnons aux mobilisations et ont fait face à la répression du gouvernement putschiste. Malgré les négociations et les interdictions qui marqueront les prochaines élections, un secteur du mouvement des femmes appelle à se mobiliser ce 9 mars « contre le capitalisme qui nous exploite, le patriarcat et le machisme qui nous assassinent, les églises qui nous violent et le racisme qui nous humilie ».
Le Costa Rica est un autre pays où le mouvement des femmes tient des assemblées et s’organise pour ce 8 mars. Elles revendiquent notamment l’avortement légal, un droit fondamental que Carlos Alvarado, le président de ce pays, utilise de manière partielle pour se « conformer » à la fois à l’opposition de la droite religieuse et à certains secteurs du mouvement des femmes, rendant possible l’interruption de grossesse dans certaines situations.