Fifi H. extraits d’un texte paru dans Canadian Dimension, 12 octobre 2021
Au cours du mois de septembre, des images ont commencé à émerger sur les enfants affamés du Tigré, la région la plus septentrionale de l’Éthiopie, où vivent environ sept millions de . La calamité humanitaire a conduit laquelle les Nations Unies a lancer l’alarme.
La catastrophe humanitaire
Le Tigré souffre actuellement de la pire famine au monde. Selon le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires, 400 000 personnes au Tigré souffrent de la famine. Quant à l’UNICEF, elle estime que plus de 100 000 enfants risquent de mourir de faim.
Or, cette famine, qui menace la vie de millions de personnes, n’est pas le résultat d’une sécheresse ou d’une catastrophe naturelle. Il s’agit d’une famine provoquée par la campagne de destruction systématique et délibérée lancée contre le Tigré par les gouvernements d’Éthiopie et d’Érythrée depuis novembre 2020 dans le cadre de leur offensive militaire contre le Front populaire de libération du Tigré (FPLT).
La guerre
Le 4 novembre 2020, le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, a déclaré la guerre au Tigré. Cette déclaration faisait suite à des années d’escalade des tensions politiques entre le gouvernement fédéral éthiopien et le gouvernement régional du Tigré. Tout en déclarant ostensiblement qu’il s’agissait d’une opération nationale de maintien de l’ordre, Abiy a invité les forces d’Érythrée à lancer une offensive brutale contre le peuple du Tigré.
Malgré le blocus des communications imposées par le régime Abiy, les nouvelles ont commencé à émerger sur les atrocités commises par les forces éthiopiennes et érythréennes et Amhara dans le Tigré, de même que sur les attaques contre les sites religieux, les infrastructures sanitaires, alimentaires et éducatives de la région. Ces atrocités perpétrées par les gouvernements éthiopien et érythréen constituent des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité et portent la marque du génocide.
La famine causée par l’homme est un élément central de la campagne d’Abiy au Tigré. Les routes d’entrée et de sortie de la région étant fermées, les échanges et le commerce interrompus et les organisations humanitaires empêchées d’accéder au nord du pays, des avertissements de famine ont été émis dès janvier de cette année. Des rapports montrent que les forces éthiopiennes et érythréennes ont détruit des récoltes, tué du bétail, brûlé des vivres, interdit l’agriculture et bloqué l’accès humanitaire au Tigré dans une tentative délibérée de créer et d’exacerber la crise de la famine. Depuis qu’il a été chassé de nombreuses parties du Tigré fin juin, le gouvernement éthiopien a continué d’assiéger la région, coupant ses habitants de l’électricité, des transports, des communications et décrétant un blocus de facto de l’aide.
Entretemps, les États-Unis et l’Union européenne se sont efforcés de faciliter la cessation des hostilités. Le 17 septembre, le président américain Joe Biden a signé un décret autorisant des sanctions contre l’Éthiopie. De nombreux autres États, organisations internationales et agences humanitaires ont également fait entendre leur voix dans leurs appels à la fin des hostilités.
Le silence assourdissant du Canada
Depuis novembre, au-delà de quelques déclarations timides, le gouvernement Trudeau n’a pris aucune mesure significative pour faciliter la fin du conflit. Pourtant, l’Éthiopie est l’un des principaux bénéficiaires de l’aide au développement du Canada, ayant reçu près de 2 milliards de dollars entre 2010 et 2019. En 2018 seulement, les échanges commerciaux entre le Canada et l’Éthiopie ont culminé à plus de 170 millions de dollars .
De plus, le gouvernement de Justin Trudeau a maintenu le soutien financier au gouvernement éthiopien. Parallèlement, selonThe Breach, des sociétés minières canadiennes investissent dans le Tigré depuis novembre 2020. Au moins six sociétés canadiennes sont déjà présentes pour opérer dans le Tigré.
Fifi H. est une étudiante diplômée en l’économie politique internationale. Ses recherches portent sur l’économie politique du développement et de l’urbanisation dans le contexte africain.
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