Yves Engler, extraits d’un texte paru dans Rabble, 17 septembre 2021
Justin Trudeau se vante régulièrement de soutenir l’ordre international fondé sur des règles. Comme il fallait s’y attendre, la réalité peut être bien différente de ce que nous dit le premier ministre. En réalité :
1. Le Canada refuse d’appuyer un projet de résolution visant pour lutter contre la pollution plastique. Un projet de traité obligerait les pays à « mieux suivre la production, l’utilisation et l’élimination du plastique, tout en les obligeant potentiellement à réduire leur consommation de nouveaux plastiques et à développer de meilleurs systèmes de recyclage et de gestion des déchets ». Avec près de trois millions de tonnes de déchets plastiques jetés chaque année au Canada et environ deux cents millions de tonnes polluant les océans dans le monde, la production et les déchets plastiques constituent un problème international sans cesse croissant. Un accord visant à réduire la pollution plastique serait un progrès, mais le gouvernement Trudeau refuse de signer.
2. Les libéraux ont refusé de ratifier l’amendement de Bâle, qui interdit aux pays riches d’exporter des déchets vers les pays pauvres. L’amendement est devenu contraignant fin 2019 après avoir été ratifié par 97 pays.
3. Bien qu’ils aient promis à plusieurs reprises de le faire, les libéraux n’ont pas ratifié le Protocole facultatif des Nations Unies à la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. Quatre-vingt-dix pays ont cet accord, qui établit un mécanisme d’inspection des centres de détention.
4. Les libéraux n’ont pas signé la Convention américaine relative aux droits de l’homme, qui a établi la Cour interaméricaine des droits de l’homme.
5. Les libéraux n’ont pas signé la Convention internationale contre le recrutement, l’utilisation, le financement et l’instruction de mercenaires.
6. Le gouvernement Trudeau a voté contre la tenue de la Conférence des Nations Unies de 2017 pour négocier un instrument juridiquement contraignant visant à interdire les armes nucléaires, menant vers leur élimination totale. Ils ont ensuite boycotté la réunion qui a négocié le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, à laquelle les deux tiers des pays du monde ont assisté. Près de 90 pays l’ont signé.
7. Les libéraux ont largement ignoré les efforts internationaux visant à restreindre les abus des entreprises. Le gouvernement a montré peu d’intérêt pour les travaux de l’OCDE visant à réduire les « prix de transfert » et d’autres formes d’évasion fiscale des entreprises.
8. Le Canada a été « largement absent » d’une initiative du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies visant à élaborer un traité juridiquement contraignant pour tenir les entreprises responsables des violations des droits de l’homme. Lancé en 2014, le projet sur les sociétés transnationales et autres entreprises commerciales s’est réuni annuellement et le Canada était de nouveau absent lors de la sixième ronde de négociations en octobre.
9. Les libéraux n’ont pas signé la Convention sur les travailleurs domestiques de l’Organisation internationale du travail, qui fixe les conditions minimales pour le travail domestique et reconnaît les droits des travailleurs domestiques à la liberté d’association. Ils n’ont pas non plus ratifié la Convention de l’OIT sur la violence et le harcèlement ou la Convention n° 169 sur les droits des peuples autochtones, qui est juridiquement contraignante contrairement à la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.
10. Trudeau a ouvertement bafoué ses engagements dans le cadre de l’Accord de Paris sur le climat de décembre 2015. Les émissions canadiennes de gaz à effet de serre ont augmenté depuis la signature de l’Accord de Paris, ce qui est le pire bilan par rapport à tous les autres pays du G7. De 2016 à 2019, les émissions ont augmenté de 3,3 pour cent tandis que les émissions américaines ont augmenté de 0,6 pour cent et les cinq autres émissions des pays du G7 ont diminué de 4,4 pour cent et 10,8 pour cent.
À des centaines d’occasions, Justin Trudeau, Chrystia Freeland et d’autres responsables libéraux ont affirmé soutenir « l’ordre international fondé sur des règles », « l’ordre international fondé sur des règles », « le système international fondé sur des règles », etc.
Il semble que cette rhétorique libérale ne soit guère plus qu’une image de marque, ou ce qui pourrait être mieux défini comme de la propagande de parti. En réalité, le Canada n’a pas soutenu de nombreux éléments essentiels d’un ordre international fondé sur des règles au cours des six années au pouvoir de Trudeau.