Les bases universelles d’une didactique de la gestion des déchets 

Javier Jaén, Rethink Plastic créé pour Barron’s/ via Google image
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Tina Mostel, correspondante en stage

« C’est du travail d’artiste » — Blandine Tchamou

Pour beaucoup le tri est une notion archaïque et il est très peu souvent pris en considération. Les films et publicités mettent en place une culture qui incite à jeter sans y repenser. Aujourd’hui, il y a même des entreprises de gestion des déchets comme l’Américaine « Waste Management » qui fait du profit avec les déchets. La société et les législations sont faites pour inciter les individus à se débarrasser de leurs déchets. La société de consommation dans laquelle nous évoluons incite à consommer avec déraison.

Lors de cette quatrième et dernière séance sur comment « Décoloniser la gestion des déchets : ancrage historique et ancrage d’une didactique ». Blandine Tchamou nous amène surtout à repenser notre vision des déchets. Le but est de décoloniser nos consciences et de nous familiariser avec une autre manière de réfléchir. En d’autres termes, la gestion des déchets est quelque chose de culturel et directement lié à l’éducation.

Vision culturelle de la gestion des déchets

Les situations sont différentes d’un pays à l’autre, car culturellement nous avons une manière diverse de gérer nos déchets, mais surtout de les percevoir. Blandine Tchamou prend l’exemple du Japon où les élèves participent au nettoyage de leurs classes. En devenant adulte, ces jeunes conservent un rapport particulier aux déchets et à la propreté et ne considèrent pas un lieu comme propre en soit, mais comme un espace dont a pris soin.

Chaque personne a un rôle à jouer dans la gestion des déchets. Ce n’est pas parce qu’une personne viendra ramasser et faire le ménage qu’il est acceptable de salir en laissant traîner ses déchets.

Un proverbe africain dit : « il faut tout un village pour élever un enfant ». Cet adage transposé dans un contexte de gestion des déchets implique qu’il en va de la volonté de toutes et tous pour créer un environnement sain.

L’environnement appartient est un bien commun et son état affecte tout le monde. Blandine mentionne à ce propos la vision de Garret Hardin à ce propos dans La tragédie des biens communs.   Cela exige donc un changement des comportements de chaque personne, pour que l’intérêt individuel ne desserve pas la collectivité.

Distinction entre déchet et ordure

Il y a une différence entre ce qu’est un déchet et une ordure pour la panéliste. Le déchet est ce qui peut être nommé et identifié afin d’être trié tandis qu’une ordure est un déchet souillé. En partant de cette distinction, nous pouvons commencer à décoloniser nos rapports gestionnaires des déchets dans leur production, mais aussi leur abandon.

Trier un déchet servira aussi à éviter qu’il devienne une ordure. Selon le dictionnaire Larousse, un déchet est un matériau rejeté comme n’ayant pas une valeur immédiate ou laissé comme résidus d’un processus ou d’une opération. La valeur qui n’est pas accordée immédiatement à l’objet peut l’être dans le futur, en étant réutilisée ou recyclée. L’objectif est d’adopter les bons réflexes.

Les quatre compétences de base

Pour madame Tchamou, quatre compétences sont à développer dans les apprentissages scolaires et populaires tout au long de la vie.

1. Le non-littering

Le littering désigne l’abandon de déchets dans l’espace public. Ce concept est apparu en 1913 par Whinery et provient du mot « litière ». Sa traduction la plus fidèle en français est « détritus ». Non seulement il engendre une pollution visuelle, mais aussi environnementale. Le littering pose également des problèmes d’urbanisme et de salubrité, pouvant être une entrave à la circulation et dégrader l’espace public.

2. Le compostage et la gestion des excréments humains

Pour réduire la quantité de déchets organiques, le compostage est une solution très efficace. Il en existe diverses formes, comprenant l’utilisation des excréments humains dans un cadre contrôlé. Bien que cette pratique puisse sembler contraignante, elle se base avant tout sur un changement d’habitudes et une rééducation à la gestion des déchets.

3. Les dangers du brûlage, de l’enfouissement et de l’abandon des déchets dans l’eau

Ces pratiques peuvent être courantes dans certaines régions du monde, mais leurs effets sont néfastes. Si le brûlage dégage des substances toxiques, l’enfouissement quant à lui pollue les sols et l’eau, et l’abandon des déchets dans les cours d’eau entraîne une pollution qui impacte directement la santé humaine. Ces actions ont un effet boomerang, car les dommages causés à l’environnement nous reviennent toujours.

4. La réduction des déchets et l’allongement de leur durée de vie

Cette compétence repose sur le principe du recyclage et du réemploi. L’idée est de limiter la production de déchets en donnant une seconde vie aux objets et matériaux. Toutefois, selon Blandine Tchamou, les lois actuelles ne facilitent pas toujours cette démarche, rendant parfois le recyclage complexe et peu accessible.

Un enjeu d’éducation

En clair, décoloniser notre gestion des déchets, c’est surtout apprendre ou réapprendre à en prendre soin. Cela demande de l’ingéniosité et de la créativité pour pouvoir adapter les solutions aux contextes environnementaux et culturels propres à chaque société.

Comme l’explique Blandine Tchamou, il n’existe pas une formule universelle. Cependant, chaque communauté doit repenser sa relation aux déchets en fonction de son environnement. Ce processus implique une remise en question de nos perceptions. Par la suite un travail collectif doit être fait pour intégrer une gestion plus responsable et durable dans notre quotidien. Finalement, les déchets ne sont pas qu’un fardeau, mais de surcroît, une opportunité de réinventer notre rapport à l’environnement et aux biens communs.

La sessions Décoloniser la gestion des déchets : ancrage historique et enjeux d’une didactique a eu lieu au Café les Oubliettes du 25 février au 18 mars 2025.

 

 

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