Les croisades modernes : l’extrême droite et la rhétorique chrétienne

Soutien à Israël aux États-Unis @ IsraelMFA CC BY 2.0 via flickr

John Olympio – correspondant –

Les actualités sont nombreuses à décrire la hausse de l’instabilité et des tensions tant au niveau national qu’international. Et si c’était lié ? Une des causes potentielles à cette période de récession politique a été évoquée par l’un des conférenciers, Dominic Wetzel, lors d’un atelier à la conférence No War, But Class War, liant christianisme et extrême droite.

Que ce soit par pur calcul stratégique ou par une vision simpliste du monde, les discours du monde judéo-chrétien et du néolibéralisme semblent s’aligner dans les pays occidentaux selon le professeur associé à la City University of New York. À l’échelle des tensions mondiales, un exemple frappant est le discours de Benjamin Netanyahu à la télévision française, où il évoquait une « guerre du monde judéo-chrétien contre la barbarie [musulmane] ». Ce discours se campe clairement à droite, et plus particulièrement à l’extrême droite française, et mettait en lumière une rhétorique alarmiste qui instrumentalise la religion.

L’immigration comme bouc émissaire

Pour Dominic Wetzel, une rhétorique basée sur des valeurs chrétiennes, mises en danger par la mondialisation, se manifeste dans le discours de l’extrême droite, qui laisse sous-entendre « le grand remplacement » ! Ici, le bouc émissaire, élément clé du populisme et du fascisme, n’est plus uniquement l’élite corrompue ou une minorité dominante, mais l’immigration non contrôlée, perçue comme source d’insécurité et de menace pour les valeurs locales. Aux arguments économiques traditionnels (« on nous vole nos emplois ») s’ajoutent désormais les fallacieux enjeux sécuritaires et culturels.

Le cas européen est particulièrement éloquent de cette dynamique où cette réappropriation des valeurs chrétiennes par l’extrême droite semble particulièrement efficace. En France, par exemple, lors des récentes élections européennes, 42 % des catholiques pratiquants ont voté pour des listes situées à l’extrême droite selon un sondage IFOP pour la Croix.

L’exemple américain et la rhétorique chrétienne chez les Latinos

Bien que nous soyons concentré.es aujourd’hui sur le cas européen, Alexander Scott expliquait quant à lui que les mêmes dynamiques sont à l’œuvre aux États-Unis où un nombre croissant de l’électorat latino-américain vote pour les républicains. Si, au vu des politiques et du discours anti-immigration du parti, cela peut sembler paradoxal, le candidat au doctorat en sociologie nous explique que l’électorat latino-américain est de plus en plus attiré par les valeurs chrétiennes mises en avant par la rhétorique républicaine.

Face à cette instrumentalisation de la religion, et de pair avec la brutalisation du débat public, toute opposition est caricaturée et amalgamée. Critiquer la vision simpliste imposée par l’extrême droite devient un acte d’« islamo-gauchisme », une étiquette stigmatisante qui vise à discréditer toute voix dissidente.


Atelier Populisme and the Far Right in the U.S. (Populisme et l’extrême droite aux É.-U.): Avec Dominic Wetzel, Alexander Scott, Adam Goebler, Nicodemus Nicoludis.