Vous appréciez cet article ? Il a été écrit par un.e jeune stagiaire ou correspondant.e du Journal.
Bien que la campagne de financement du Fonds Jeunesse soit terminée, il est toujours possible d’aider la relève du journalisme engagé en cliquant sur le lien ici.
Toute contribution est appréciée !

Dans le 11e arrondissement de Paris, des militantes ukrainiennes du collectif Priama Diia (Action directe) conversent autour d’une même question : comment la jeunesse peut-elle se mobiliser pendant la guerre?

Priama Diia est un syndicat étudiant ukrainien qui a émergé en 2023. Ses fondements se sont manifestés dans les années 1990 et ont réapparu récemment dans une Ukraine qui “ manquait de mouvements de gauche ». Leurs représentantes, Katya Gritseva et Maria Sokolova étaient à Paris le 11 septembre pour parler de leur lutte au sein du collectif. C’est la guerre et la crise sociale profonde émergente qui ont su mobiliser la jeunesse ukrainienne autour d’une « gauche socialiste et anti-impérialiste ». L’organisateur et animateur de la rencontre, Bernard Dreano fait converger dans cette discussion, artistes, activistes et étudiant.es dans un élan solidaire envers l’Ukraine.

Une jeunesse mondiale debout contre la guerre

La jeunesse semble plus que jamais mobilisée contre les conflits dans le monde. La population étudiante prend d’assaut ces mouvements pour contrer un système complaisant envers des gouvernements agressifs et envahisseurs. Les étudiants du monde s’étaient insurgés contre la guerre Israélo-Palestinienne il y a quelques semaines, mais la mobilisation contre la guerre en Ukraine connaît un essoufflement. Mise de côté par défaut, la population ukrainienne qui y survit au quotidien ne l’oublie pas et espère pouvoir reposer sur les soutiens internationaux qu’elle avait reçus au commencement de l’invasion russe.

Un collectif étudiant engagé

Priama Diia comprend 150 000 membres, particulièrement à Kiev et Lviv, le collectif tente de mobiliser la jeunesse ukrainienne scolarisée restée au pays mais également celles réfugiées à l’étranger pour porter leur lutte à l’international. Ils re rangent à gauche et revendiquent des enjeux qui touchent presque tous les étudiants dans le monde : la discrimination, la précarité, le logement, les droits des femmes…

crédit : Priama Diia

Dans son ancienne université à Kiev, Katya se battait déjà autour des mêmes enjeux, elle décrit la décrépitude des locaux universitaires où elle étudiait et logeait. Ils sont souvent seuls face à leur difficulté, un dénominateur commun pour les étudiants en lutte. À Odessa, les activistes de Priama Diia venaient en aide aux itinérants, dont beaucoup sont des anciens soldats qui ont tout perdu au cours du conflit.

La guerre n’a fait qu’empirer la situation des personnes les plus précaires ; elles perdent leur maison dans les bombardements et sont contraintes à l’itinérance, encore plus vulnérables face à une guerre destructrice. Priama Diia est un collectif qui travaille en collaboration avec de multiples syndicats ukrainiens, dans un effort de consolidation des luttes sociales pour améliorer les conditions de vie et de travail de tous.tes, au-delà de la guerre. Ils luttent contre l’autoritarisme, le capitalisme et surtout, la fausse perception véhiculée sur l’Ukraine et son armée.

L’Ukraine, un pays fasciste ?

Le pays et son armée, abriterait l’extrême droite, composée de soldats fascistes contre lesquels se dresse la Russie. Ce scénario, majoritairement transmis par le Kremlin, souhaite inverser la responsabilité de la guerre vers une Ukraine qu’il faudrait « sauver du fascisme». Une rhétorique façonnée par Moscou, que Katya Gritseva déconstruit de toute pièce : « C’est la Russie, le pouvoir impérial envahisseur qu’il faut combattre ».

Originaire de Marioupol, une ville maintenant occupée par l’armée russe, elle porte une lutte marquée par les difficultés de la condition ouvrière de sa famille. En Ukraine, la loi martiale engendre des obstacles significatifs pour les mouvements sociaux ; leurs actions sont fortement réprimées. Les grèves sont restreintes et le taux de mobilisation en souffre, « les Ukrainiens ont peur de manifester ».

Priama Diia espère apporter du soutien et rassurer la population qui pense « que l’heure n’est pas pour les luttes sociales, il faut défendre le pays ». Le manque de confiance dans les institutions a suffi pour sortir la population de chez elle et la ramener dans la rue pour manifester contre la corruption. À la suite de la suppression du caractère indépendant des instances anti-corruption en Ukraine, la population a manifesté en pleine guerre pour s’opposer à la volonté du gouvernement. Un mouvement encore une fois initié par une jeunesse engagée.

Au Maroc, au Népal, à Madagascar et même au sein d’une Ukraine en plein conflit, la jeunesse amorce des mouvements sociaux majeurs. Gritseva insiste : « Nous pouvons encore militer et lutter. ». Partout dans le monde, la jeunesse est le vecteur de cette lutte.

crédit : Тітаренко Михайло