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Tina Mostel, correspondante en stage
En Afrique, chaque pays détient au moins un domaine d’extraction. La République démocratique du Congo est appelée le deuxième poumon vert du monde en raison de ses forêts denses. L’extractivisme est une pratique particulièrement utilisée dans le continent africain. Ce continent regorge de ressource pétrolière et minière qui alimentent le monde entier, notamment pour la fabrication des puces de nos téléphones.
Dans le cadre de la conférence de La Grande Transition, l’ONG Alternatives organisait un atelier L’extractivisme en Afrique : Enjeux, impacts et perspectives. Animé par Christioline Likibo. Il réunissait Grace Kouamé, Eric Prosper et Simpore Wenpagnangdé Hamado.
L’extractivisme désigne une méthode d’exploitation massive de matières premières, en répétant des modèles coloniaux et patriarcaux. Dans ce modèle, les populations locales ne sont pas les premières à bénéficier de l’intérêt international portée sur ces ressources. Au contraire, elles en pâtissent grandement et l’économie de ces pays n’en est pas plus grandissante mais est freinée. Ce sont ces enjeux qu’a traité la conférence sur le militantisme face à l’extractivisme en Afrique.
Les impacts destructeurs de l’extractivisme sur les communautés locales
L’extractivisme est en premier lieu une menace pour les moyens de subsistances. Les populations rurales sont souvent dépendantes de l’agriculture et de la pêche. Mais ces régions fertiles sont réquisitionnées et utilisées à des fins extractivistes. On observe alors une dégradation des terres ou encore une raréfaction de la faune aquatique.
C’est le cas au Ghana où l’exploitation de l’or a des conséquences sur les eaux à la frontière avec la Côte d’Ivoire dont les populations se nourrissent de la pêche. Il y a donc quatre conséquences en chaîne qui en résultent : la dépossession des terres de plusieurs populations locales mène ensuite à la destruction de ces populations, puis de l’environnement concerné. Enfin, s’installe l’insécurité pour les populations locales, en particulier pour les femmes et les enfants.
Une pression additionnelle s’exerce sur les femmes et les enfants, considérant les beoins de main d’œuvre. Alors que les femmes ne peuvent plus cultiver la terre, elles et leurs enfants en bas âges doivent travailler à l’extraction de matières premières.
Dans certaines régions, l’eau est utilisée pour de nombreuses tâches domestiques, en plus de permettre aux femmes de pêcher des poissons et de les vendre. Une fois l’eau intoxiquée, il leur est impossible de continuer à procéder de la sorte. De ce fait, les activités des coopératives féminines ne peuvent plus évoluer. Leurs méthodes de marché et d’échange qui leur procuraient leurs seuls revenus se voient substitués pour des travaux manuels d’extraction.
L’injustice sociale et économique
L’extractivisme nuit alors à l’agriculture de subsistance, mais aussi à l’environnement et par conséquent à la santé des populations. Ce qui représente un problème en soit qui s’ajoute à la faible redistribution des bénéfices avec les communautés locales.
L’extractivisme se traduit par un accaparement de richesses qui profite aux grandes multinationales et non aux populations. Dans certains pays comme la République démocratique du Congo, les conflits internes et la corruption amplifient grandement cette situation contraignante pour la population.
Les droits du travail ne sont pas ou peu respectés. C’est pour cela que les enfants et beaucoup de personnes qui n’ont pas les capacités nécessaires, constituent la main d‘œuvre employées. Aussi, cette absence de réglementation et de régulations, peut inciter les populations locales à créer des coalitions afin d’extraire ces minerais mais sans le matériel nécessaire.
Le militantisme citoyen : résistance et propositions alternatives
Après nous avoir exposés les principaux enjeux de l’extractivisme en Afrique, les panélistes présentent les solutions pour lesquelles ils militent. Leur motif commun est que « lorsqu’une région est riche, il serait important que les premiers bénéficiaires soient les populations locales » affirme Grace Kouamé. Pour elle, il faut commencer par former la jeunesse et financer des infrastructures pour rendre les localités plus indépendantes, dans le but de créer des emplois qualifiés en transformant les matières premières.
Comme tous les secteurs économiques, il faut une exploitation contrôlée des ressources. C’est là que la législation est importante car les compagnies doivent redonner aux populations locales afin de stimuler l’économie du pays. Ce sont les reformes et la volonté politique qui pourrait pousser l’extractivisme à être un outil de développement et non une barrière, selon Eric Prosper. La population ayant conscience des dangers des multinationales sur leur vie peut encourager la consommation de produits locaux afin de stimuler l’économie locale.
Il est indiqué pendant les échanges oraux avec les intervenants que les populations doivent s’organiser. La société civile peut par exemple, interpeller sur les taxes et face aux redistributions inégales. Les organisations militantes doivent aussi avoir le courage de dénoncer, les méfaits et la corruption subit. À l’issu du dialogue avec les populations des solutions peuvent être trouvées. Car trop souvent les populations ont peur de relayer leurs inquiétudes et se résignent à se taire.
En Afrique, tout se réfère à la nature ajoute Simpore Wenpagnangdé Hamado, chaque action posée doit donc y être liée. C’est pourquoi il est alors important que des législations soient mises en place pour favoriser la responsabilité face à l’environnement.