Fondation Frantz Fanon, 31 mars 2018
Le 25 mars 2018, Moussa Tchangari, membre du bureau de la Fondation Frantz Fanon et secrétaire général d’Alternatives Espaces Citoyens, organisation membre du Conseil international du Forum social mondial, a été arrêté par les forces de sécurité pour avoir appelé, avec Ali Idrissa, coordinateur du Réseau des organisations pour la transparence et l’analyse budgétaire (ROTAB), Nouhou Arzika, président du mouvement patriotique pour une citoyenneté responsable (MPCR) et Lirwana Abdourhamane, avocat et membre du MPCR, à une journée de mobilisation appelant à l’abrogation de la loi de finances 2018, dénoncée comme antisociale et injuste. S’appliquant depuis janvier 2018, cette loi favorise l’installation des transnationales au Niger alors que les citoyens sont de plus en plus soumis à une pression fiscale qui les précarise. Le groupe de presse Labari a été perquisitionné et fermé ; depuis le tribunal a ordonné sa réouverture.
La manifestation, faisant suite à plusieurs autres qui se sont toujours déroulées dans le calme et sans aucune violence, a été interdite pour raisons de sécurité ; pourtant la Constitution du 25 novembre 2010 garantit les libertés d’association, de réunion, de cortège et de manifestation dans les conditions définies par la loi (article 32) et le même jour, le parti présidentiel, le PNDS Tareyya, tenait à Niamey son congrès.
Moussa Tchangari, Ali Idrissa, Nouhou Arzika, Lirwana Abdourhamane, bien que n’ayant pas participé à la marche, restent incarcérés et sont accusés, par le Tribunal de Grande Instance de Niamey, d’avoir organisé cette manifestation, de complicité d’acte de violence, d’agression et de destruction de biens publics. L’arrestation de membres du mouvement social et l’envoi de certains d’entre eux, dont Moussa Tchangari, dans des prisons éloignées à plus de 100 km de la capitale mais aussi dans des zones où sévit l’état d’urgence et qui ont été la cible de plusieurs attaques extrémistes, marquent une nouvelle étape de la dérive autoritaire du gouvernement nigérien, entre autres par la violation de certains droits fondamentaux et par le refus d’écouter la voix du peuple nigérien.
L’interdiction de cette manifestation montre une fois de plus que certains Etats privilégient la mise en place de politiques sécuritaires plutôt que de se conformer à leurs obligations contenues dans les dispositions de la Déclaration universelle des droits de l’Homme et dans les instruments régionaux et internationaux relatifs aux droits de l’Homme qu’ils ont ratifiés. Dès lors, ils n’hésitent pas à criminaliser les membres du mouvement social luttant pour les droits fondamentaux
Ce n’est pas la première fois que Moussa Tchangari se trouve face à des accusations qui ne reposent sur aucune preuve et est l’objet de harcèlement de la part des forces de police et de l’institution juridique. Ce harcèlement juridique ainsi que les violences policières à l’égard des manifestants montrent que le gouvernement ne cherche qu’à enterrer et à museler toute opposition à la loi de finance qui va jeter de plus en plus de citoyens nigériens dans une grande précarité.