Serigne Sarr
Le Mali est dirigé par une junte militaire depuis 2021. Elle a proposé une nouvelle constitution qui fut entérinée à 97 % par un référendum en 2023, notamment pour assurer l’éligibilité de ses membres aux élections. Alors qu’elle avait annoncé des présidentielles en février 2024 pour un retour du pouvoir civil, elle a annoncé son report au cours de l’automne dernier sans donner une nouvelle date. Depuis, elle a mis « fin, avec effet immédiat » en janvier 2024 à l’important accord de paix signé en 2015 avec les groupes indépendantistes du nord du pays, qui était considéré comme essentiel pour stabiliser la situation au pays.
Il y a trois principaux mouvements armés qui s’activent au nord du Mali : le Cadre stratégique permanent pour la défense du peuple de l’Azawad (CSP DPA), l’État islamique du Grand Sahel (EIGS) et le Jamaat Nusrat al-Islam wal Muslim (JNIM), lié à Al-Qaida. Les objectifs des groupes armés sont l’indépendance du Nord et la libération des peuples de l’Azawad. Les enjeux sont le contrôle des énormes ressources minières et hydrauliques.
L’accord de paix a été signé pour mettre fin à des années de conflit entre le gouvernement malien et les groupes rebelles, principalement dans le nord du pays. La rupture de cet accord par la junte pourrait entraîner une escalade des hostilités et une détérioration de la situation sécuritaire.
La junte militaire, qui a pris le pouvoir à la suite de coups d’État, peut manquer de légitimité aux yeux de certaines parties de la population et des acteurs internationaux. Cela peut affecter son soutien, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays.
Capacités militaires
La capacité de la junte à mener une guerre efficace dépendra de ses ressources militaires, de sa stratégie et de sa capacité à mobiliser des forces suffisantes pour faire face à des groupes rebelles souvent bien organisés et expérimentés.
Le terrain difficile du nord du Mali, qui comprend des zones désertiques et montagneuses, complique les opérations militaires. La logistique pour approvisionner et soutenir les troupes peut également poser des défis.
Réactions des rebelles
Les groupes rebelles sont motivés par des griefs historiques et des aspirations d’autonomie. Leur cohésion et leur capacité à s’unir face à une menace commune peuvent influencer l’issue du conflit. Les rebelles peuvent bénéficier de soutien local, que ce soit en termes de ressources ou de recrutement.
De plus, des acteurs régionaux ou internationaux pourraient choisir de soutenir les rebelles, ce qui compliquerait davantage la situation pour la junte.
Conséquences humanitaires et réactions internationales
Une intensification des hostilités pourrait entraîner des souffrances humaines considérables, des déplacements de population et une détérioration des conditions de vie. Cela pourrait également alimenter un cycle de violence et de ressentiment.
La communauté internationale pourrait réagir à une escalade du conflit, ce qui pourrait influencer la dynamique de la guerre. Des sanctions ou des pressions diplomatiques pourraient être exercées sur la junte.
Victoire militaire et négociations
Bien que la junte puisse gagner des batailles, une victoire militaire ne garantit pas la paix durable. Les causes profondes du conflit doivent être abordées pour éviter une reprise des hostilités.
Dans tous les cas, un retour à la table des négociations pourrait être nécessaire pour parvenir à une solution politique durable. Cela nécessiterait des concessions de la part de la junte et des rebelles.
La capacité de la junte militaire à gagner cette guerre dépendra de nombreux facteurs, y compris sa stratégie militaire, sa capacité à maintenir le soutien interne et externe, et sa gestion des conséquences humanitaires. Une approche militaire seule risque de ne pas suffire à résoudre les problèmes sous-jacents qui alimentent le conflit. Une solution durable nécessitera un dialogue inclusif et des efforts pour répondre aux préoccupations des différentes parties.