Marie-Michaelle Vadeboncoeur correspondante en stage
D’un froid digne du vortex polaire, plus de 800 personnes ont répondu à l’appel de la Coalition du Québec URGENCE Palestine pour une journée d’action au cœur du centre-ville de Montréal, le 26 janvier dernier. D’autres rassemblements se sont déroulés à la fois dans les villes de Sherbrooke et de Rimouski où les manifestants revendiquaient l’imposition de sanctionnions canadiennes face à l’État israélien et son arrestation.
Entré en vigueur le 15 janvier dernier, l’accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas permet un certain répit à « la prison à ciel ouvert » qui se meurt depuis maintenant 15 mois sous les pluies de bombardement qui n’épargnent rien sur leurs passages sauf l’écho des mères en pleure pour leurs enfants abattues. Le cessez-le-feu permet toutefois aux Gazaouis de s’accrocher à l’espoir de vivre, à la libération des otages entre les deux camps et à la libre circulation des aides humanitaires dans la bande de Gaza. Or, avec la menace planante de la machine à tuer qu’est Israël ayant à ses côtés le soutien décomplexé et assumé de Donald Trump ces victoires ne sont pas à tenir pour acquis loin de là.
Le Canada et ses mains tachées de sang
En début d’après-midi, la foule s’active et grandit, dans ses rangs se trouve des Québécois et des Québécoises qui réclament que justice soit faite pour la Palestine et qui exigent la responsabilisation du Canada face au génocide. Des représentant.es du NPD et de Québec Solidaire étaient également sur les lieux avec plusieurs des 47 groupes membres de la Coalition du Québec URGENCE Palestine. Appelant ainsi le Canada à revoir ses liens diplomatiques avec Israël, de lui imposer des sanctions sévères pour ses crimes contre l’humanité et de fermer le bureau du Québec à Tel-Aviv ouvert depuis 2024.
S’allier pour vaincre, ensemble
C’est au son de la voix de l’animateur de la manifestation, Philippe Ducros que la foule s’est tu. Près du campement de résistance des étudiants de l’Université McGill, l’heure de la révolte a sonné. Raymond Legault de la Coalition du Québec URGENCE Palestine s’est adressé à la société civile aux côtés de plusieurs groupes syndicaux tels que la FTQ et la CSN. Commençant son discours avec un vent d’espoir, l’animateur met l’emphase sur l’importance de lutter aux côtés des Palestinien.nes Celui-ci traduit cette lutte de résistance à mener par la solidarité internationale et l’autodétermination des peuples meurtris. L’animateur s’est chargé de rappeler la responsabilité commune de la société civile québécoise et canadienne « […] d’exiger aussi un véritable embargo sur tout matériel militaire, et la remise en question des relations diplomatiques et de l’accord de libre-échange Canada-Israël. Et c’est notre responsabilité d’exiger la fin des investissements dans les industries qui nourrissent le génocide et la colonisation en Palestine », martèle-t-il.
C’est avec cet appel aux sanctions du Canada face à Israël et sa responsabilisation face au génocide que Raymond Legault a rappelé notre devoir en tant que société de combattre le colonialisme sauvage et le nettoyage ethnique que vivent les Palestinien.nes « […] Il en va aussi de notre dignité et de notre humanité ! », scande-t-il.
Là où il y a de la vie, il y a une mère
« Je persiste à croire que les humains sont capables de belles choses », c’est ce que la militante Khadija Barbe a lu aux manifestants en l’honneur de la cofondatrice du mouvement social et féministe Mères au front, Anaïs Barbeau-Lavalette. Celle-ci ne pouvait pas être sur place pour livrer son discours. Ayant vécu 2 ans en Palestine, Anaïs Barbeau Lavalette témoigne un récit intime et touchant de la force et de la violence auxquelles les Palestiniens font face. La cofondatrice de Mères au front donne une voix à sa sœur Palestienne, Rima qui tenait à livrer un message aux manifestant.es, « […] Inti oumou falestiniya. Tu es une mère palestinienne. Nous sommes toutes des mères palestiniennes ». De ce cri du cœur de mère qui craint pour la vie de ses enfants, Rima revendique le cessez-le-feu immédiat, la libre circulation de l’aide humanitaire partout à Gaza sans exception, l’arrêt des exportations militaires canadiennes vers Israël et la levée du blocus dans la bande de Gaza.
La vice-présidente de la CSN, Katia Lelièvre s’est également adressée à la foule, provoquant ainsi de fortes réactions et un sentiment de collectivité. Ellen Gabriel, militante de la nation Kanien’kehá:ka pour les droits humains et environnementaux, de Kanehsatà:ke, a également offert un discours invitant les manifestant.es à s’indigner et se mettre en marche.
Place au boycottage
À mi-parcours, les manifestant.es se sont rassemblés devant la librairie Indigo au Centre-Ville de Montréal, c’est par une prise de parole indignée que Simon Van Vliet a encouragé le boycottage du commerce en raison de l’affiliation des patrons de l’entreprise à Israël. En parallèle, des manifestant.es propalestiniens d’un autre mouvement distribuaient des brochures d’informations aux clients de la librairie, encourageant ainsi le boycottage de l’entreprise. Les deux mouvements se sont même unis afin de terminer la manifestation ensemble.
La manifestation a pris fin à la place Jean-Paul Rioppelle où plusieurs autres individus ont pris la parole dont Benoit Allard du Collectif Désinvestir pour la Palestine, Bruce Katz de l’organisme de Palestiniens et Juifs Unis et Naïma Sebbah de Voix juives indépendantes.
D’un ton révolté, François Dionne de Médecins du Québec contre le génocide à Gaza a prononcé d’une force et d’une volonté que « l’accord en place ne respecte en rien les droits des Palestinien·ne·s et est imposé, par un État barbare, à un peuple qui en a assez de mourir. […] Vive la résistance et que la Palestine soit libre ».