En outre, il existe un secteur de la grande bourgeoisie et même de la finance qui réalise le caractère insoutenable du régime capitaliste de corruption, de répression, d’alliance avec le crime, de soumission à Trump. Cette couche craint une épidémie populaire et est disposée à céder un terrain politique lui permettant de continuer à faire de bonnes affaires et à monopoliser le marché intérieur mexicain. Elle a donc accepté le gouvernement d’AMLO.
Enfin, un grand magma en évolution constante, composé de différentes couches économiques, ethniques, régionales et culturelles, oscille entre, d’une part, les classes et les secteurs populaires qui ont soutenu AMLO et, d’autre part, l’oligarchie alliée des transnationaux et le capital financier.
Cette vaste petite bourgeoisie, composée de PME, de petits commerçants et d’autres propriétaires, rejoint les classes moyennes urbaines et rurales composées d’une poussière sociale qui craint la prolétarisation et a adopté les valeurs de l’oligarchie et du capital financier international. Dans cette grande soupesociale, divisée en couches et en domaines, se trouvent également les chefs et les officiers de l’armée, ainsi que les avocats et les financiers de cette troisième partie du capital financier qui vit du trafic de drogue, du trafic d’êtres humains et de la vente d’armes.
Les forces armées recrutent des soldats et des sous-officiers dans les secteurs populaires. Les fonctionnaires, bien sûr, ont tendance à pencher vers l’ordre de l’oligarchie et beaucoup d’entre eux pensent la même chose, mais il existe de petites minorités honnêtes avec un niveau culturel supérieur qui sont écoeurées par le rôle de police, de garde prétorien ou même de police des frontières de Trump. Les trafiquants de drogue ne peuvent pas vivre sans le soutien du gouvernement.
Les secteurs populaires ont voté pour transformer le Mexique. Ils tendent spontanément à l’autonomie, à l’autogestion, à la décentralisation pour répondre aux besoins territoriaux et régionaux. Les classes moyennes, par contre, ne discutent pas du cadre bourgeois ni du verticalisme étatique et n’appellent pas à des mesures de démocratisation et de modernisation. L’oligarchie ne veut rien renoncer et le secteur de la bourgeoisie qui espère continuer à tirer profit du président, ne cherche que des modifications esthétiques et est centralisateur et verticaliste, comme l’oligarchie.
AMLO a accordé à ce qu’il appelle « sa base » l’important concession pour éliminer la loi sur l’éducation. Mais il a donné beaucoup plus au secteur de la grande bourgeoisie qui le soutient avec la loi agraire réactionnaire de Monreal, en nommant des hommes d’affaires du PRI comme conseillers et en lui accordant la construction d’un système intégré d’aéroports métropolitains et, surtout, de projets ferroviaires. Ces grands projets traduisent un programme anti-autochtone, anti-paysan et anti-écologique visant à transformer le territoire en fonction des intérêts du capital financier mondial en construisant un hub de transport multimodal pour le fret entre l’Europe et la Chine, en développant la spéculation immobilière pour cultiver massivement les palmiers à huile et installer des moulins pour l’énergie éolienne n’importe où.