Gretel Morales, EL UNIVERSAL, 19 février 2020
Des militantes féministes, des utilisatrices de réseaux sociaux et des Mexicaines en général appellent à une grève nationale le 9 mars, au lendemain de la Journée internationale des luttes de femmes, commémorée le 8 mars.
Le 9 mars, les Mexicaines se proposent de ne pas se présenter au travail, de ne pas aller à l’école, de ne pas y emmener leurs filles et de ne rien acheter. Elles invitent également les hommes à agir en alliés et à appuyer les femmes cette journée-là.
Leur objectif est de rendre visible le rôle des femmes dans la société mexicaine et de poser un geste radical contre le féminicide, la misogynie et l’inégalité.
La Journée internationale des luttes de femmes est endossée par les Nations Unies depuis 1975, mais le mouvement féministe la célèbre depuis le début des années 1900. Cette date a été établie dans un effort de promotion des droits des femmes, en particulier le droit de vote.
Cette date constitue maintenant une opportunité importante de promotion des enjeux et de droits des femmes, particulièrement dans les pays émergents comme le Mexique.
Les Mexicaines souffrent depuis des décennies de féminicides et de leur impunité, depuis une série de féminicides qui ont dévasté la communauté de Ciudad Juarez dès les années 1990, et les meurtres plus récents d’Ingrid Escamilla et de la jeune Fátima Cecilia Aldrighetti.
De plus en plus de gens manifestent leur soutien à cette grève en reprenant les hashtags #ParoNacionaldeMujeres (Grève nationale des femmes), #UnDiaSinNostras (Une Journée sans nous) et #UnDiaSinMujeres (Une Journée sans femmes).
Une mob nationale
Déjà, des universités, le gouvernement mexicain et des partis politiques se sont joints à l’appel pour cette grève nationale contre la violence faite aux femmes.
Dans le cas des universités, des établissements privés et publics ont démontré leur solidarité avec le mouvement des femmes. Au nombre des établissements nationaux à s’être joints à l’appel à la grève nationale, on remarque l’Université nationale autonome du Mexique, l’Institut polytechnique national, l’Université métropolitaine nationale, l’Université de Veracruz, l’Université méritoire autonome de Puebla, l’Université autonome de Queretaro, et l’Université autonome du Yucatán.
Des hommes aussi
Par ailleurs, plusieurs représentantes du gouvernement ont aussi répondu à l’appel. Par exemple, la ministre de l’Intérieur Olga Cordero a dit sur son compte Twitter qu’elle appuyait cette manifestation : « En tant que femme et en mon nom personnel, je me joins à la Grève nationale. »
De la même façon, la mairesse de Mexico Claudia Sheinbaum a annoncé en conférence de presse que son administration était majoritarement dirigée par des femmes, qui sont dédiées à éliminer la discrimination, l’inégalité sexuelle et chacune des formes de violence à l’égard des femmes.
Pour sa part, la présidente de la Chambre basse de l’Assemblée nationale, Laura Rojas, a annoncé que la Table générale avait garanti leur salaire à toutes les travailleuses de San Lazaro pour qu’elles puissent se joindre à cette initiative féministe.
De façon identique, la présidente du Sénat mexicain, Monica Fernandez, a affirmé que son institution serait solidaire de cette initiative et que les femmes qui y travaillent auraient la possibilité d’y participer.
Néanmoins, Beatriz Gutiérrez Muller, épouse du président Andrés Manuel Lopez Obrador, a émis un message assez confus. Après s’être d’abord jointe à l’appel collectif et y avoir même manifesté son soutien sur ses comptes de réseaux sociaux, elle a plus tard affiché un message contradictoire avec le hashtag #NoAIParoNacional (Non à la grève nationale), en demandant plutôt aux femmes et aux hommes de manifester en affichant un mouchoir blanc. Cependant plusieurs États de la République mexicaine ont confirmé leur soutien au mouvement, dont ceux du Michoacán, de Veracruz, de Querétaro, du Yucatán, de l’État de Mexico, de Sonora, de Tamaulipas, de Coahulla et de Durango.