Panama - manifestatins populaires de l'automne dernier contre la minière canadienne Credit: Olmedo Carrasquilla Aguila (CNW Group/MiningWatch Canada)

Mining Watch Canada lance une pétition

Entrevue avec Vivuana Herrera, Mining Watch Canada

Des manifestations massives au Panama se sont produites à l’automne dernier contre un nouvel accord que le gouvernement a annoncé avec l’entreprise canadienne First Quantum pour permettre la poursuite des activités de son immense mine de cuivre. Située dans la zone écologiquement protégée de la forêt tropicale panaméenne Donoso, la concession a été déclarée inconstitutionnelle en 2017 par la Cour suprême de Panama.

Des coalitions d’organisations de conservation et de protection de l’environnement, ainsi que des mouvements citoyens du monde agricole, du travail, de la santé, de l’éducation, de la jeunesse et de communautés indigènes — ont manifesté pendant près de deux mois pour dénoncer la manière et les dommages environnementaux et sociaux par les opérations minières. Toute la mobilisaiton a amené la fermeture de la mine depuis ce temps, en conformité avec la décision de la Cour insitutionnelle..

Aujour’hui, le groupe MiningWatch Canada (MWC), de concert avec des réseaux citoyens de Panama, ont lancé une pétition pour que la ministre canadienne du Commerce retire son soutien à First Quantum. La campagne de MWC demande que le gouvernement canadien respecte la décision de la Cour suprême panaméenne sur l’inconstitutionnalité du contrat et la volonté de la population panaméenne qui dit que « le Panama vaut plus sans l’exploitation minière ».

Viviana Herrera @Mining Watch Canada

Nous avons rencontré Viviana Herrera, responsable de campagne à MiningWatch Canada pour qu’elle nous explique les tenants et aboutissants de la mobilisation.


JdA: D’abord merci Viviana pour cette entrevue. Pouvez-vous nous résumer les dommages que cause l’exploitation du cuivre à Panama ?

Viviana : La réponse courte serait l’impact sur la biodiversité et sur la qualité et la quantité de l’eau en raison de l’emplacement et de la contamination de la mine de cuivre. Le Panama est un pays où la biodiversité est énorme et où les précipitations sont élevées. Toute activité minière aura des conséquences majeures et graves pour le pays et la région.

Les forêts tropicales du Panama jouent un rôle essentiel dans la santé du corridor biologique méso-américain, un ensemble d’aires protégées et de points chauds de la biodiversité qui s’étendent du sud du Mexique au Panama. C’est justement sur le site de l’énorme mine de cuivre à ciel ouvert Cobre Panama de la société canadienne First Quantum Minerals, la seule mine industrielle en activité du pays.

La mine de cuivre est donc un point chaud pour la population en raison de la déforestation et de la pollution qu’elle a causées. Les communautés touchées par ce projet et les groupes environnementaux, tels que Panamá Vale más sin minería (Panama vaut plus sans mines), ont dénoncé les dommages environnementaux et sociaux, notamment les rejets d’eaux usées, la déforestation et les dommages causés aux animaux endémiques et aux récoltes.

Les organisations environnementales telles que le Centro de Incidencia Ambiental (CIAM) (Centre de défense de l’environnement) ont systématiquement documenté et dénoncé les graves manquements aux engagements environnementaux du projet et à la législation environnementale en vigueur dans le pays. Selon le CIAM, l’entreprise a enregistré plus de 200 violations des engagements environnementaux et des rapports de contamination de l’eau et du sol.

Maintenant que la mine a été fermée à la suite des manifestations historiques de décembre 2023, les communautés et les organisations s’inquiètent du plan de fermeture de la mine. Elles exigent un plan de fermeture de la mine solide et sécuritaire qui évite d’autres impacts environnementaux et sociaux dans la région.

JdA: Quel est le soutien que le gouvernement Trudeau accorde à minière canadienne devant la décision de la Cour de Panama ?

Malgré l’opposition pacifique du peuple panaméen et la violence à laquelle il a été confronté pour avoir exercé son droit constitutionnel de contestation, le gouvernement canadien a continué à soutenir la First Quantum Minerals. La ministre de la Promotion des exportations, du Commerce international et du Développement économique, Mary Ng, a été très claire à ce sujet. Elle a déclaré à plusieurs reprises dans les médias que son travail consistait à défendre les entreprises canadiennes. Lors d’une entrevue accordée à CTW5, Madame Ng a déclaré à propos de la situation de First Quantum :
« Mon travail en tant que ministre du commerce est de m’assurer … de toujours continuer à défendre une sociéte minière canadienne, qu’elle opère au Panama ou n’importe où dans le monde ».

De même, l’ambassade du Canada au Panama a largement promu le contrat minier avec First Quantum, ella a également défendu la société minière dans le cadre du discours sur l’exploitation minière durable. Le Canada est un pays qui prétend respecter les droits humains, les droits des peuples autochtones, des femmes et la démocratie. La Cour suprême panaméenne a déclaré inconstitutionnels deux contrats miniers avec l’entreprise canadienne. Il est clair que le Canada doit retirer son soutien à cette société minière.
C’est pour cette raison que nous avons lancé, avec nos alliés étasunien, Earthworks, et panaméens, une pétition demandant de soutenir la lettre ouverte à la ministre canadienne exigeant le retrait de son soutien à la minière canadienne.

JdA: La pétition se poursuit jusqu’en septembre prochain. Pourquoi un délai aussi long. Quel est le calendrier de la campagne et que se passera-t-il à ce moment ?

Oui, nous collectons d’un côté, des signatures pour la pétition auprès des résidents et des citoyens canadiens/canadiennes, et de l’autre côté, un soutien institutionnel de la part d’établissements universitaires, d’artistes et d’activistes environnementaux. L’été est à porté de main et nous savons que de nombreuses organisations partent en vacances.
Nous souhaitons également recueillir un grand nombre de signatures, ce qui nécessitera beaucoup de diffusion et de temps. L’idée est de lancer et de remettre la lettre ouverte au ministre en septembre, au début de la nouvelle session parlementaire.

JdA : Merci viviana
Viviana : Merci beaucoup pour l’espace et l’entrevue.

Pour en savoir plus: Dossier de Mining Watch Canada en français