Lina Sankari, publié dans l’Humanité, France, le mardi 9 novembre 2021, sous le titre de « En l’absence d’opposition, le dirigeant historique du Front sandiniste de libération nationale est donné vainqueur »
Le chef d’État du Nicaragua, Daniel Ortega, s’avançait, à la lumière des premiers résultats de la présidentielle et sans surprise, vers un quatrième mandat avec 75% des voix. Le ticket formé par le leader historique du Front sandiniste de libération nationale et son épouse Rosario Murillo à la vice-présidence devançait ainsi largement le candidat libéral Walter Espinoza, accusé par l’opposition, dont la majorité des représentants est en détention, d’être l’homme lige du président. Le Parti libéral constitutionnaliste nie de son côté tout pacte avec le pouvoir. Selon Daniel Ortega, les candidats arrêtés « conspiraient, ils ne voulaient pas que ces élections aient lieu car ils ont depuis longtemps vendu leur âme à l’empire » nord-américain.
Depuis plusieurs années, la rupture avec les combattants sandinistes de la première heure a favorisé les dérives autocratiques et la répression, comme en 2018, lors de la réforme de la Sécurité sociale. Le pouvoir l’estimait comme orchestrée par l’étranger pour favoriser le changement de régime.
Autre question : la distorsion entre le taux de participation annoncé par le tribunal électoral ( 65,34 % ) et celui soumis par les 1 450 observateurs de l’opposition non autorisés mais présents dans 563 bureaux ( 18,5 % ). Alors que, fin octobre, à Washington, le conseil permanent de l’Organisation des États américains consacrait son ordre du jour à la situation au Nicaragua, le président Joe Biden s’est empressé, dimanche, de qualifier les élections de « pantomime ».
Car les États-Unis ont toujours les yeux braqués sur ce qu’ils considèrent comme leur arrière-cour. La semaine précédant l’élection, le Congrès a durci les sanctions contre les responsables nicaraguayens et demandé à l’exécutif de reconsidérer la participation de Managua à l’accord de libre-échange États-Unis – République dominicaine – Amérique centrale, accentuant la pression sur le pays le plus pauvre de la région.