Renel Exentus et Ricardo Gustave, Regroupement des Haïtiens de Montréal contre l’Occupation d’Haïti (REHMONCO)
Nous dénonçons et condamnons énergiquement la décision du Rectorat de l’Université d’État d’Haïti (UEH) d’installer une force armée au sein de l’organisme en vue d’intervenir rapidement en cas de mouvement de protestation. Cette décision est une violation flagrante de l’article 34 de la constitution de 1987, définissant l’UEH comme une institution autonome et inviolable.
Comme on le sait, à l’image de la société haïtienne, l’UEH est en crise depuis plusieurs décennies. Elle nécessite des réformes structurelles profondes, négligées au profit de solutions cosmétiques et partisanes. La militarisation de l’espace universitaire est l’expression d’une volonté politique consistant à maintenir les conditions délétères de travail des enseignants (es), des membres du personnel et des étudiants (es). Il s’agit de maintenir le statu quo par la force des armes.
Soulignons aussi que l’UEH bénéficie d’un fonctionnement démocratique suivant les Dispositions Transitoires en application après la chute de la dictature en 1986. Les décisions doivent être prises à travers des assemblées de ses différentes composantes (professeurs, membres du personnel et étudiant(es)) et des assemblées mixtes. La présence d’une force militaire sous l’obédience du Rectorat empêchera toutes formes de dialogue et de concertation comme moyens pour trouver des solutions aux conflits.
Soulignons également que cette décision de militariser l’espace universitaire vient quelques mois après la fusillade de la police nationale au Collège Maranatha de Matissant, fusillade qui a fait environ une dizaine de morts. Il n’y a pas de doute qu’une telle décision va empirer encore plus la crise et peut avoir des conséquences dramatiques sur la communauté universitaire.
De ce fait, nous demandons au Rectorat de l’UEH de surseoir sur la décision de militariser l’institution et de prioriser le dialogue et la négociation entre les différents acteurs pour résoudre les conflits. Par ailleurs, nous encourageons la communauté universitaire, enseignant(es) comme étudiant(es), à lutter pour réformer en profondeur l’UEH. C’est le seul moyen d’apporter des solutions durables aux problèmes structurels du principal centre universitaire public du pays.