Extrait d’une déclaration endossée par plusieurs mouvements sociaux et organisations de solidarité internationale en France, notamment Attac-France, Solidaires Sud, la CGT, Oxfam-France, Fondation Copernic, etc. Pour le texte au complet : https://france.attac.org/IMG/pdf/le_plan_de_sortie_de_crise.pdf
Engager des annulations de dettes des pays les plus pauvres
Pour les pays à revenu faible ou intermédiaire, il est possible de dégager environ 400 milliards de dollars en annulant les remboursements pour l’année 2020. La suspension décidée en avril par le G20 est insuffisante. Elle ne concerne que la dette bilatérale de 76 des pays et ne consiste qu’en un report, et non une annulation des paiements. Les risques d’une crise de la dette demeurent donc, les impacts économiques de la crise du Covid sur ces pays étant susceptible de perdurer bien au-delà de 2020. Cependant la décision de ce moratoire par le G20 prouve qu’un accord commun sur l’annulation de la dette au niveau international est possible. Pour ce faire, la France doit pousser en ce sens et le G20 devra contraindre juridiquement les créanciers privés, détenteurs d’une part significative de la dette des pays pauvres, à respecter cette mesure pour accroître la transparence mais aussi la possibilité pour les organisations de la société civile des pays du sud de contrôler l’utilisation faite de ces sommes.
Pour un fonds d’aides internationales
En cohérence avec les plans de réponse des différentes agences des Nations Unies, la France doit fournir des financements additionnels en dons au juste niveau de son poids économique mondial. Cela signifie une aide supplémentaire d’au moins 14,5 milliards d’euros par an. De plus, compte tenu de la future crise du surendettement des pays du Sud, la France doit favoriser exclusivement les dons dans son aide publique au développement à destination de pays surendettés ou présentant un fort risque de surendettement selon le FMI. Enfin cette crise doit être l’occasion de porter définitivement et sur le long terme l’aide publique au développement française à 0,7 % de son RNB. Un objectif vieux de 50 ans nécessaire afin de renforcer les systèmes de santé des pays du Sud, réduire les inégalités entre les femmes et les hommes et d’aider à se préparer face aux crises climatiques à venir qui rendront encore plus vulnérables les populations.
La mutualisation des savoirs et des brevets pour garantir l’accès mondial à l’innovation et la coopération sur les biens médicaux
Il est primordial que la France mais aussi tous les ministres de la santé à travers le monde renouvellent les engagements pris lors de la fondation de l’Organisation mondiale de la santé, où tous les États ont convenu d’assurer « le meilleur état de santé possible en tant que droit fondamental de tout être humain ». Il faut garantir une coopération internationale en faveur de l’accès à toutes et tous aux traitements du Covid-19 en rendant obligatoire la mutualisation des savoirs et des brevets issus de la recherche contre le coronavirus, notamment en y conditionnant les subventions publiques pour faire primer l’intérêt général sur les intérêts des grands groupes pharmaceutiques. Un plan ambitieux de production et de distribution des futurs traitements et vaccins est nécessaire pour garantir l’accès universel, gratuit et juste partout dans le monde. Il faut aussi augmenter l’aide publique au développement en faveur du renforcement des systèmes de santé et du recrutement de personnels médical.
Pour la souveraineté alimentaire pour tous les peuples
La souveraineté alimentaire désigne la capacité et le droit des populations à décider de leur alimentation, et donc à déterminer le système alimentaire depuis les champs jusqu’à la table, sans nuire aux agricultures des autres. En particulier, sans politique commerciale extérieure agressive envers les pays Tiers. Elle se construit démocratiquement avec l’ensemble des acteur·rices du paysage agricole et alimentaire et avec une participation active des populations. Cela signifie notamment : l’arrêt des exportations de l’Union européenne à bas prix et de toutes les politiques de dumping alimentaire, la fin de l’accaparement des terres agricoles, le libre accès aux semences et un accès garanti et équitable au foncier agricole et le maintien de l’eau comme un bien public à répartir durablement.