Rebecca Decejour
Depuis son entrée en fonction en janvier 2017, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a présenté des idées pour réformer l’organisation mondiale. Ces suggestions visent principalement à mettre l’accent sur la prévention et le maintien de la paix, à améliorer l’efficacité et la cohérence des missions de maintien de la paix, et à avancer vers une approche intégrée de la paix et de la sécurité. Cette démarche a pour objectif de forger un système des Nations Unies pour le développement du XXIe siècle, mettant l’accent sur les aspirations humaines plutôt que sur les labyrinthes bureaucratiques, pour provoquer un impact palpable dans la vie des personnes bénéficiaires des actions de l’ONU.
En effet l’ONU créée en 1945 dans le but de promouvoir la paix et la coopération entre les nations du monde, est composée de plusieurs organes principaux, notamment l’Assemblée générale, le Conseil de sécurité, le Conseil économique et social, le Secrétariat, la Cour internationale de Justice et le Conseil de tutelle.
Pour Gustave Massiah, économiste et altermondialiste français « les Nations Unies ont joué un rôle qui n’est pas négligeable et qui n’était pas prévu dans la décolonisation.» En tant qu’avant-garde de la diplomatie mondiale, l’ONU a pour mission de travailler sans relâche pour promouvoir la paix, la sécurité et le développement à travers le monde. Une mission qui la plupart du temps est hypothéquée soit par le droit de veto de certains pays ou par la non-application des résolutions prises.
Prenons l’exemple de la résolution du conseil de sécurité pour exiger un cessez-le-feu dans le conflit entre Israël et la Palestine. Elle n’a servi à rien. Ceci montre l’impuissance de l’ONU. Selon Dominique de Villepin, un conseil de sécurité ne peut être efficace qu’à deux conditions : la première c’est qu’il soit représentatif et la deuxième est d’empêcher les sources de blocages intempestifs. Avec les défis complexes et l’accroissement des conflits armés du XXIe siècle, il est devenu impératif pour l’ONU de se réinventer et de s’adapter aux réalités changeantes du monde. C’est dans cet esprit que le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a lancé une série de réformes ambitieuses depuis le début de son mandat en janvier 2017.
Renforcer la pertinence de l’ONU
Au cœur de cette réforme se trouve la volonté de renforcer l’efficacité et la pertinence de l’ONU dans un monde en mutation rapide. Les principaux objectifs de cette réforme sont multiples, mais ils convergent tous vers une vision commune : adapter l’ONU pour mieux répondre aux besoins et aux aspirations des peuples qu’elle sert.
Premièrement, la réforme pour le développement. Des changements importants dans le système de développement des Nations Unies sont envisagés, cela impliquera la création de nouvelles équipes de pays alignées sur le plan-cadre des Nations Unies pour le développement, dirigées par une coordination impartiale et indépendante.
Deuxièmement, la réforme de la gestion qui envisage une structure organisationnelle mettant en avant les cadres et le personnel, visant à relever les défis mondiaux, maintenir son efficacité et simplifier les procédures tout en renforçant la responsabilité et la transparence.
Troisièmement, la réforme du pilier «Paix et sécurité» visant à mettre l’accent sur la prévention des conflits et la consolidation de la paix, à améliorer l’efficacité des opérations de maintien de la paix et à renforcer la liaison entre paix, sécurité, développement et droits humains pour une interaction plus cohérente.
Il est tout de même essentiel de porter un regard critique sur les défis et les enjeux qui accompagnent cette entreprise. Bien que les objectifs de la réforme soient nobles et nécessaires dans un monde en constante évolution, la mise en œuvre de ces changements rencontre plusieurs obstacles qui soulèvent des préoccupations quant à la faisabilité de cette réforme.
Aucune réforme ne peut passer sans un vote du conseil de sécurité
Pour Monique Chemillier-Gendre, juriste «Les articles 187 et 188 de la charte prévoient qu’aucune réforme ne peut passer sans un vote du conseil de sécurité avec un vote positif des cinq membres permanents d’où ma conclusion et ma radicalité : il n’y a pas de réforme substantielle…» les cinq membres permanents à savoir les États-Unis, la Chine, la Russie, la France et le Royaume-Uni.
On se rappellera de la Société des Nations créée pendant la Première Guerre mondiale dans le but de promouvoir la coopération internationale et obtenir la paix et la sécurité. Elle fut dissoute suite aux déchirements internes et remplacée par l’ONU. N’est-ce pas venu le tour de l’ONU de se voir remplacer par un autre organisme qui se servira des failles identifiées et de proposer mieux? Attendra-t-on une Troisième Guerre mondiale pour enfin prendre des décisions plus concrètes et réalistes?