Vous appréciez cet article ? Il a été écrit par un.e jeune stagiaire ou correspondant.e du Journal.
Bien que la campagne de financement du Fonds Jeunesse soit terminée, il est toujours possible d’aider la relève du journalisme engagé en cliquant sur le lien ici.
Toute contribution est appréciée !

Mégane Arseneau, correspondante

Observer, s’informer, se questionner : autant de leviers pour revitaliser notre société en crise. L’heure n’est plus à la passivité. Il nous faut collectivement conjuguer pensée critique, réflexion citoyenne et conscience sociale pour proposer des solutions qui prennent soin de la nature et de toutes les formes de vie. Mais alors, comment pouvons-nous, concrètement, faire corps avec la crise climatique?

Comprendre la crise pour mieux la transformer

Pour envisager de véritables transformations systémiques, nous devons d’abord saisir que le climat ne se répare pas sans une remise en question profonde de nos systèmes politiques et économiques. Lors de l’atelier de discussion «(Re) penser l’écosocialisme», le 31 mai dernier qui s’est tenu dans le cadre de la 5édition de La Grande Transition, cette idée a été au cœur des échanges : l’écosocialisme peut être une réponse à la hauteur du gouffre écologique actuel.

La crise écologique est avant tout une crise de perte de contrôle. La reprendre en main demandera du courage, l’acceptation de changements radicaux et la capacité à faire certains deuils — certes douloureux, mais nécessaires.

Une fracture sociale impossible à ignorer

Il est illusoire de croire que la transition écologique peut se faire en conciliant les intérêts des classes populaires et des élites économiques. Les premières sont les plus exposées aux impacts des dérèglements climatiques, tandis que les secondes parviennent trop souvent à en tirer profit : ventes d’assurances, expansion du militarisme, commercialisation de l’équipement de survie…

L’ouragan Katrina à La Nouvelle-Orléans en est un exemple frappant : les dynamiques d’exclusion et de racisme systémique ont conduit à une reconstruction gentrifiante, au détriment des classes les plus touchées par la catastrophe.

L’écosocialisme comme horizon

Face à ces constats, l’écosocialisme — basé sur une planification écologique, démocratique et sociale — apparaît comme une voie possible pour sortir de l’impasse. Non sans frictions, certes, mais avec l’espoir d’un avenir viable pour les générations futures.

La classe ouvrière, trop souvent invisibilisée sous l’étiquette floue de «classe moyenne», doit reprendre conscience de sa force. Sa force de travail est essentielle au fonctionnement du système capitaliste. Dès lors, elle peut — et doit — exprimer ses besoins qu’ils soient biologiques, sociaux ou écologiques à travers l’organisation collective et la lutte politique.

Pour une décroissance planifiée et juste

Le concept de décroissance, souvent mal compris, ne doit pas être synonyme de privation. Il ne s’agit pas d’une austérité imposée, mais d’un choix de recentrer la production sur l’essentiel, en respectant à la fois la nature et les besoins humains.

Tous les secteurs n’ont pas à décroître de la même manière ni au même rythme. D’où l’importance d’instaurer des commissions démocratiques, des lieux de consultation populaire et d’intégrer les mouvements communautaires et syndicaux à la prise de décision.

La décroissance peut prendre des formes diverses : conversion des industries, transformations des modes de production, voire même des projets de réindustrialisation écologique à échelle humaine.

Une transition juste, ou pas de transition

Pour que cette transition soit possible, elle doit être juste. Cela signifie que ce ne sera pas à la classe ouvrière de porter seule le poids des transformations. Au contraire, elle doit être actrice de ces changements, car personne ne souhaite se mobiliser pour se précariser.

La transition juste, ce lien indispensable entre l’écologique et le social, est la clé de voûte d’une transformation réussie.

De l’utopie au projet collectif

Les discussions de l’atelier l’ont montré : le chantier est immense, mais les pistes existent. La lucidité, l’éducation populaire, la solidarité et l’engagement citoyen seront les fondations nécessaires pour faire émerger une société capable d’affronter les crises du XXIe siècle.

Activité de La Grande Transition 2025

(Re) penser l’écosocialisme — Stratégies, alliances de classe & décroissance, avec René Charest et Roger Rashi, Le 31 mai 2025, UQAM