Samir Amin, infatigable combattant de l’émancipation

Samir Amin, économiste égyptien, prononce un discours au Forum social mondial (FSM) de 2004, à Bombay, le 19 janvier 2004. Plus de 100 000 personnes participent à ce forum de six jours. / AFP PHOTO / INDRANIL MUKHERJEE

Christophe Ventura, 13 août 2918

Samir Amin est décédé le 12 août 2018 à Paris, à l’âge de 86 ans. Sa disparition endeuille toutes les forces progressistes du monde.

À travers son implication dans le mouvement communiste, ce brillant intellectuel né de père égyptien et de mère française a été partie prenante de tous les combats internationalistes de la seconde moitié du 20ème siècle et de l’entame du 21ème.

Économiste, dirigeant politique, théoricien du développement inégal, du système-monde et des rapports centres/périphéries/Nord/Sud, Samir Amin a significativement contribué à nourrir toutes les recherches et tous les combats de l’émancipation.

Samir Amin avait à coeur de partager avec le plus grand nombre les leçons de plusieurs décennies d’engagements intellectuels et politiques qui l’ont conduit à jouer un rôle de premier plan dans le Mouvement des non-alignés, la vague des décolonisations, le développement de multiples réseaux internationalistes et d’affirmation du Sud, jusqu’à l’altermondialisme.

Sur le site de Mémoire des luttes, vous trouverez l’intégralité de l’entretien vidéo réalisé en 2016 avec lui autour de son ouvrage Mémoires. L’Éveil du Sud publié aux éditions Les Indes savantes en 2015. Pendant une heure, le co-fondateur du Forum mondial des alternatives (FMA) développe tous ces sujets et analyse les défis de la période actuelle pour les mouvements progressistes.

Pour trouver l’entrevue : http://www.medelu.org/Une-heure-avec-Samir-Amin-L-Eveil

Ces dernières années, cet infatigable pourfendeur des prétentions impériales des États-Unis et de leurs alliés, ainsi que de la montée en puissance de pouvoirs politiques religieux parfaitement intégrés au capitalisme financier international et au libéralisme économique n’avait de cesse de plaider en faveur d’une « mondialisation négociée ». Pour donner corps à cette ambition, l’indépendance et la souveraineté des nations et des peuples devraient constituer les principes d’un ordre international fondé sur la coopération, l’égalité et la solidarité.

Samir Amin nous laisse en héritage un patrimoine intellectuel immense et une réflexion précieuse sur les défis politiques et stratégiques qui structureront les luttes du 21ème siècle. Mémoire des luttes salue la mémoire d’un ami cher, d’un camarade et d’un homme exemplaire par la permanence de ses convictions et de ses actions en vue de la construction d’un « autre monde possible », pour reprendre le mot d’ordre des Forums sociaux mondiaux (FSM), dont il fut une figure marquante.

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