Si je dois mourir

 

Si je dois mourir

vous devez vivre

pour raconter mon histoire

pour vendre mes affaires

pour acheter un morceau de tissu

et quelques fils

(faites qu’il soit blanc avec une longue queue)

pour qu’un enfant, quelque part à Gaza, alors qu’il regarde le ciel

en attendant son père parti dans un incendie

et qui n’a pu dire adieu à personne

pas même à sa chair

pas même à lui-même

vois le cerf-volant, le cerf-volant que tu as fait en mon nom, voler

dans les cieux

et pense, pour un instant, qu’un ange est là

ramenant l’amour

Si je dois mourir

que ma mort amène l’espoir

que ma mort devienne un conte

 

Refaat Alareer, écrivain, poète, militant

et professeur à gaza

 

Refaat Alareer est mort le 7 décembre lors d’un bombardement israélien, qui a également tué son fils Mohammed, son frère Salah et sa sœur Asmaa avec ses trois enfants. Écrit le 1er novembre 2023, son poème a été traduit dans une douzaine de langues et distribué massivement sur les réseaux sociaux.