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S’organiser autrement : le pari de la coopération
Le Centre international de solidarité ouvrière a cinquante ans
Mégane Arseneau, correspondante en stage
Face à la montée des inégalités, à la concentration du pouvoir économique et à la fragilisation du monde du travail, le Centre international de solidarité ouvrière (CISO) continue de croire en la force du collectif. Depuis près d’un demi-siècle, l’organisme tisse des liens entre travailleuses et travailleurs d’ici et d’ailleurs, convaincu que la solidarité internationale demeure l’un des plus puissants leviers de transformation sociale.
Depuis près de cinquante ans, le Centre international de solidarité ouvrière (CISO) multiplie les initiatives pour sensibiliser et éduquer les populations ouvrières sur les réalités qui façonnent leurs luttes. Né dans la foulée de la Conférence internationale de solidarité ouvrière, le CISO est issu d’un vaste mouvement de convergence en réponse à la montée des multinationales et aux politiques économiques libérales. De cette rencontre fondatrice est née une organisation engagée à faire vivre la solidarité internationale au cœur du mouvement ouvrier.
Aujourd’hui encore, le CISO poursuit ce travail de longue haleine : transmettre les savoirs, favoriser les échanges et soutenir l’émergence d’idées et d’actions concrètes pour renforcer les luttes collectives, ici comme ailleurs. Cette continuité s’inscrit dans une vision profondément internationaliste, où chaque organisation devient un maillon essentiel d’une chaîne de solidarité aux quatre coins du monde.

Crédit photo: site web CISO
« S’organiser au travail en contexte hostile »
C’est dans cet esprit qu’on nous invite à assister au webinaire « S’organiser au travail en contexte hostile », une rencontre qui explore un outil encore trop peu utilisé par la classe ouvrière : l’économie sociale. Ce webinaire se veut un espace de réflexion et de partage sur la manière dont ce modèle peut devenir un levier de résistance et de transformation dans un contexte économique et politique souvent défavorable.
Pendant une heure et demie, le CISO, l’École d’innovation sociale Elizabeth-Bruyère de l’Université Saint-Paul et le Réseau COOP ont réuni des voix d’Argentine, du Mexique et du Québec pour témoigner des multiples façons dont les travailleuses et travailleurs s’organisent collectivement afin de reprendre le contrôle sur leurs conditions de travail et de vie. Ensemble, ils démontrent que même dans les environnements hostiles, la coopération demeure une voie d’émancipation.
L’économie sociale : un outil collectif au service du changement
Souvent méconnue ou cantonnée à certains secteurs, l’économie sociale regroupe un ensemble d’entreprises et d’organisations fondées sur la solidarité, la démocratie et l’ancrage communautaire. Contrairement aux modèles traditionnels centrés sur la recherche de profit individuel, elle place au cœur de son fonctionnement les besoins réels des personnes et des communautés.
Coopératives, mutuelles, associations et entreprises d’économie sociale partagent une même logique : redonner le pouvoir d’agir aux travailleuses et travailleurs en faisant de la coopération un moyen d’émancipation. Dans un contexte où les inégalités s’accentuent et où la précarisation du travail s’intensifie, ce modèle représente une voie concrète de résistance et de transformation sociale.
Les panélistes du webinaire ont illustré avec force comment l’économie sociale peut devenir un outil de survie, de dignité et d’autonomie collective, même dans les environnements les plus défavorables.

Crédit photo: Benoit Taillefer, militant syndical, membre du comité de solidarité international du CCMM-CSN à l’occasion d’un stage au Mexique (CISO)
Des exemples inspirants de résistance
Au Mexique, par exemple, une communauté ouvrière marginalisée a retrouvé pouvoir et honneur grâce à la création d’une coopérative de recyclage. Cette initiative a permis à des travailleuses et travailleurs des dépotoirs à ciel ouvert de transformer leur réalité : ils revalorisent désormais les matières résiduelles par le compostage et la réutilisation, tout en réduisant les impacts environnementaux et sociaux. Leur expertise s’est imposée au point de revendiquer une place dans le plan de développement national. Un exemple puissant de dignité reconquise par la coopération.
Au Québec, les constats diffèrent : la culture politique et la méconnaissance du modèle coopératif freinent son développement. Trop souvent perçue comme complexe ou réservée à une élite instruite, l’économie sociale peine à rejoindre les communautés plus précaires — pourtant celles qui en bénéficieraient le plus. D’où l’importance de former, d’éduquer et de vulgariser ce modèle, afin qu’il devienne un véritable outil de transformation sociale et économique.

Crédit photo: Benoit Taillefer, militant syndical, membre du comité de solidarité international du CCMM-CSN à l’occasion d’un stage au Mexique (CISO)
Refuser la résignation, bâtir la solidarité
En bref, bâtir des solidarités durables, c’est refuser l’isolement et la résignation. C’est croire que chaque geste collectif, chaque organisation, chaque coopérative peut éroder un peu plus les structures d’injustice et redonner sens au travail humain.
Le CISO, fidèle à sa mission, nous rappelle que la solidarité n’est pas un concept abstrait : elle se tisse au quotidien, dans les mains de celles et ceux qui choisissent de construire autrement. Parce qu’en s’organisant ensemble, ici comme ailleurs, on cesse d’endurer — et ainsi, on commence une réelle transformation.
Pour plus d’informations :
https://ciso.qc.ca/webinaire-sorganiser-au-travail-en-contexte-hostile/
Pour assister au lancement de la bande dessinée Déconnexion du CISO :
https://ciso.qc.ca/lancement-de-deconnexion-la-nouvelle-bd-du-ciso/

Crédit photo: site web CISO









