Nous le savions depuis ses saillies sur le non-réchauffement climatique, Donald Trump ne vit pas dans le même monde que nous; chaque jour il invente une « alternative reality » faite d’« alternative facts » et de science alternative. Voici venu maintenant le temps de l’« alternative geography ».
En une courte déclaration, le Président états-unien a dénoué le lien qui unit les Palestiniens et Jérusalem; par la même occasion, il a mis à la poubelle le droit international, plusieurs dizaines de résolutions des Nations-Unies, ainsi que la position traditionnelle de la diplomatie états-unienne sur Jérusalem. Qui peut encore oser affirmer que le résident (très provisoire, espérons-le) de la Maison Blanche n’est pas Superman ?
« Israël est la capitale d’Israël » a dit Trump, un point c’est tout. Quid de la résolution de l’ONU de 1947 qui appelle simultanément à la création d’un État Juif ET a l’internationalisation de Jérusalem (Corpus Separatum) ? Quid de la résolution 242 du Conseil de Sécurité qui considère Jérusalem-Est comme un territoire occupe? Quid des dizaines de résolutions de l’ONU qui exige le retrait israélien des territoires arabes occupés en juin 1967 et la création d’un Etat Palestinien avec Jérusalem-Est comme capitale ?
Mais Trump se considère le maitre du monde qui fait et défait des frontières, distribue des territoires à ses vassaux, nomme des capitales comme bon lui semble ? S’étonnera-t-on si demain cet homme déclare que Huston est la nouvelle capitale du Mexique ?
On pourrait considérer tout cela comme une (mauvaise) farce, si le personnage n’était pas l’homme qui a le pouvoir de décider une guerre nucléaire, contre la Corée du Nord, par exemple.
La déclaration de Trump sur Jérusalem n’est pas seulement une claque à la figure des Palestiniens, mais une provocation contre l’ensemble du monde arabe et contre plus d’un milliard de musulmans à travers le monde. Car Jérusalem, c’est aussi leur Jérusalem, la troisième ville sacrée de l’Islam, la capitale symbolique de la nation arabe moderne. Et voila qu’un dangereux aventuriste les dépossède de leur capitale pour la donner aux Israéliens.
Tout Israélien sérieux et soucieux de l’avenir de ses enfants dirait immédiatement « non merci, mister Trump, on a assez de problèmes sans ton cadeau empoisonné ». Mais précisément, notre premier ministre (très provisoire lui aussi, si l’on prend en compte les dossiers criminels qui s’accumulent sur la table du procureur israélien) n’est ni sérieux ni soucieux de notre avenir. C’est la raison pour laquelle il a été le seul dirigeant politique au monde à applaudir les propos hautement provocateurs de Donald Trump.
Cinglés de tous les pays unissez-vous… mais laissez-nous tranquille.