
Regroupement des Haïtiens de Montréal contre l’Occupation d’Haïti (REHMONCO)
Le 25 avril 2025 marque le premier anniversaire du Conseil présidentiel de transition (Cpt). Cet anniversaire arrive dans un contexte où la majorité de la population se trouve dans une situation extrêmement grave. Elle est constamment menacée de se faire massacrer par des hordes de gangs criminels à la solde de certaines factions de la bourgeoisie, de secteurs politiques et mafieux.
Bien qu’il ne soit pas étonnant que le Cpt fasse preuve d’impuissance, on ne s’attendait pas tout de même que le pouvoir, y compris le gouvernement d’Alix Fils-Aimé, concède des territoires aux bandits lourdement armés au point que la relocalisation des bureaux publics devient l’unique agenda gouvernemental.
Tous les ministères et les directions allouent une part importante de leur budget au déplacement de leurs services. Sous le gouvernement d’Ariel, il était question d’assumer la réalité de territoires perdus. La ministre de la Justice d’alors, Madame Emmelie Prophete, ne se gênait pas de reconnaitre le désintérêt des pouvoirs publics à rétablir l’ordre dans les quartiers de Martissant, Cité-Soleil, Bel Air, etc.
Aujourd’hui, ce n’est pas seulement des quartiers qui sont livrés aux gangs, mais également des départements entiers. La dernière cession à cette date est le département de Plateau central où se trouve la ville de Mirebalais. Les malfrats sont entrés dans la ville le 31 mars comme s’il n’existait aucun commissariat, aucune protection policière. Personne dit que la police a le sens de l’évacuation!
Pourtant, il n’y a pas si longtemps, Fritz Jean, l’actuel président du Cpt, déclara sur toutes les tribunes la guerre aux gangs!
Par ailleurs, il est tentant de croire que les forces policières et militaires seraient trop faibles pour tenir en respect des centaines de jeunes affamés, torses nus et armés d’armes automatiques, qui massacrent et pillent des quartiers de l’aire métropolitaine de Port-au-Prince, de l’Artibonite et du Plateau central.
Détrompez-vous!
Elles sont assez fortes pour mitrailler des milliers de personnes qui manifestent et osent réclamer le rétablissement de la sécurité publique au cours des mois de février et de mars. Ces forces policières ont fait preuve d’une capacité hors pair lorsqu’il s’agit de blesser à balles réelles plus d’une dizaine de manifestant.es et de tuer le jeune manifestant Élibert Idovic le 19 mars 2025.
Face à ces millions de personnes déplacées qui dénoncent le mépris et l’indifférence criminels du pouvoir, il fallait montrer les muscles de la puissance publique pour maintenir le statu quo.
Le CPT a peur de la mobilisation de ces millions de victimes de l’insécurité qui descendent dans les rues et occupent les places publiques. Il ne souhaite pas voir les classes populaires reprendre confiance en elles-mêmes pour exiger la sécurité, l’arrestation des hordes de gangs criminels et leurs commanditaires.
Alors que les cadavres s’amoncellent dans les coins et recoins des principales villes du pays, l’État fait preuve d’une indifférence complice.
Pourtant, le 16 avril 2025, l’annonce d’une nième manifestation contre l’insécurité programmée a créé la panique au sein du gouvernement. Le pouvoir a mobilisé des fonds, des ressources militaires et policières pour ériger des barrages dans les différentes artères de la ville de manière à empêcher le déroulement de la mobilisation.
De surcroit, le CPT a publié un communiqué pour menacer de coups et blessures toute initiative de mobilisation qui mettrait en cause «l’ordre public».
Fort de ce constat, il est indéniable, pour nous, que ce gouvernement collégial est l’œuvre d’une alliance de classe. Une partie du monde des affaires, certaines organisations de la société civile, des partis politiques dits de gauche et de droite s’entendent sur un agenda antipopulaire pour maintenir le statu quo.
Le bilan négatif du CPT après un an au pouvoir témoigne non seulement de son impuissance, mais aussi permet aux classes populaires de voir une fois de plus qu’aucun agenda bourgeois ne peut résoudre la crise sécuritaire et humanitaire.
Le renversement de cet État bourgeois, institué par l’oligarchie et l’impérialisme, constitue l’unique moyen pour mettre hors d’état de nuire les hordes de gangs criminels et construire un État axé sur la défense des intérêts de la majorité de la population.
Pour authentification, Renel Exentus et Frank. W. Joseph, Montréal, le 29 avril 2025