Une gauche unie pour s’opposer à l’extrême droite

Crédits : JDA PA

L’évènement «No War, But Class War» organisée à l’Université de Long Island NY a regroupé une centaine de conférences sur des thèmes très variés. Un des sujets prédominants était Comment expliquer la montée en puissance de l’extrême droite américaine depuis ces dernières années? C’est à partir de cette question que Dominic Wetzel, Alexander Scott, Adam Goeber et Nicodemus Nicoludis ont articulé leur conférence «Populism and the far-right in the U.S», sur laquelle s’appuie cet article.

La montée de l’extrême droite en occident et aux États-Unis

Au cours des dernières années, une vague de mouvements d’extrême droite a émergé dans les pays occidentaux. Aux États-Unis, c’est notamment avec Donald Trump qu’elle a pris une plus grande ampleur, perturbant l’équilibre politique traditionnel et suscitant des préoccupations quant à l’avenir des démocraties libérales.

L’extrême droite travaille souvent pour la réduction des libertés (LGBTQ+, avortement, aides sociales, immigration, etc.), on peut se demander pour quelles raisons ce mouvement est devenu si populaire. Il n’est pas possible d’attribuer cette montée en puissance à une cause unique. Elle est le résultat d’une multitude de facteurs complexes et interconnectés, qu’afin de simplifier, les conférenciers ont décidé de regrouper sous l’expression «ligne directrice». 

L’extrême droite aurait une ligne directrice claire et rigide, comparée à la gauche qui apparait comme éparpillée et divisée entre une multitude d’enjeux comme les enjeux de genre et de la diversité., les luttes écologiques, ou encore le féminisme. 

Le populisme moderne, une ligne directrice

La ligne directrice correspond à un mode d’emploi destiné à indiquer aux personnes la meilleure manière de vivre leurs vies. Elle est conçue pour fournir un cadre de référence standardisé, permettant ainsi d’assurer une certaine uniformité et conformité. Pour l’extrême droite, en particulier aux États-Unis, cette ligne directrice se matérialise dans le populisme moderne. 

Ce courant, incarné par Donald Trump aux États-Unis, obtient un soutien important en simplifiant les raisons des crises et en discutant en termes de politique d’urgence, tout en offrant une réponse à court terme de ces enjeux. Ils prétendent représenter les intérêts d’une minorité silencieuse qui serait submergée par la majorité tyrannique, associée à la gauche progressiste, dite «woke» et à l’élite gouvernante. Ce discours populiste de droite s’appuie sur les émotions et est généralement basé sur une volonté de retourner aux valeurs antérieures conservatrices et orthodoxes, par exemple la famille nucléaire chrétienne comme objectif ultime d’une vie. 

En résumé, la ligne directrice proposée par le populisme de droite sert de guide simplifié pour régler des problèmes qui seraient la cause de tous les vices de nos sociétés actuelles. Un peu comme les chrétiens prêchent la bonne parole pour sauver notre âme, ces personnes pensent être des «héros» qui offrent la solution miracle pour résoudre la décadence du monde.

À l’inverse de l’extrême droite, la gauche progressiste favorise les modes de vie plus alternatifs, avec une remise en question constante des normes traditionnelles. L’incessante évolution et la multitude d’enjeux rendent difficile la mise en place d’une ligne directrice unique et claire. La gauche est divisée entre plusieurs mouvements tels que le féminisme, l’écologie, etc., alors que l’extrême droite est plus ou moins unie sous l’enjeu des «intérêts nationaux». Comme on a pu le constater aux élections européennes avec l’élection de Jordan Bardella, député français d’extrême droite et tête de liste du Raseemblement national (RN).

L’enjeu de l’immigration et la droite latino-américaine

Une différence majeure entre les deux pôles politiques est bien évidemment l’enjeu de l’immigration. Aux États-Unis, l’extrême droite est ouvertement anti-immigration, surtout venant d’Amérique latine. Les groupes suprématistes blancs sont aussi associés à l’extrême droite. 

Par ailleurs, à l’inverse de ce que l’on pourrait croire, il existe une droite multiethnique, avec une grande communauté de latinos. La raison en est que ces latinos et l’extrême droite partagent une vision traditionnelle de la vie, particulièrement au niveau religieux. De plus, la droite offre une explication simplifiée sur les raisons de leurs situations souvent précaires, en la justifiant par un manque de travail et par un problème dans les institutions d’aujourd’hui. Ce faisant, ils vendent l’idée qu’avec davantage d’efforts et une modification du système, possible seulement par la droite, ces personnes auraient accès au succès, comme le veut le rêve américain.

Les conférenciers expliquent qu’il est plus facile de nier sa condition, plutôt que de reconnaître sa position en tant que minorité marginalisée et discriminée. C’est la même mécanique que l’on retrouve dans les groupes masculinistes, avec un gourou qui vend un programme psychorigide qui offre la solution à tout problème. 

Quelle solution pour la gauche?

Pour que la gauche puisse reconquérir le cœur de la population, les conférenciers défendent qu’il est nécessaire de développer une ligne directrice plus claire. Pour ce faire, il est important que les différents courants sociaux de la gauche s’allient et trouvent un accord sur les objectifs prioritaires. Au lieu de voir toujours plus loin, il faut que la gauche développe une stratégie pour atteindre certains de ces objectifs sur le court terme, afin de montrer qu’un changement est en cours.

Enfin, tout comme le populisme le fait, il est important de développer l’image et l’attractivité du parti. Les partis de gauche en France l’ont bien compris, c’est pour cela qu’ils se sont unis en un parti (le nouveau Front populaire), pour contrer la notoriété de l’extrême droite.