L’appui du Canada envers Israël est constant et profondément marqué. Du « plan de partage » déclaré par l’ONU en 1947, qui octroi officiellement 55% du territoire palestinien à Israël, à aujourd’hui, le Canada s’est toujours montré en faveur de la colonisation et du sionisme.
Le 23 avril dernier a eu lieu la quatrième soirée d’une série de cinq événements organisés par la coalition du Québec URGENCE Palestine à l’UQAM sur la politique canadienne d’appui au projet sioniste. Cette conférence a démontré l’implication importante et méconnue des politiques canadiennes en faveur du sionisme et de la colonisation de la Palestine. Animée par Diane Lamoureux, elle a donné la parole à Rachad Antonius, professeur titulaire retraité de sociologie à l’UQAM et auteur de La conquête de la Palestine et Yves Engler, auteur et journaliste, critique de la politique étrangère canadienne. Il est notamment l’auteur de Canada and Israel: Building Apartheid.
Une histoire de colonisation profondément ancrée
Rachad Antonius fait ressortir trois mouvements qui expliquent la situation actuelle.
De 1917 à 1947, c’est la préparation de la conquête. La Grande Bretagne est responsable du territoire et soutient l’établissement d’un « foyer national juif » en Palestine. L’immigration juive est croissante, soutenue par le mouvement sioniste européen et encouragée par les autorités coloniales, provoquant une dépossession progressive des terres palestiniennes et une résistance de plus en plus forte des populations arabes locales. Les tensions culminent en révoltes palestiniennes violemment réprimées, jusqu’à ce que, la Grande-Bretagne remette sa responsabilité à l’ONU, menant au plan de partage de 1947.
Après la Seconde Guerre mondiale, l’ONU propose un plan de partage qui prévoit la création de deux États, l’un juif et l’autre arabe, attribuant 55 % du territoire à la minorité juive. Déjà à ce moment, le diplomate canadien, le futur premier ministre Pearson affirme son appui au sionisme. Il a fortement contribué à l’adoption du plan de partage, qu’il considérait comme une opportunité d’ancrer un «avant-poste de l’Ouest au Moyen-Orient». Son objectif était de diviser les alliances entre Arabes et Soviétiques. Il s’est inspiré d’un racisme profondément ancré de la population arabe palestinienne en ligne avec les attitudes judéo-chrétiennes à l’égard de la terre sainte, ainsi que des préjugés coloniaux et «orientalistes».
Conquête par la guerre et l’occupation
De 1947 à 1993, c’est la conquête par la guerre et l’occupation. Alors que l’ONU signe en 1960 la déclaration qui condamne la colonisation et soutient le droit des peuples colonisés à l’autodétermination, Israël continue d’expulser violemment le peuple palestinien de ses terres pour gagner plus de territoire. Ce qui mène peu à peu à l’occupation de 78 % du territoire contre 22 % attribué aux Palestinien.nes.
Bien que le Canada soutienne en théorie cette déclaration de l’ONU et la quatrième convention de Genève, il déclare être en faveur d’une solution «négociée» fondée sur la coexistence de deux États, Israël et la Palestine, vivant côte à côte.
Aujourd’hui, la position du Canada n’a pas changé
De 1993 à 2023, on entre dans des fausses excuses de paix. Les termes officiels changent suite aux déclarations de l’ONU et à la Quatrième Convention de Genève, mais la colonisation gagne du terrain et Israël escalade la violence menant au génocide actuel.
Alors que le droit international condamne la colonisation, les pays occidentaux ne peuvent pas défier ouvertement ces principes, ils continuent de soutenir Israël sous d’autres prétextes.
La position canadienne officielle met l’accent sur la nécessité de préserver un «processus de paix» et d’éviter toute perturbation, préférant un règlement négocié plutôt que des mesures qui condamnent Israël.
Le Canada subventionne Israël avec des centaines d’organisations et de fondations diverses et variées. Sur le plan militaire, bien que la loi canadienne interdit l’envoi d’armes à un pays qui viole les droits humains, le Canada continue les transferts d’armes vers Israël.
D’après Amnesty International, entre le 7 octobre et le 6 décembre 2023, des documents d’Affaires mondiales Canada révèlent que des exportations de près de 30 millions de dollars de matériel militaire ont été autorisées. Ces exportations s’ajoutent à plus de 140 millions de dollars de biens militaires transférés à Israël au cours de la dernière décennie. Le gouvernement a affirmé que les licences délivrées concernaient uniquement du matériel non létal, mais des spécialistes soulignent que ces composants peuvent être intégrés dans des systèmes d’armement utilisés dans des opérations militaires.
Même si les termes actuels changent et que les politiques canadiennes se prononcent publiquement en faveur de la Palestine aujourd’hui, les actions ne suivent pas et ne montrent pas de réel soutien.
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