Échec à la guerre, 21 mars 2019
Considérant l’importance vitale de respecter le droit international et le principe de non-agression promus par les Nations Unies, il nous apparaît impératif d’exprimer notre vive inquiétude quant à l’implication du Canada dans la crise politique et humanitaire qui sévit présentement au Venezuela. Nous déplorons particulièrement que le Canada participe, de concert avec le Groupe de Lima, à l’orchestration d’un changement de régime dans ce pays.
Nous sommes conscients que les facteurs ayant conduit à la crise actuelle sont à la fois internes et externes. À l’interne, chacune des parties concernées porte une part de responsabilité à l’égard de l’importante dégradation de la légitimité politique au Venezuela. Quant aux acteurs externes (incluant le gouvernement canadien), leurs interventions ont grandement exacerbé la polarisation politique et empiré la crise économique et humanitaire actuelle. À cet égard, leurs sanctions économiques draconiennes sont inacceptables.
Nous condamnons particulièrement les menaces répétées, proférées par les États-Unis, d’avoir recours à une intervention militaire afin d’imposer un changement de régime au pays. Une opération de ce type représenterait non seulement une violation flagrante du droit international et des principes des Nations Unies, mais elle augmenterait aussi sans doute considérablement les souffrances qu’endure déjà le peuple vénézuélien. Les interventions militaires visant un changement de régime ont fait leurs preuves de façon désastreuse : elles sèment la discorde politique, la mort et la destruction à grande échelle et, trop souvent, aboutissent à l’instauration d’un régime autoritaire brutal.
Bien que le Groupe de Lima ait exprimé son refus d’une intervention militaire externe, cette opposition est remise en cause par le fait que l’organisation maintient une collaboration très étroite avec les États-Unis. À ceci s’ajoutent les mises en garde que le groupe a récemment adressées aux membres de l’armée vénézuélienne, exigeant qu’ils mettent fin à leur allégeance au gouvernement Maduro, sous peine de punitions sévères. Dans les faits, le Groupe de Lima fait la promotion d’un coup d’État militaire, se rendant ainsi complice d’une opération qui exposerait le pays à une escalade de violence désastreuse, voire à une guerre civile.
Considérant ces circonstances, nous exigeons que le Gouvernement du Canada renonce à sa politique actuelle et adopte une politique basée sur les quatre éléments suivants :
- Une opposition ferme à toute intervention externe partisane dans la politique intérieure vénézuélienne (le terme « partisane » référant à un soutien explicite, a priori, de l’une ou l’autre des parties en conflit).
- La fin immédiate de toutes les sanctions économiques, qui équivalent clairement à une agression externe en vertu du droit international et qui imposent des souffrances indicibles au peuple vénézuélien.
- Le rétablissement de l’accès du Venezuela aux marchés mondiaux du commerce et de la finance, et l’acheminement de secours internationaux d’urgence par l’ONU – et d’autres voies impartiales – en vue d’atténuer la crise humanitaire en cours.
- Un soutien actif de tous les efforts impartiaux visant à promouvoir le dialogue, la médiation et les négociations, tel que le Mécanisme de Montevideo proposé par le Mexique, l’Uruguay et la CARICOM. Le but recherché devrait être d’aider les Vénézuélienne·s à atteindre un consensus politique. Ultimement, il s’agit d’aboutir à un processus démocratique constructif, contribuant à une vision positive du pays, qui recevrait l’appui de la majeure partie de la population.
POUR ENDOSSER/SIGNER LA DÉCLARATION, vous pouvez envoyer un courriel à info@echecalaguerre.org en indiquant clairement que vous endossez la déclaration et en fournissant votre prénom et votre nom (si vous signez en tant qu’individu.e) ou le nom de votre organisme (si vous endossez en tant qu’organisme).