Robin Bonneau-Patry – Correspondant à Buenos Aires

La sixième Rencontre écosocialiste internationale et la toute première Rencontre écosocialiste d’Amérique latine et des Caraïbes a eu lieu du 9 au 11 mai dernier à Buenos Aires. Cet événement a réuni environ 300 personnes d’une quinzaine de pays pour discuter des stratégies de résistance contre le capitalisme et pour explorer des alternatives nécessaires et urgentes à ce système. Il a été unanimement reconnu qu’un fort mouvement écosocialiste international est la clé pour répondre aux crises écologiques et sociales actuelles.

La rencontre a mis en évidence l’urgence d’agir face aux limites planétaires et à la menace que représente le modèle actuel de production et de consommation. Les participant.es ont souligné l’importance de construire un monde fondé sur la justice climatique, environnementale et sociale. Ces dernier.ères ont discuté des diverses luttes menées par différents groupes dans le monde entier, cherchant à transformer radicalement le système actuel. Les discussions ont mis en avant la résistance contre l’accumulation de capital et les privilèges d’une minorité qui détruit les biens communs.

De plus, l’événement a insisté sur le besoin urgent de dépasser la simple survie en tant qu’espèce. Les participant.es ont exprimé leur engagement à construire une alternative au capitalisme actuel, qu’il soit néolibéral, colonial, extractiviste, raciste ou patriarcal. Dans cette perspective, l’écosocialisme se présente comme la voie privilégiée, éloigné des formes d’exploitation dominantes.

Plaidoyer pour un vaste mouvement international écosocialiste 

Le panel de clôture, intitulé «Vers un grand mouvement écosocialiste international», a marqué un moment fort de la rencontre. Modéré par Juan Tortosa (Solidarités Suisse), il a réuni des figures clés telles que Germán Bernasconi (Poder Popular Argentine), Sébastien Brulez (Gauche anticapitaliste de Belgique), Felipe Gutiérrez Ríos (Observatorio Petrolero Sur argentin) et Vanessa Dourado d’ATTAC Argentine.

Le débat s’est ouvert sur l’importance de replacer les luttes écologiques dans une perspective historique et culturelle, en se connectant à la nature de manière profonde. Par exemple, les limitations du progressisme actuel ont été soulignées, avec un accent mis sur l’agroécologie comme solution viable pour nourrir à la fois les familles individuelles et la population dans son ensemble. En effet, cette approche de l’agriculture permet de produire la nourriture de manière durable en harmonie avec les écosystèmes naturels, tout en soutenant les communautés locales et en réduisant la dépendance aux intrants chimiques.

Les discussions ont également reconnu la diversité des visions du socialisme moderne parmi les participant.es, mais ont affirmé un consensus anticapitaliste fort. D’après Vanesa Dourado (ATTAC Argentine), cette diversité de perspectives doit être considérée comme un enrichissement pour le mouvement, tout en mettant également en lumière l’importance des luttes territoriales en tant que bastions essentiels de résistance.

La nécessité d’une réinvention de l’espoir face à la cooptation des agendas capitalistes par des partis supposément de gauche — notamment le PS européen — a été un point crucial du débat. Les participant.es ont insisté sur l’importance d’un mouvement de masse pour un véritable changement systémique, soulignant que ce changement ne peut être atteint que par une mobilisation collective large et inclusive. Cet appel nous encourage à poursuivre le travail que nous faisons au Journal des Alternatives, notamment sur l’importance de l’internationalisme comme fondement essentiel pour la réalisation de changements durables, y compris dans la perspective d’une action politique électorale.

En conclusion, les participant.es ont exprimé leur détermination à renforcer leurs organisations et à poursuivre la lutte contre le capitalisme sur tous les continents. L’idée de continuer à grandir et à se préparer pour les futures batailles a été mise en avant, avec l’engagement de se réunir à nouveau pour lutter où que ce soit, sur n’importe quel continent. Ainsi, la concertation des luttes écosocialistes entend se poursuivre avec la 2e Rencontre écosocialiste d’Amérique Latine et des Caraïbes à l’occasion de la 30 COP, qui se tiendra à Belém, au Brésil, l’année prochaine.