Barcelone sur la brèche

Le lundi 4 décembre prochain, nous vous confions à une rencontre sur la situation à Barcelone et en Catalogne de 19 h à 21 h au Photo Café à Montréal, 2101 rue Rachel (coin de Lorimier). La rencontre a pour but de comprendre davantage la crise politique actuelle, discuter les perspectives qui se présentent aux mouvements de gauche dans ce contexte et voir ce qui peut être fait au Québec pour relancer la solidarité.

La discussion sera lancée par Anna Gabriel et Mirea Vehí (élues de la CUP au Parlement catalan), avec la participation d’Alain Ambrosi, chercheur québécois établi à Barcelone, et animée par André Frappier, récemment en Catalogne à titre de représentant de Québec solidaire. Toutes et tous, vous êtes invité-es à partager opinions et perspectives.

La ville « laboratoire »

Depuis maintenant deux ans, Barcelone, la grande métropole de la Catalogne, est un immense laboratoire social et politique, traduisant l’émergence d’un pouvoir citoyen, autour d’une alliance politique arc-en-ciel et d’un vaste réseau d’organisations populaires. Ce « municipalisme » de gauche, selon l’expression de Jonathan Durand-Folco, a ouvert de nouvelles réflexions sur l’émancipation qui ont suscité intérêt et solidarité. Aujourd’hui, cette ville, au centre de la lutte pour l’innovation et la démocratisation, est mise à mal par la crise actuelle.

La crise

Les événements se sont précipités cet automne en Catalogne avec le référendum sur l’indépendance que le gouvernement espagnol a tenté de bloquer, ce qui s’est aggravé avec la mise en tutelle et l’arrestation de plusieurs responsables catalans. Le face-à-face continue aujourd’hui en prévision d’une élection prévue en décembre, pensée par Madrid pour infliger une défaite stratégique au processus d’autodétermination. Le gouvernement espagnol autrement bénéficie de l’appui des principaux circuits du capitalisme globalisé et de l’impérialisme (de l’Union européenne aux États-Unis en passant par le Canada).

À la recherche d’une stratégie

Depuis les grandes mobilisations populaires des Indignados (2011), la création de PODEMOS, il y a eu l’amorce de la construction d’un nouveau bloc hégémonique. En 2015, ce surgissement a rebondi lors des élections municipales avec l’élection de coalitions de gauche, notamment à Barcelone, où a été élue Ada Colau (elle préside une coalition locale, Barcelona en comú). Depuis, la Generalitat, le parlement catalan, dominé par des partis prônant l’indépendance, est malmené par le gouvernement espagnol où la droite (Parti populaire), alliée aux socialistes (PSOE), reprend du poil de la bête, en se présentant comme le « sauveur » de l’Espagne.

Face à cette situation, les mouvements progressistes sont hésitants. PODEMOS dénonce l’agression et la négation du droit à l’autodétermination, tout en estimant que le projet d’indépendance est potentiellement dangereux pour les classes populaires. Des indépendantistes-socialistes, la CUP, estiment que la crise politique actuelle exige une rupture avec l’État espagnol. Parallèlement, Ada Colau veut constituer un grand front politique pour les droits démocratiques, y compris le droit à l’autodétermination, mais sans appuyer l’idée d’indépendance. C’est une situation compliquée !

Et nous ?

Plusieurs liens avec la CUP, PODEMOS, Barcelona en comú, ont été développés au Québec par des mouvements populaires (syndicaux, municipaux, écologistes, etc.) et des partis politiques (Québec Solidaire, Projet Montréal, PQ). La question nous concerne, d’une part à cause du projet de transformation sociale exprimé par les camarades espagnols et catalans ; d’autre part devant la négation brutale du droit à l’autodétermination, ce qui évidemment nous interpelle au Québec.

Quelques questions pour la discussion

  • Quelles sont les stratégies des progressistes devant la crise actuelle ? Est-il possible de coaliser les gauches pour apporter une réponse adéquate, tenant compte des élections qui s’en viennent ?
  • Qu’est-ce qui est fait pour préserver les acquis des mouvements populaires et maintenir le processus de mobilisation à Barcelone ?
  • Est-il possible d’éviter un durcissement de la droite ? Qu’est-ce qui est possible pour reconstruire la solidarité entre les mouvements populaires et progressistes catalans et espagnols ?
  • Qu’est-ce qui peut être fait en termes de solidarité au Québec ?

Les acteurs politiques

  • La Candidature d’unité populaire (CUP) (en catalan : Candidatura d’Unitat Popular), était à l’origine un réseau de maires et de conseillers municipaux; il représente un courant de gauche explicitement indépendantiste et socialiste catalan. Aux élections de 2015, dix candidats de la CUP ont été élus (8,21 % des suffrages exprimés).
  • La coalition qui domine le parlement catalan (Junts pel Sí) inclut un parti de centre droit (Parti démocrate européen catalan ou PDeCAT) dont le chef est le premier ministre, Carles Puigdemont, ainsi que le parti de centre gauche, Gauche républicaine de CatalogneERC. La CUP, sans faire partie du gouvernement, permet à cette coalition de gouverner.
  • PODEMOS (PODEM en catalan) a reçu lors des dernières élections espagnoles (2016) l’appui du plus grand nombre d’électeurs en Catalogne (24,5 % des votes).
  • Ada Colau et Barcelona en comú dominent la métropole catalane depuis 2015. Ada Colau s’est fait connaître pour la défense des expulsé-es de leurs logements et contre la participation de l’Espagne aux guerres au Moyen-Orient.
  • Le Parti socialiste ouvrier espagnol (Partido Socialista Obrero Español – PSOE) a dominé la scène politique pendant les années 1980-90. Il s’est étiolé à la suite de ses politiques néolibérales et de nombreuses affaires de corruption. Il est le deuxième parti en Espagne avec quelques pourcentages de plus que PODEMOS.
  • Le Parti populaire, présidé par le président espagnol Mariano Rajoy, est l’héritier du franquisme et le parti représentant les élites économiques contemporaines.

 

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