Haití : une marée humaine exige la démission du président

 

Le Nouvelliste,2019-10-04

L’opposition ne décolère pas. Elle continue de maintenir la pression pour contraindre le président Jovenel Moïse à la démission. A l’appel des organisations politiques et sociales signataires de l’Alternative consensuelle pour la refondation de l’Etat, une foule immense a défilé sur la route de l’aéroport ce vendredi en direction de la base logistique des Nations unies à Clercine (commune de Tabarre). Les manifestants voulaient ainsi demander aux ambassades étrangères et à l’ONU, réunies au sein du Core group, de retirer leur soutien politique au président Moïse.

Nenèl Cassy, Sorel Jacinthe, Evalière Beauplan, Joseph Manès Louis, Simon Desras Dieuseul, Ricard Pierre, Volcy Assad, Ralph Youri Chevry ou Rony Colin ont été remarqués à la manifestation ce vendredi. Pour le sénateur de la Grand’Anse, Sorel Jacinthe, la manifestation exprime la position de la majorité par rapport au dialogue proposé par le Core group. « La communauté internationale voulait avoir l’opinion de la classe politique sur le destin de Jovenel Moïse. Ce vendredi elle saura la position de la population haïtienne. Cette dernière veut le départ du président. Nous allons continuer à maintenir la pression sur Jovenel Moïse, sur l’ONU, sur le Core group. Nous serons prêts à négocier seulement après la démission de Jovenel Moïse », a indiqué le sénateur de la Grand’Anse.

Sorel Jacinthe a qualifié la sortie surprise du président à Pétion-Ville de scénario inattendu. « Il a monté un scénario avec ses partisans. Il ne peut prendre part à aucune cérémonie d’inauguration, il ne peut visiter aucune institution ou marcher dans aucune rue, même en étant accompagné de ses agents de sécurité. Il est décrié », estime Sorel Jacinthe.

Le député d’Aquin, Jean Robert Bossé, l’un des opposants de la première heure à Jovenel Moïse, a été également remarqué à la marche. Selon lui, la manifestation de ce vendredi doit être la dernière avant la démission du locataire du Palais national. « Pour moi, c’est la dernière journée. J’ai été absent sur le macadam pendant un certain temps parce que je faisais un travail au Parlement. Si cette journée échoue, ce sera une catastrophe pour nous tous qui aspirent à un changement dans le pays », a-t-il fait savoir.

Les premiers affrontements dans le cadre de cette manif ont eu lieu entre agents du CIMO et manifestants à l’entrée de l’intersection donnant sur l’aéroport international Toussaint Louverture. Des manifestants ont lancé des pierres, des tessons de bouteilles et au moins deux cocktails molotov en direction des forces de l’ordre. Ces derniers ont répliqué avec des canons à eau et des bonbonnes de gaz lacrymogène.

La police a encore fait usage de gaz lacrymogène et de projectiles en caoutchouc pour tenter de disperser la foule au niveau de Carrefour Rita. Les forces de l’ordre ont voulu ainsi repousser la foule qui tenait à investir les parages du « Log base », où est logé un bureau des Nations unies. C’était sans compter sur la détermination et la persévérance des manifestants. Ils ont quand même réussi à forcer le passage et investir ce secteur. Dans une ambiance survoltée, les manifestants ont lancé des slogans contre les Nations unies et demandé à toute la communauté internationale d’arrêter de s’ingérer dans les affaires internes du pays et de lâcher le président Jovenel Moïse.

Quelques temps auparavant, des leaders de l’opposition ont remis une lettre à destination du secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres. Après avoir fait un état des lieux, les signataires de la lettre demande au secrétaire général de l’ONU de se désolidariser de Jovenel Moïse. Ce, disent-ils, « en apportant votre appui au peuple haïtien qui ne jure que par la démission du président, l’organisation de la conférence nationale, la réalisation du procès PetroCaribe et celui des massacres de La Saline, de Carrefour-Feuilles et de Tokyo ». La lettre porte la signature de plusieurs parlementaires, notamment Youri Latortue, Evalière Beauplan ou Jean Robert Bossé, d’ex-parlementaires comme Dieuseul Simon Desras et Yvon Feuillé, de maires en fonction tels que Rony Colin ou Youri Chevry.

Au moins deux journalistes ont été agressés par les forces de l’ordre au niveau de Clercine. Il s’agit de Matiado Vilmé, correspondante de la Voix de l’Amérique et François Frantz qui travaille pour une agence en ligne. D’autres journalistes ont été intimidés par des manifestants qui estiment qu’ils travaillent pour des médias « proches du pouvoir ». Après avoir forcé le passage devant le Log base, les manifestants ont poursuivi leurs routes en direction de Pétion-Ville. Des barricades ont été remarqués dans plusieurs endroits de la zone métropolitaine. Des manifestations ont été également rapportées aux Gonaïves, au Cap-Haïtien, à Miragoâne et également aux Cayes.

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