Crise économique et Covid-19 : le règne de l’incertitude

Paula Bach, Révolution permanente, 28 mars 2020

 

Les faits se succèdent et s’enchainent à une vitesse folle. Il en résulte une grande difficulté à « mettre en ordre » la réalité, qui comme toujours mais parfois plus que d’autres se présente de manière chaotique. Pour tenter d’y voir plus clair, Paula Bach, économiste et membre du PTS en Argentine, revient sur les imbrications entre crise sanitaire et crise économique.

Les faits se succèdent et s’enchainent à une vitesse folle. Il en résulte une grande difficulté à « mettre en ordre » la réalité, qui comme toujours – des fois plus que d’autres – se présente de manière chaotique. L’unique certitude pour le moment est qu’un risque relatif – une vengeance de la nature comme le dit David Harvey – a émergé comme un iceberg contre lequel se heurtent les conditions de l’économie mondiale – la politique et la géopolitique – léguées par la faiblesse de la reprise post-crise 2008/2009 comme les propres conséquences d’une structure productive globalisée et l’héritage de quarante ans de néolibéralisme.

D’une certaine manière et faisant référence librement à une métaphore de Marx d’il y a trop longtemps « tout ce qui est solide s’évanouit dans l’air ». Dans un contexte où la force de la pandémie progresse, les tentatives des gouvernements d’aplatir la courbe épidémiologique conduisent à une accentuation de la courbe de récession [1]. Cette contradiction qui prend du terrain à pas de géant exige des définitions sur les caractéristiques particulières qui définissent cette crise, la place des mesures monétaires et fiscales mises en place par les Etats et finalement, quelques éléments d’analyse structurelle et une tentative de pronostique. Nous avertissons le lecteur que le caractère disruptif de la crise que nous traversons montre que nous devons nous préparer à des scénarios particulièrement inconnus et changeants.

Nature de la crise : plus grave que Lehman ?

Dans un article récent, l’hebdomadaire britannique The Economist signale qu’à mesure que l’économie plonge dans un black-out prolongé, certaines analystes semblent voir dans les perturbations économiques et la panique grandissante du marché, les premières agitations d’un effondrement plus grave que la crise financière de 2007/2008. Dans ce contexte et en l’absence d’une action suffisamment agressive des gouvernements, ajoute-t-il, le monde pourrait être confronté à un effondrement du marché et à une dépression consécutive.

Evidemment, cette perspective n’est pas inconnue des gouvernements et banques centrales, qui en peu de temps se sont lancées sur la voie d’une batterie de mesures initialement monétaires. Après avoir baissé le taux d’intérêt à un niveau entre 0 et 0,25 – partant déjà d’un niveau très bas – la réserve fédérale nord américaine, a lancé un plan d’au moins 700 milliards de dollars pour le rachat d’actifs financiers tels que les bons du trésor et les titres hypothécaires. Ainsi, elle reprend les mêmes mécanismes d’octroi de liquidités connus sous le nom de QE (quantitative easing ou assouplissement quantitatif) – lancés pendant la crise de 2008 – et a annoncé un plan de coordination avec les banques centrales du Canada, Japon, Suisse ainsi que la banque centrale européenne, pour canaliser davantage de liquidités sur le marché grâce à des lignes de crédit réciproques en dollars.

Egalement, la banque d’Angleterre a baissé son taux d’intérêt et les banques japonaises et la banque centrale européenne, ont lancé un plan de rachat d’actifs. De fait, les banques et gouvernements ont réagi initialement comme s’il s’agissait d’une crise similaire à celle qui s’est étendue à l’échelle du globe après la chute de Lehman Brother. A l’époque, la majeure partie de l’establishment politique et les banquiers centraux s’était jurée de ne pas répéter l’inaction de 1929 [2]. Dans la post crise Lehman Brother, en leur essence les politiques était centrées sur des mesures monétaires massives pour le sauvetage des banques – et des grandes entreprises, pendant que des millions de personnes sombraient dans le chômage et la misère et d’autres se retrouvaient sans logement.

Une série de mesures qui internationalement et comme nous en avons parlé dans un article précédent, se combinent avec l’émergence de la Chine qui est apparue comme un facteur clé pour soutenir « l’économie réelle ». Mais cette fois, la réponse initiale des marchés nous donne la preuve qu’il ne s’agit pas d’une crise similaire.

Les impulsions récessives n’ont comme déclencheur immédiat ni les faillites bancaires – qui ne se sont pas encore produites – ni les krachs boursiers consécutifs – bien que Wall Street ait jusqu’à présent perdu tout ce qu’elle avait gagné pendant l’ère du Trump – aujourd’hui la situation est inversée.

Le risque bancaire et les effondrements boursiers, ont pour origine la paralysie contractile produite par la quarantaine et la fermeture des frontières avec lesquels les gouvernements prétendent – dans bien des cas très tardivement et dans la majeure partie des cas en présence de systèmes de santé détruits par des années de néolibéralisme – contenir la pandémie. En fait, nous assistons à une rupture dans la chaîne des paiements et dans celle de la commercialisation – avec un effet particulier sur les services qui ont prospéré dans l’ère actuelle de la mondialisation – ce qui a déjà entraîné d’importantes pertes d’emplois, d’heures travaillées, etc.

Une question aggravée par le pourcentage significatif de travailleurs précaires hérité du néolibéralisme et qui s’est renforcé dans la période post-crise de 2008. Le département du travail aux Etats-Unis, a enregistré l’une des plus fortes hausses des demandes d’assurance chômage depuis septembre 2017. Ce qui est nouveau et ce qui reste flottant dans le graphique des deux courbes opposées du coronavirus et de la contraction économique est le fait qu’à la fois une éventuelle prolongation et une aggravation de la pandémie comme une nouvelle grande récession et encore plus une dépression, pourrait dériver en situations hautement instables pour les élites économiques et politiques – incluant des personnages de droite comme Donald Trump et Boris Johnson mais également des coalitions de centre gauche comme celle de Pedro Sanchez et Podemos – profondément remis en question dans le contexte des faiblesses de la récupération post-crise de 2008. En fait dans ce contexte, bien que les mesures monétaires expansionnistes apparaissent comme nécessaires pour faciliter la circulation de monnaie dans une tourmente qui dans ces aspects les plus superficiels apparaît comme une crise des liquidités, se montrent clairement insuffisantes et impuissantes pour freiner la catastrophe en cours.

Panique et keynésianisme (ou les monétaristes qui ont peur d’eux-mêmes)

Cette situation explique la demande adressée aux gouvernements par différentes organisations internationales, telles que le FMI, l’OCDE ou la Banque mondiale, concernant la nécessité immédiate de politiques fiscales massives et agressives. Comme Michael Roberts l’a souligné il y a quelques jours, la politique fiscale est le cri universel des économistes et des décideurs politiques.

L’éditorialiste du Financial Times, Martin Wolf, par exemple, alerte que nous pouvons nous retrouver face à une crise économique pire que 2008/2009. Il signale que s’il sera difficile de contenir la propagation du virus dans des pays avec une sécurité sociale limitée comme aux Etats-Unis, il existe le risque d’un effondrement de la demande et de l’activité économique qui va bien au-delà de l’impact direct de l’urgence sanitaire. Dans ce contexte, Wolf soulève l’urgente nécessité non seulement que les banques centrales garantissent les liquidités mais également qu’une série de mesures soient prises comme des indemnités de maladie et une assurance chômage incluant les travailleurs indépendants durant la période de la crise. Il ajoute que même si cela semble trop difficile, les gouvernements pourront envoyer des chèques à la population. Il sera également nécessaire de maintenir les revenus et minimiser les coûts à long terme des entreprises, tandis que les gouvernements pourront imposer des impôts additionnels pour éponger les dépenses [3]. Pour sa part, Pierre-Olivier Gourinchas, professeur d’économie à Berkeley, calcule que si la production reste arrêtée pendant un mois à 50% et pendant deux mois à 25%, cela coûterait une baisse de 10% du PIB annuel. Deux mois de plus avec une baisse de 25 % coûteraient 5 % de plus de rétractation.

Gourinchas souligne que les gouvernements pourraient avoir besoin de déployer un niveau de ressources fiscales dans la même proportion que celles correspondant à la baisse de la production. Les deux économistes s’accordent sur le fait que dans les circonstances actuelles les politiques fiscales sont favorisées par un niveau de dette historiquement bas dans ces Etats – une situation bien différente dans les pays dépendants comme l’Argentine pour lequel les taux d’intérêts se présentent comme prohibitifs. Gourinchas indique que le rendement des obligations du trésor à 10 ans sera de 0,88 %, les taux dans la zone euro seront également bas. Même une augmentation de 10 % du PIB de la dette n’augmentera les frais d’intérêts annuels que de 0,1 % du PIB. Une émission coordonnée de dette souveraine « jumbo » – entre 10 à 20 % du PIB – corrélative d’une expansion de l’assouplissement quantitatif par la BCE fournirait l’espace fiscal dont on a tant besoin [4].

Cela est évident que la panique – et l’approche des élections aux Etats-Unis – ainsi que la non sympathie pour ces politiques, conduisent non seulement divers gouvernements européens et même celui de Donald Trump sur le chemin des stimuli fiscaux – sous une forme distincte de celle des avantages fiscaux exclusifs réservés aux riches. Après que la Banque centrale européenne ait appelé les gouvernements à lancer des plans budgétaires solides, l’Espagne a annoncé qu’elle consacrerait 20 % de son PIB pour générer de nouveau prêts, des garanties de crédit, des aides et des prestations sociales, le Royaume-Uni consacrera 15 % de son PIB aux garanties de crédit et autres mesures d’aide aux entreprises en difficulté tandis que son ministre des finances a déclaré qu’il était prêt à augmenter le montant des garanties sur les prêts afin que les liquidités parviennent à toutes les entreprises qui en ont besoin si leurs activités s’effondrent [5].

Au moment où nous finissions d’écrire cet article Boris Johnson annonçait que son gouvernement subventionnerait pour trois mois les entreprises couvrant jusqu’à 80 % des salaires des travailleurs qui sont confinés pour éviter qu’ils soient remerciés. Au cours de la semaine passée, pour sa part la banque centrale européenne a annoncé une mesure monétaire exceptionnelle, qui implique un plan de rachat d’actifs publics et privés à la hauteur de 750 milliards d’euros. Trump, pour sa part, prévoit une série de mesures de stimulation d’une valeur d’environ 1 000 milliards de dollars qui comprend des reports d’impôts, une aide aux secteurs spécialement touchés comme les compagnies aériennes ou les hôtels, et la distribution d’argent liquide aux citoyens. Le projet du département du Trésor, qui doit encore être soumis au Congrès, allouerait la majeure partie de l’enveloppe à ces paiements en espèces, qui s’élèveraient à 500 milliards de dollars et seraient versés en deux tranches [6]. En outre, M. Trump a annoncé qu’il pourrait intervenir dans la guerre des prix du pétrole entre la Russie et l’Arabie saoudite.

Suite à cette série d’annonces, les bourses européennes, asiatiques et américaines ont toutes connu un rebond. Cependant, Wall Street n’a pas réussi à se placer deux jours consécutifs en territoire positif. L’Organisation mondiale de la santé a annoncé que les systèmes de santé mondiaux « s’effondraient » et que la quarantaine partielle ordonnée par le gouverneur de New York a eu pour conséquence la pire semaine pour Wall Street depuis 2008. Aussi réelles que soient les promesses de relance des Etats, il est clair que la course entre la pandémie et les plans d’urgence monétaire, voire budgétaire, est pour l’instant gagnée par le coronavirus.

Comme une guerre mais… sans guerre

Il est cependant complexe de déterminer les possibles débouchés de cette course de vitesse et les scénarios qui en découleront. Si la pandémie devait s’atténuer dans un temps limité – ce qui semble peu probable – les stimulants monétaires et fiscaux devront agir sur le terrain marécageux d’une économie présentant déjà des faiblesses à laquelle s’ajoutera le choc actuel. Si, comme cela semble le plus probable, la pandémie ne peut être contenue dans un délai plus ou moins prudent, les scénarios envisagés sont beaucoup plus effrayants. Dans une estimation récente, l’ONU a calculé qu’en raison des conséquences de la pandémie sur le tourisme, dont l’activité pourrait se contracter de 25 %, le nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté en Amérique latine augmenterait de 35 %, passant de 67 millions à 90 millions de personnes. D’autre part, et conformément aux estimations de Gourinchas, The Economist – dans l’article déjà mentionné – suggère la possibilité que plusieurs « pays du noyau dur » connaissent des chutes économiques proches de 10 % du PIB. Une situation qui, souligne-t-il, bien qu’elle soit relativement fréquente dans les « économies en développement », ne l’est pas dans les pays « industrialisés ». Dans les « pays du noyau dur », ajoute-t-il, la plupart des baisses enregistrées de cette ampleur ont été associées aux guerres mondiales ou à la Grande Dépression.

Il est intéressant de s’arrêter un instant sur cette dernière définition. John Maynard Keynes a passé une grande partie de sa vie à spéculer sur la possibilité que l’économie reçoive le puissant coup de fouet issu d’une guerre mais sans guerre. Il a échoué et a fini par supposer – non sans regret – que seule une guerre pourrait peut-être faire sortir l’économie de la crise des années 1930 et il avait raison sur ce point. Plutôt que de réaliser dans des conditions de paix l’impulsion donnée à l’économie par les guerres, le capitalisme a historiquement montré la capacité -exceptionnelle- de déclencher des contractions similaires à celles subies dans les guerres, mais « sans guerre ». Cela ne se produit que dans des situations exceptionnelles et il ne fait aucun doute que nous sommes confrontés à l’une d’entre elles. Une pandémie se déplace à grande vitesse dans les veines ouvertes de la mondialisation, en utilisant en quelque sorte la contraction des limites de l’espace et du temps. Un événement qui, par ailleurs, ne se déroule pas dans des conditions relativement « normales » mais sur un terrain particulièrement raréfié qui s’entrelace sur au moins deux plans. D’une part, comme nous l’avons vu dans « La crise économique mondiale : les « esprits souterrains » vont-ils s’échapper », une décennie de faiblesse économique a conduit à de multiples crises sociales et politiques et à des tensions géopolitiques croissantes. D’autre part, et comme le souligne Harvey, les conséquences paralysantes de la mondialisation sont évidentes, et mélangent la primauté des services particulièrement altérés par l’arrêt des trafics à l’échelle planétaire – compagnies aériennes, hôtels, restaurants, etc. – avec l’état de désastre dans lequel se trouvent les systèmes de santé de la plupart des pays après des décennies de néolibéralisme.

Mais d’un autre côté, l’absence de « guerre » mais avec des contractions similaires a une signification profonde et fait toute la différence. L’impulsion économique que les guerres génèrent dans l’économie capitaliste est associée à deux éléments fondamentaux. D’une part, la poussée que la demande centralisée par l’État – montrant des aspects substantiels de la planification -, les besoins de reconversion de la plupart des industries et l’accélération des temps de guerre, donne à l’investissement pour le développement de l’industrie et des services capitalistes [7]. D’autre part, la destruction très physique de la force productive générée par la guerre elle-même, qui ouvre de grands espaces pour la reconstruction. Ce sont ces types d’impulsions qui déclenchent d’importants déboursements de capitaux dans de nouveaux investissements qui, à leur tour, exigent le développement de nouvelles industries et de nouvelles techniques dans des conditions de haute rentabilité, ce à quoi Alvin Hansen fait référence. De sorte que dans les déclinaisons de la situation actuelle et de l’élaboration du pire des scénarios, nous pourrions nous trouver devant des chutes économiques de l’ampleur léguée par les guerres sans les éléments réactivants de l’économie dans son ensemble, caractéristiques de la relation destructrice / régénératrice entre le capitalisme et la guerre.

Dans ce contexte de manque de perspectives, dans le cadre d’une mondialisation pour l’instant effondrée et en l’absence d’un nouveau « big business » pour remplacer le néolibéralisme en crise, les contradictions et les frictions entre les pouvoirs s’intensifient. Cela est particulièrement évident dans la forme de la confrontation entre les États-Unis et la Chine, bien que cela concerne bien sûr aussi l’Allemagne et l’Europe dans son ensemble. Il est remarquable de constater que la pandémie devient de plus en plus clairement le territoire presque explicite d’une telle hostilité dans lequel le confinement du coronavirus et le sauvetage de vies humaines apparaissent comme une condition de la démonstration de la puissance des États. La lutte sur l’ »origine » du virus et la démonstration que la Chine tente de poursuivre en apparence – bien que cela reste à voir – et malgré le grand coup porté à son économie, qu’elle aurait contrôlé la pandémie, d’une part, et le développement du nouvel épicentre de la maladie en Occident – l’Europe en particulier – avec les États-Unis comme prochaine victime possible, d’autre part, en sont des expressions différentes. La lutte pour la paternité du vaccin qui implique principalement les États-Unis, la Chine et l’Allemagne devient, dans ce contexte, une redéfinition de la bataille pour la technologie de pointe qui a initialement émergé sous la forme déformée de la « guerre commerciale ». Comme l’indique un article du New York Times, une course aux armements mondiale pour un vaccin contre le coronavirus est en cours. Le document note que ce qui a commencé comme une question de savoir qui obtiendrait les éloges scientifiques, les brevets et les revenus d’un vaccin efficace devient soudainement une question de sécurité nationale. Bien qu’il y ait une coopération à de nombreux niveaux, même entre des entreprises qui sont généralement de féroces concurrents, la lutte pour le vaccin est l’ombre d’une approche nationaliste qui pourrait donner à l’obtenteur du vaccin des avantages pour faire face aux conséquences économiques et géostratégiques de la crise. Ce n’est pas une coïncidence si la question est déjà militarisée. En Chine, un millier de scientifiques travaillent sur le vaccin et les chercheurs de l’Académie des sciences médicales militaires recrutent des volontaires pour les essais cliniques. Pendant ce temps, Trump a essayé – sans succès – de racheter la société allemande CureVac pour effectuer ses recherches et sa production aux États-Unis. La Chine a également offert sa participation actionnariale et d’autres avantages à la société allemande BionTech, également dans la course pour le vaccin.

Dans les circonstances extrêmement critiques que le développement de la pandémie impose aux conditions déjà stagnantes du capital profondément mondialisé, le rôle de l’État est intensifié et les éléments de nationalisme déjà à l’œuvre sont renforcés. Une durée prolongée de la pandémie de Covid-19 entraînant une dépression à grande échelle – un scénario très probable – accentuera la confrontation entre ces tendances et exigera une reconfiguration mondiale. Une refonte qui, au cours de son développement, impliquera à la fois de nouvelles convulsions de la lutte des classes – qui était déjà en hausse – et l’intensification des conflits entre les puissances dans les domaines économique, politique et militaire, sans exclure la possibilité de conflits guerriers de grande ampleur.