Dans la province de Caserte en Campanie, l’armée italienne a été envoyé dans la ville côtière de Mondragone pour verrouiller ce qui est considéré par l’État italien comme une « zone rouge ». En effet, après des suspicions de contamination par le Covid-19 dans une zone de HLM, l’administration italienne a donné lundi 22 juin l’ordre de se confiner sur lieu de résidence aux quelques 700 résidents. Parmi eux sont présents des travailleurs agricoles bulgares saisonniers qui, au moment de la pandémie, ont été confronté à des pertes d’emplois massives du fait de l’absence de contrat de travail dont profitent les grands propriétaires terriens du Sud de l’Italie.
Selon la RAI (Radiotelevisione Italiana), le président de la région, Vincenzo de Luca, issue du Parti Démocrate a pris la décision d’appeler l’armée après qu’une manifestation à majorité composée de ces travailleurs bulgares ait eu lieu ce jeudi dans les rues de la ville. Ce que ne dit pas ce média, c’est que ce jour-là, la section syndicale Travail Agricole de l’Union Syndicale de Base (USB – Lavoro Agricolo) appelait à une journée nationalement les travailleurs agricoles immigrés à la grève en réaction au décret de Relance voté par le gouvernement italien de Mattarella.
Ce décret de relance est conçu comme un plan de relance de l’activité économique qui alloue 55 milliards d’euros en réponse aux difficultés rencontrées pendant la crise sanitaire internationale afin de sauver les grands patrons. Une partie du décret prévoit aussi la régularisation partielle des sans-papiers pour répondre aux besoins sur le marché du travail alors que dans le secteur agricole, c’est plus 300.000 travailleurs ruraux qui ont perdu leurs emplois pendant la crise, dont une partie non négligeable de travailleurs saisonniers venant des pays de l’Est européen comme la Bulgarie. La plupart des saisonniers dans le secteur agricole sont sans-papiers et sans contrat, situation d’exploitation sauvage que le décret ne remet pas en question. Il ne paraît donc pas impossible que les manifestations ayant eu lieu à Mondragone reflète la situation des travailleurs immigrés dans tout le pays.
Prétextant le risque de contamination au covid-19, l’État Italien, par l’intermédiaire de De Luca, a fait le choix du contrôle militaire de la zone alors même que des milliers d’Italiens étaient de retour au travail dès le 13 avril sans garantie de sécurité, au moment où le sommet du pic de l’épidémie n’avait pas encore été atteint. Une preuve du caractère hypocrite de la justification de l’envoi de l’armée dans cette zone. Ceux et celles qui ont reçu des louanges d’héroïsme par la propagande étatique ne sont au final considérés que comme de la chair à canon pour relancer l’économie italienne.
La situation à Mondragone pourrait très vite s’aggraver et approfondir la xénophobie et le racisme dans le pays avec des tensions entretenues par le gouvernement, le grand patronat et les grands médias entre les italiens et les bulgares. Seulement, la gestion militaire de la crise sanitaire qui n’est pas finie et les cadeaux qu’a fait le gouvernement aux grandes entreprises doivent faire prendre conscience aux classes populaires qu’elles ne doivent pas laisser s’installer la division entre « nationaux » et étrangers. L’union national que défendent en chœur les capitalistes et les politiciens bourgeois n’est qu’une manière de déguiser la défense de leur intérêts contre ceux de la population et des travailleurs. Contre l’Europe des barbelés, nous devons défendre un monde libéré de l’exploitation et de l’oppression des frontières nationales !