Klara Alkalla, collaboratrice
« On ne naît pas femme on le devient » écrivait Simone de Beauvoir dans Le deuxième sexe (1949). C’est encore plus le cas en Iran lorsque les femmes sont aliénées dès la naissance par la culture dominante masculine. Plus encore, par la théocratie exclusivement masculine.
Parce qu’être une femme en Iran c’est vivre sous l’emprise du régime des Mollahs. C’est subir le Code pénal islamique qui détermine le statut de la femme comme inférieur. C’est se voir imposer des restrictions sévères sur sa liberté, ses droits et son autonomie. Ce n’est pas vivre sous les ordres d’un homme mais sous la contrainte du genre. Car naître femme est réduit à n’être qu’une femme, son genre la condamne à se taire et à agir sous les diktats d’une société patriarcale et répressive.
Être une femme en Iran, c’est être forte. C’est lutter pour soi et son prochain. Être femme en Iran, c’est résister. Résister à la souffrance, la brutalité, l’humiliation et le désespoir qui sont à l’image du travail de la police des mœurs. C’est porter le voile sous peine d’emprisonnement, c’est être Fatemeh Abdullahi (27 ans), pendue pour avoir désaimé son mari, c’est être accusée pour avoir subi un viol ou encore mourir pour aimer une autre femme. C’est aussi être Monireh Noori-Kia, dont l’exécution a été annoncée sans aucune justification.
FEMMES, VIE, LIBERTÉ : le mouvement des survivantes
Dépeint ainsi, le sort des femmes semble voué au néant. Pourtant, l’artiste-peintre Sayeh Sarfaraz propose un corpus de tableaux qui illuminent la pièce et le regard de la personne qui les voit. Son exposition Femme-Objet se poursuit jusqu’au 1er septembre au Centre d’exposition Letherbridge à Montréal.
Sa démarche soutient les Iraniennes dans leur mouvement au lendemain du meurtre de Masha Amini, le 16 septembre 2022, pour « port du voile inapproprié » à Téhéran, depuis lequel de nombreux.se Iranien.ne.s manifestent contre le fondamentalisme religieux.
« Femme, vie, liberté » est scandé dans les rues. Ce mouvement historique est plein d’espoir. Être une femme devient plus que jamais en Iran, une force. Sayeh Sarfaraz montre des femmes fortes, pleine de vie face à la mort.
Elles sont entourées d’objets d’espoir tels que des bougies allumées qui symbolisent leur résilience et détermination à lutter pour leurs droits et leur liberté. Aussi, beaucoup de fleurs et de bijoux que l’artiste justifie par l’héritage perse. Elle affirme que le sort des femmes aujourd’hui n’est pas à méprendre avec celui de leurs ancêtres et que leur lutte actuelle s’enracine dans une longue tradition de courage et de résistance. Face aux armes qu’elle peint, c’est la vie que nous voyons. Ces femmes sans visage incarnent l’image de toutes les femmes iraniennes, soulignant l’universalité et la puissance de leur combat.
Un combat de tous, pour toutes
La lutte des Iraniennes est un rappel poignant que la quête d’égalité et de liberté est universelle. En se tenant au côté de ces femmes, le monde peut montrer que leur combat n’est pas vain et que la solidarité mondiale est plus puissante que la répression.
L’exposition Femme-Objet démontre d’une solidarité qui transcende les frontières et renforce la détermination collective pour un avenir où chaque femme, partout dans le monde, pourra vivre dignement. L’engagement international pour les droits humains et l’égalité des sexes sont essentiels pour faire reculer les injustices et soutenir les luttes locales, comme celle des Iraniennes, en leur offrant l’espoir et la force nécessaires pour continuer leur combat. Parce qu’être une femme ne doit plus être un combat, mais un droit.
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