Mégane Arseneau, collaboratrice
Créer, échanger, faire évoluer les idées : ces dynamiques collectives sont au cœur de toute transformation sociale. En cultivant ces espaces d’intelligence partagée, nous nourrissons une conscience évolutive du monde qui nous entoure. Dans ces endroits où la pensée circule et se transforme, naît une lucidité nouvelle — plus sensible, plus solidaire, plus vivante.
Dans le cadre du Forum social mondial des intersections 2025, l’atelier créatif : Tisser nos luttes propose ce type de lieu de convergence. Un espace collectif qui permet de créer, d’échanger, de faire évoluer les idées — et de nourrir une conscience partagée du monde, le tout avec une poignée d’aiguilles, de tissus, de fils et de pinceaux.
Dans une même pièce, des individus aux origines diverses, porteurs d’expériences et d’idéaux singuliers, se rassemblent autour d’une table recouverte de multiples supports créatifs. Tous et toutes partagent une curiosité commune : découvrir un processus à la fois créatif et militant, porteur d’espoir.
L’atelier débute avec une mise en contexte de la conjoncture et d’une lecture de celle-ci. Ce premier moment donne le ton. Un remue-méninges s’enclenche, entre espoirs, solidarités et inquiétudes. Des mots naissent, s’inscrivent sur des feuilles couvrant les murs. Des couleurs viennent peu à peu les rejoindre.
Les échanges sont riches. Un sentiment d’appartenance se tisse : nous ne sommes pas seul·es à ressentir ces doutes, ces incompréhensions ni à rêver d’un monde plus juste. Ces instants partagés donnent corps à cette solidarité.
Après s’être inspiré les uns les autres, cette vision il faut la créer.
Une autre étape du processus s’enclenche : la création. Chaque participant·e reçoit un morceau de tissu sur lequel déposer une idée, une émotion, une colère, une vision, un espoir — pour broder, peindre, colorer les réflexions précédemment énoncées.
Ce moment est singulier, à mi-chemin entre une introspection personnelle et une expérience collective. Il est rare de ressentir une telle présence à soi et aux autres simultanément. Une même conversation résonne différemment d’une personne à une autre : c’est une invitation à prolonger la réflexion par le geste, à travers son art et celui de l’autre.
Chaque morceau de tissu vient s’ajouter aux précédents, tissant ainsi une œuvre commune. Mais pas seulement à cet atelier : l’œuvre voyage. D’un lieu à l’autre, d’une rencontre à une autre, elle se construit, grandit, s’enrichit. Chaque fragment est unique, engagé, porteur de sens. Une courtepointe collective naît peu à peu, façonnée d’idées, de luttes et de solidarités.
Le processus créatif s’entrelace avec des échanges informels, une transmission spontanée de savoir-faire, notamment autour de la broderie. Un sentiment de communauté émerge. L’entraide circule naturellement. Le savoir devient collectif.
La fierté de l’ensemble des individus de participer à la création d’une courtepointe solidaire est un élément à ne pas négliger dans un contexte militant.
La fierté de contribuer à cette œuvre commune est palpable. Dans un cadre militant, cela compte. Ce n’est pas simplement un atelier : c’est une manière sensible, concrète et puissante de faire lien, faire sens, faire mouvement.
Car l’art offre bien plus qu’on ne le pense. Il est un outil de mobilisation, de partage, de transformation. Un levier politique autant que poétique, que nous gagnerions à utiliser davantage.
Cet atelier, par ses méthodes, inspire. Il nourrit les réflexions et donne des idées d’actions collectives à initier ailleurs — notamment en éducation populaire, où la créativité peut devenir génératrice de citoyenneté.
C’est une invitation à poursuivre l’initiative, à multiplier ces espaces de création, pour démocratiser l’art et faire vivre les lieux de réflexion citoyenne.