Gustavo Buster, Sin Permiso, 24 février 2019
La bataille de l’aide humanitaire du 23 février s’est terminée par un échec majeur de l’opposition pro-impérialiste vénézuélienne. Ni la journée de mobilisation, à travers le concert Venezuela Aid Live organisé par le milliardaire britannique Richard Branson, ni la tentative d’introduire la soi-disant « aide humanitaire » par le biais d’une mobilisation populaire qui débordait du contrôle des frontières de la police vénézuélienne, atteint les niveaux minimums. Les reportages sur le terrain et les nombreux reportages filmés sont un témoignage indiscutable de l’échec annoncé.
Dans ce cas, ce qui était évident, c’était le contrôle des organisateurs de la bataille: Elliot Abrams, Iván Duque, Sebastián Piñera, le méritoire Mario Abdo Benítez , avec le belligérant secrétaire général de l’OEA, Luis Almagro. Avec 300 blessés, 3 morts ailleurs et deux camions incendiés ne semblant pas un objectif digne d’un tel déploiement, il faut ajouter que la défection des policiers vénézuéliens qui pourrait être annoncée n’a pas atteint une demi-douzaine.
C’était le véritable objectif de la provocation: placer l’armée vénézuélienne devant le dilemme de choisir la dualité du pouvoir, celle de l’Assemblée nationale manipulée par le président autoproclamé Juan Guaidó et celle de Nicolás Maduro, soutenu par le Interrogé Assemblée nationale constituante.
Le pari du plan Abrams – le véritable organisateur de ce qui s’est passé – a été presque mortel pour l’opposition pro-impérialiste. La décision de laisser Juan Guaidó hors du Venezuela, sachant qu’il ne pourra pas retourner à Caracas, laisse à nouveau l’opposition interne sans leader effectif, à l’Assemblée nationale sans président, en raison de l’absence non autorisée du pays et du mandat constitutionnel (article 233). ) de tenir des élections dans les 30 jours qui suivent son « auto proclamation » en tant que président par intérim, non réalisées. Le complot de la prétendue légitimité constitutionnelle de l’intervention impérialiste – comme en 2002 et 2004 – s’est effondré.
La coalition pro-interventionniste, construite depuis des mois par l’OEA et le « Groupe de Lima », qui est parvenu à traîner temporairement l’Union européenne, s’est laissé fracturer après l’échec de Cúcuta. Les prudents n’ont pas voulu soutenir l’opération Abrams et ont laissé Guaidó aux mains des héritiers d’Uribe et de Pinochet, qui ne sont pas exactement la meilleure image de la légitimité démocratique. Abrams, bien sûr, ne peut pas sortir de l’ombre, bien que ce soit long. L’Union européenne voyait dans l’échec l’occasion de recouvrer son autonomie après l’erreur de l’ultimatum de huit jours et la reconnaissance de Guaidó – maintenant, après 30 jours, sans légitimité – et a condamné toute intervention étrangère contre le Venezuela. La neutralité du secrétaire général de l’ONUAntonio Guterres, offrant sa possible médiation pour une sortie politique si les parties le demandent, s’est durci avec une condamnation de l’utilisation politique de « l’aide humanitaire » – c’est-à-dire du « plan Abrams » – et de la réaffirmation des pouvoirs Représentants diplomatiques du gouvernement Maduro – soumettant toute demande de légitimité aux « ambassadeurs » nommés par Guaidó.
Si le « Plan Abrams » voulait polariser la communauté internationale pour renforcer la « barrière humanitaire » contre le Venezuela – parce que ces sanctions et ce blocus si tous les habitants du pays en souffrent – les images de la journée de la caravane se brisant contre la barrière frontalière ont Enfin, une majorité claire « anti-interventionniste » a été définie à l’Assemblée générale des Nations Unies, indépendamment des quelques sympathies existant sous le régime de Maduro.
Ainsi, la réunion du lundi 25 du « Groupe de Lima », à laquelle participera Juan Guaidó, n’est pour le moment pas un autre plan crédible B qu’une intervention militaire, comme l’a indiqué le secrétaire d’État Mike Pompeo, ce qu’il rejette précisément la majorité de la population souffrante, qu’elle soit oppositionnelle ou « mûre », et donne au régime de Maduro l’initiative politique et la légitimité anti-impérialiste qui font largement défaut, comme on l’a vu à Caracas lors du grand rassemblement du 23 « Mains du Venezuela. »
Sans une rupture majeure des forces armées vénézuéliennes, le Plan B n’est qu’un fantasme. Mais cela le contraindra à jouer un rôle plus décisif dans la gestion du régime de Maduro, qui évoluera rapidement vers le bonapartisme militaire. Le lieu de Maduro à Guaidó pour convoquer des élections, quelques jours avant le délai de 30 jours d’art. 233, a été interprété comme une pression militaire : on verra dans les prochaines semaines si c’est le cas.
L’échec du « Plan Abrams » ouvre effectivement une fenêtre d’opportunité pour une éventuelle médiation de l’ONU et la convocation d’élections présidentielle et législatives qui permettraient de reconstruire la légitimité constitutionnelle républicaine du Venezuela. Devant le « groupe de Lima », le groupe de contact proposé par le Mexique, l’Uruguay et l’Union européenne est renforcé . Sur le plan interne, on ignore comment l’opposition sera reconstituée à l’Assemblée nationale après l’échec manifeste de sa manipulation par Voluntad Popular, le parti de López et de Guaidó – déjà opposés – et s’il s’est finalement constitué en cohérent le troisième domaine de « chavismo critique », les défenseurs de la Constitution de 1999, dont la figure principale est pour aujourd’hui Rafael Ramírez, ancien ministre et ancien diplomate chavista en exil.
L’instabilité du régime actuel de Maduro – qui représente les intérêts de la « boliburguesia », de l’administration et des cadres militaires, avec le soutien extérieur de la Chine, de la Russie et de Cuba – est structurelle, mais elle est fortement affectée par le blocus extérieur de ses exportations de matières premières et d’hydrocarbures sur le marché mondial, ce qui représente la quasi-totalité de ses revenus en baisse. La base sociale de la mobilisation de l’opposition est la protestation contre la dégradation des conditions économiques et sociales de la majorité de la population. Quelques centaines de « conteneurs » d ‘ »aide humanitaire » ne constituent pas une alternative crédible, même au projet du gouvernement d’élargir la carte de rationnement liée à la « carte du pays » dans les prochaines semaines.