Sean Carleton, extraits d’un texte paru dans Canadian Dimension 21 février 2020
Comme de nombreuses personnes, j’ai regardé avec horreur l’invasion par la GRC du territoire non cédé de Wet’suwet’en au début de février, diffusée en direct sur Internet. En temps réel, nous avons vu des agents de la GRC lourdement armés, accompagnés de tireurs d’élite et de chiens d’attaque, arrêter des matriarches non armés Wet’suwet’en sur leur Yintah (terre) et démanteler le blocus du pont Unist’ot’en sur lequel était inscrit «réconciliation». il. C’était difficile à regarder.
Malheureusement, le raid Wet’suwet’en n’est que trop familier à ceux qui comprennent l’histoire des relations entre les autochtones et les colons dans ce qui est actuellement le Canada. Le raid de la GRC sur le territoire de Wet’suwet’en n’est pas une anomalie mais plutôt, il fait partie d’un schéma historique pour supprimer la résistance autochtone et ouvrir la voie à la dépossession coloniale.
Il est important de comprendre le rôle de la GRC en tant que force paramilitaire coloniale dans son contexte historique. Le premier premier ministre du Canada, John A. Macdonald, a créé une force policière en 1873 pour étendre le contrôle colonial du Canada sur les territoires autochtones de ce qui allait devenir l’Ouest canadien. En 1885, cette force s’est jointe à d’autres contingents dans une guerre contre les communautés métisses, cris, assiniboines et saulteaux de l’ouest. Par la suite, la police a joué un rôle clé dans la réinstallation forcée des peuples autochtones dans les réserves pour aider à ouvrir la voie à la construction du chemin de fer Canadien Pacifique.
Au cours des dernières années, les forces militaires et policières canadiennes ont continué de jouer un rôle central dans la répression de la résistance autochtone
- En 1968, la Police provinciale de l’Ontario et la GRC ont illégalement arrêté un certain nombre de citoyens mohawks d’Akwesasne qui ont bloqué un pont construit dans leur réserve près de Cornwall, en Ontario, sans consultation appropriée et en violation du traité Jay de 1794.
- En 1980, la GRC a arrêté plusieurs membres de la tribu des Blood lorsqu’ils ont organisé un blocus le long de la route 5, un tronçon de bitume qui divise la réserve et la ville de Cardston, en Alberta, pour faire pression sur le gouvernement fédéral afin qu’il règle une revendication territoriale en suspens.
- En 1981, la Sûreté du Québec (SQ) a lancé deux raids sur la Première Nation Listuguj Mi’gmaq (Restigouche), dans le cadre des efforts du gouvernement du Québec pour imposer de nouvelles restrictions à la pêche du saumon autochtone.
- En 1990, pendant le conflit d’Oka, les Mohawks de Kanehsatà: ke ont subi un siège de 78 jours par la SQ et l’armée canadienne pour s’être opposés à l’expansion d’un terrain de golf de neuf trous sur le territoire non cédé de Kanien’kéha: ka.
- En 1995, la Police provinciale de l’Ontario a abattu le militant d’Ojibwa Dudley George pendant la crise d’Ipperwash. La même année, la GRC a effectué un siège de 31 jours sur le territoire de Secwepemc et a arrêté de nombreux défenseurs des terres Ts’peten lors de l’impasse du lac Gustafsen en Colombie-Britannique.
- En 2013, la GRC a arrêté plus de 40 membres de la Première nation Elsipogtog au Nouveau-Brunswick pour avoir bloqué une route afin de résister aux shalegas et aux activités de fracturation sur leur territoire.
Une réconciliation significative nécessitera que le Canada ait le courage de changer de stratégie, d’échanger la coercition et la violence pour des négociations et une diplomatie de nation à nation.