En Europe, Northvolt a tenu des consultations publiques !

Site projeté pour l'usine Northvolt @Ligue des droits et libertés

Northvolt est au centre d’une controverse concernant le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) au Québec. Benoit Charette, ministre de l’Environnement, a avoué que le gouvernement québécois a volontairement fait en sorte que Northvolt évite de devoir passer un examen du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) par crainte de perdre le projet. L’entreprise est aussi revenue sur ce qu’elle a dit auparavant et reconnaît avoir cherché à y échapper. Or, selon les informations que nous avons recueillies, l’entreprise suédoise accepte des consultations auprès des populations européennes. Pourquoi pas au Québec ?

Plusieurs usines de Northvolt en Europe ont fait l’objet de consultations populaires

Dès le début d’existence de la startup, on constate que l’entreprise a organisé des consultations publiques pour son usine à Skellefteå en Suède, le pays de sa naissance1. Elle a ainsi tenu compte des préoccupations locales et intégré des modifications dans son projet final.

Elle a aussi adopté une démarche similaire à Gdańsk en Pologne et à Heide en Allemagne2, ou encore au Portugal, où plus de 1 100 personnes ont participé à la consultation publique pour l’usine de Northvolt à Setúbal3.

Une stratégie de consultation pour se démarquer de Tesla

À Schleswig-Holstein, en Allemagne, et malgré qu’elle avait déjà obtenu l’appui des gouvernements provinciaux et fédéraux, Northvolt a maintenu ses consultations au niveau municipal. Elle a ensuite invité des résident.es à visiter ses usines en Suède.

Selon le journal local, c’est probablement cette approche qui explique son succès face à Tesla, dont un projet similaire n’avait pas passé le vote. En revanche, même en Europe, les projets Northvolt ont suscité des débats parmi les écologistes. Si en Allemagne, les écologistes se sont opposés au projet Schleswig-Holstein, du côté danois, le projet ne reçut pas d’opposition citoyenne.

Northvolt, surprise de la réaction au Québec

Le PDG de Northvolt Amérique du Nord, Paolo Cerruti, s’est dit «surpris» devant la mobilisation écologiste au Québec. Pas surprenant si on tient compte des modifications des lois concernant le BAPE que le gouvernement du Québec a fait. Notons qu’en Suède, lorsqu’un village suédois a critiqué la destruction de l’équivalent de 150 terrains de football pour construire son usine, l’entreprise s’était dite «surprise» de la réaction de la population locale, affirmant qu’elle avait respecté toutes les mesures de consultation publique. Malgré ces contestations, l’entreprise a bénéficié finalement du soutien de la population en Europe et les projets ont pu se développer.

La population du Québec a droit à un BAPE

Pourquoi ne pas permettre une consultation publique au Québec? Comme ailleurs, le dialogue avec les populations locales et les enjeux de démocratie écologique demeurent des éléments essentiels subjuguant les enjeux d’efficience, comme le soutient le Comité action citoyenne (CAC).

«Comment se peut-il que le plus grand projet industriel privé de l’histoire du Québec ne soit pas évalué de manière indépendante?» questionne Patrick Bonin, responsable de la campagne Climat-Énergie chez Greenpeace Canada. Et d’ajouter : si le plus grand projet industriel privé de l’histoire du Québec n’est pas assez «gros» pour qu’il y ait un BAPE, quel projet le sera?

Soutenons les actions pour demander un BAPE:

 

  1. Rapport de consultation publique de Northvolt à Skellefteå []
  2. Invitation à des consultation publiques pour son usine à Heide []
  3. Rapport de consultation publique de l’agence publique de l’environnement portuguaise []