Extrait d’une entrevue avec Alain parue dans les Nouveaux Cahiers du socialisme, février 2020
Le grand bilan de nos luttes de la décennie reste à faire. On a des fragments, des impressions, des pistes, mais il faut encore travailler. Nous avons été ballotés par les évènements. Nous avons été court-circuités par la montée en puissance d’un populisme bien ancré dans la population, incapable, lui-aussi, de mettre en place un programme apte à tenir tête à l’oligarchie et à l’impérialisme. Nous sommes tombés dans le piège du sectarisme et de l’avant-gardisme, en nous chicanant sur la « ligne juste »!
Quelles sont les pistes?
Sur le plan organisationnel, nous voulons finaliser la rupture avec les pseudo modèles hérités d’un marxisme-léninisme qui découlait de quelques idées simplistes présentées de manière dogmatique. Par exemple, la question de la démocratie, qu’on prenait à la légère, doit revenir au premier plan : cela inclut notre propre démocratie, pour ouvrir les débats et laisser les nouvelles idées des nouvelles générations. Il faut sortir des sentiers battus. Par exemple, des réseaux comme le Rassemblement des révolutionnaires ayisyens (RARA), n’ont pas de « cellules » comme avant. Les groupes constituants sont autonomes.
La société haïtienne a changé, comment s’adapter?
Une grande partie des jeunes sont maintenant scolarisés. Ce sont en quelque sorte des chômeurs gradués. Leur réalité sociale, leurs luttes également, ne s’expriment pas de la même manière. Ils s’inventent de nouveaux outils de communication, notamment avec les médias sociaux. Comme on le voit dans les rues de Port-au-Prince, ce sont eux qui sont au premier plan du processus extraordinaire qui est sous nos yeux. Vont-ils remplacer le régime pourri par une démarche démocratique en profondeur ? Vont-ils résister aux tentatives de relookage mises de l’avant par l’impérialisme de connivence avec des partis politiques qui se présentent comme une alternance « acceptable », mais qui sont sans substance ? Comment combattre des entités « ONGisées » incapables d’organiser la reconstruction? Également, la question de l’unité entre mouvements et partis doit être redéfinie, non pas comme un processus lointain et abstrait, mais comme une priorité immédiate.
On a l’impression qu’il se passe quelque chose dans le monde rural…
De grands mouvements comme Tèt Kole Ti Peyizan Ayisyen par exemple émanent de l’implantation de la gauche haïtienne au monde rural. Aujourd’hui, malgré la misère et la dévastation environnementale, il y a des tas d’initiatives rurales qui agissent au plan local, qui organisent des communautés, qui développent des activités productives pour et par la collectivité. Dans notre histoire, on avait les « lakous », des structures communautaires qui ont permis aux esclaves de survivre avant et après l’indépendance. On voit maintenant des « néo-lakous » qui occupent des terres et créent des structures et des projets définis autour de la défense des communs et du bien vivre. À la base, on l’entend, le peuple ne veut plus vivre sous le capitalisme, le système « pese souse ». C’est un mouvement de fond, qui s’auto organise, qui s’auto-définit.
Depuis le début de 2019, de gigantesques mobilisations ne cessent de s’organiser…
Les jeunes envoient un message clair aux « modérés » qu’il ne faut pas négocier avec les bandits, même si c’est cela que les États-Unis demandent. Ils n’ont aucune illusion sur une « communauté internationale » qui agit en tant que supplétifs des États-Unis. Penser une transition démocratique, reconstituer des alliances politiques, élaborer un programme rassembleur, voilà ce qu’ils ont devant eux.
Gustave Massiah, collaboration spéciale
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