Algérie : les grèves amplifient la mobilisation

Iddir Nadir, El Watan, 28 octobre 2019

Les Algériens ne peuvent et ne veulent plus subir l’humiliation. Ils veulent vivre dans une Algérie démocratique et de justice sociale. Les richesses nationales doivent être distribuées équitablement.

Retour à la contestation des syndicats autonomes. A l’appel de la Confédération des syndicats autonomes (CSA), une journée de protestation suivie de marches est prévue aujourd’hui à travers les wilayas du pays. Les initiateurs de l’action (une vingtaine de syndicats de la Fonction publique) s’attendent à une adhésion massive à leur action. «La grève se présente très bien. Les travailleuses et les travailleurs algériens ne peuvent plus supporter les provocations de ce gouvernement illégitime.

La grève sera suivie massivement demain (aujourd’hui). Les Algériens ne peuvent et ne veulent plus subir l’humiliation. Ils veulent vivre dans une Algérie démocratique et de justice sociale. Les richesses nationales doivent être distribuées équitablement. Le clientélisme et la corruption doivent être bannis à jamais. Nous disons non aux lois scélérates et à la dilapidation des richesses du pays», lance Boualem Amoura, président du Syndicat national des travailleurs de l’éducation et de la formation (Satef) et membre très actif de la CSA.

La grève à laquelle a appelée la Confédération devrait toucher plusieurs secteurs : éducation, santé, poste et TIC, formation professionnelle, le corps des vétérinaires, les affaires religieuses, les universitaires, les biologistes, les travailleurs du ministère de la Solidarité, détaille Amoura. Une journée de protestation, suivie de marches, sera organisée à travers les wilayas à l’initiative des représentants locaux des syndicats. A Alger, la Confédération a appelé à un rassemblement à la place des Martyrs à partir de 10h.

La décision de la grève d’aujourd’hui a été prise le 17 octobre, à l’issue de sa session ordinaire de la CSA. La grève prévue initialement le 29 a été avancée d’une journée à la demande des syndicats de l’éducation, majoritaires au sein de la Confédération. Dans son communiqué d’appel à la grève, cette dernière a réitéré son «attachement» au mouvement populaire «jusqu’à la satisfaction totale de ses revendications légitimes». Les signataires du communiqué ont réclamé le départ du gouvernement Bedoui et de sa «composante illégitime», tout en dénonçant la décision de promulguer, «dans la conjoncture actuelle, des lois qui hypothèquent l’avenir des futures générations et attentent à l’unité nationale, à l’instar de l’avant-projet de loi sur les hydrocarbures et des lois sur le travail et la retraite».

«Imposer un rapport de force»

Ils ont exigé la libération des détenus d’opinion et des activistes du mouvement populaire et dénoncé les poursuites à leur encontre. Ils ont également condamné les entraves aux libertés d’expression et de circulation ainsi que les tentatives de musellement de la presse publique et privée. L’adhésion des autres organisations (syndicats, société civile, partis) se confirme, à l’instar de la CGATA/Snapap-Béjaïa, qui a appelé à une grève générale le même jour à Béjaïa.

«La LADDH, comme le collectif de la société civile pour une transition démocratique et pacifique, partie prenante avec les syndicats de la dynamique de la société civile, soutient la grève de la CSA appuyée par la CGATA (qui prévoit une grève à Béjaïa, ndlr).

Nous appelons la population à une large adhésion à la grève. Une grève qui arrive à point nommé pour donner un nouveau souffle au mouvement populaire pour le changement, au moment où certains acteurs de la société civile, des personnalités qui étaient du côté du mouvement, ont tourné le dos au peuple. Les syndicats gardent le cap. Nous saluons leur engagement constant aux côtés des revendications du hirak», souligne Saïd Salhi, vice-président de la LADDH et l’une des chevilles ouvrières du mouvement populaire dans le pays.

Les universitaires des établissements du Centre et de structures de la santé, réunis samedi dernier à l’université Mouloud Mammeri (Tizi Ouzou), ont apporté leur «total soutien» à la grève. «Cette forme d’action, conjuguée à de multiples autres, imposerait un meilleur »rapport de force » au bénéfice du hirak et aiderait à l’aboutissement des revendications justes et légitimes du mouvement populaire pacifique et unitaire», soulignent les enseignants universitaires.

Même adhésion du RAJ dont une partie de l’encadrement a été mise en détention ces derniers jours. Dans un communiqué rendu public hier, l’organisation, dont le président, Abdelwahab Fersaoui, est incarcéré, a affirmé se joindre à la grève d’aujourd’hui et appelle à une forte mobilisation des différents secteurs pour sa réussite.

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