Brésil : Militarisme + néolibéralisme

Pedro Rossi, Carta Capital, 25 octobre 2018

La lecture du programme économique du Bolsonaro met en évidence deux axes centraux et contradictoires. D’une part, une proposition de réduction substantielle de l’État, de l’autre, du militarisme. Cette combinaison ne devrait pas répondre aux attentes d’un ajustement budgétaire, ni générer de l’emploi et de la croissance économique. C’est un projet d’état maximum pour la sécurité et minimum pour les droits sociaux. Tout aller mal.
Le militarisme est un message évident dans son programme. Le mot « guerre » est mentionné dans huit mentions et l’accent est mis sur un « Brésil exempt de crime, de corruption et d’idéologies perverses ». C’est ce qui est le plus authentique dans le projet Bolsonaro.
Contrairement à Temer, qui a pleinement adhéré à l’agenda des marchés financiers, Bolsonaro aurait un capital politique à surveiller et lancerait une stratégie militariste pour présenter les résultats à ses partisans dans le domaine de la sécurité publique et de la lutte contre la corruption.
Outre les coûts humains et sociaux, ce militarisme a un coût financier lié au renforcement des carrières liées à la justice et à la sécurité publique, aux investissements en équipement, en technologie et en renseignement, ainsi qu’au renforcement de l’incarcération compte tenu de la dimension de la « guerre contre le crime ». et les propositions de son programme « ramenant l’âge de la criminalité à 16 ans », « mettant fin à la progression des peines et des sorties temporaires » et à l’obsession des « arrestations et emprisonnements ».
L’augmentation des dépenses publiques destinées à financer les incarcérations de masse et la lutte contre le crime organisé serait en conflit permanent avec la stratégie néolibérale. Sa viabilité dépendrait de l’abrogation du plafond des dépenses ou d’une réduction marquée des dépenses dans les domaines sociaux, ce qui comprendrait le déliement des ressources en matière de santé et d’éducation et l’exonération des fonctionnaires. Les deux options seraient politiquement coûteuses, soit en raison de la désapprobation des marchés financiers, soit en raison de leurs impacts sociaux et politiques, compte tenu des inévitables contre-mobilisations.
Une fois encore, le projet néolibéral contredit le militarisme et le marché financier réagirait dès qu’il réalisera que les gains tirés de la vente d’actifs publics ne sont pas si importants.
En conséquence, le militarisme néolibéral dans un contexte de contraintes budgétaires est un projet économique contradictoire, médiocre en termes de résultats économiques et qui favoriserait une augmentation substantielle des inégalités sociales, en particulier lorsque l’on mesurera l’accès aux services publics essentiels tels que la santé et l’éducation.

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