Nous, membres de la communauté académique montréalaise, sommes solidaires avec les étudiant.e.s qui exercent leur droit fondamental à la dissidence incluant le droit de manifester partout en Inde.
Nous condamnons la brutalité perpétrée par la police contre les étudiant.e.s de l’Université Jamia Millia Islamia (JMI), de l’Université Aligarh Muslim (AMU) et de nombreux autres établissements universitaires dans les États du nord-est et dans tout le pays. Le 15 décembre, à la JMI, la police a tiré des grenades lacrymogènes, est entrée dans des résidences universitaires et a attaqué des étudiant.e.s dans la bibliothèque et celles et ceux qui priaient à la mosquée. Plus de 200 élèves ont été gravement blessés, dont beaucoup sont dans un état critique. Des cas de harcèlements sexuels perpétrés par la police ont également été signalés. Une situation de violence similaire s’est produite dans d’autres universités, dans certains cas sans aucun recours à la presse ou au public en raison des coupures d’Internet et de l’imposition de l’article 144.
Le fait que le gouvernement indien mobilise la police et les forces paramilitaires contre ses propres étudiant.e.s non violents et manifestant pacifiquement est emblématique d’une tendance troublante qui attaque les fondements mêmes d’une société démocratique. En aucun cas, il ne devrait être acceptable que la police fasse irruption dans les campus universitaires, les bibliothèques, les résidences d’étudiant.e.s ou les lieux de prière, maltraite physiquement et verbalement les étudiant.e.s, les intimide et les arrête de manière arbitraire. Il est particulièrement préoccupant de constater que cette répression menée par l’État cible les étudiant.e.s dans les institutions à majorité musulmane, ce qui indique l’impunité avec laquelle l’État peut recourir à la violence contre les populations minoritaires en Inde. Un climat de peur, d’insécurité et d’anxiété est délibérément créé pour intimider les étudiant.e.s et les faire taire contre ce qui constitue une violation de la Constitution indienne et de son éthique laïque. Qualifier à tort les manifestations étudiantes comme des « émeutes » et le recours excessif à la force par la police comme « maintien de la paix » est un déni des droits des étudiant.e.s en tant que citoyen.ne.s. Nous exigeons l’arrêt immédiat de toutes les formes de violence à l’encontre des étudiant.e.s qui manifestent et exigeons que les responsables rendent des comptes.
Au cours des derniers jours, nous avons assisté à de nombreuses manifestations pacifiques contre le National Register of Citizens (NRC) et le Citizenship Amendment Act (CAA), 2019. La loi prévoit un traitement préférentiel pour les minorités religieuses du Pakistan, du Bangladesh et de l’Afghanistan qui cherchent à acquérir la citoyenneté indienne, tout en excluant explicitement les réfugiés musulmans de son champ d’application. Cette discrimination flagrante contre les musulman.e.s viole les principes d’égalité, de liberté et de laïcité qui sont à la base de la Constitution indienne. Nous apportons notre soutien inconditionnel à tous ceux et celles qui, à travers le pays, luttent contre cette loi inconstitutionnelle et nous nous joignons à leur appel pour son retrait immédiat.
Nous espérons recueillir autant de signatures que possible d’ici le lundi 23 décembre.
Merci de faire circuler largement !
Plus de 300 profs et étudiants de Montréal ont signé cette pétition.