Yves Engler, extrait d’un texte paru dans Rabble. 9 septembre 2020
Depuis 17 ans maintenant, des soldats canadiens sont en Arabie saoudite, ce qui met en évidence les liens du Canada avec la monarchie répressive, sa contribution à la guerre en Irak et le vide de la mythologie de la politique étrangère canadienne. Une enquête d’Anthony Fenton révèle plusieurs faits :
- Des soldats canadiens sous les auspices des États-Unis gèrent des avions d’espionnage AWACS sur la base aérienne saoudienne Prince Sultan près de Riyad, depuis le début de la guerre en Irak en 2003.
- Parallèlement, des navires de la marine canadienne sont engagés dans des patrouillesmultinationales avec leurs homologues saoudiens dans la région.
- Des pilotes de la force aérienne saoudienne sont entraînésen Alberta et en Saskatchewan.
- La société de simulateurs de vol basée à Montréal, CAE, forme des pilotes saoudiens dans de nombreux endroits;
- Et des fusils et des véhicules blindés fabriqués au Canada sont expédiés à la monarchie.
Selon le ministère de la Défense nationale, le déploiement du Canada en Arabie saoudite a commencé le 27 février 2003, quatre semaines avant l’invasion de l’Irak par les États-Unis. Selon Richard Sanders, le Canada a soutenu l’invasion de l’Irak par les États-Unis de plusieurs façons :
- Des dizaines de soldats canadiens ont été intégrés dans des unités américaines combattant en Irak.
- Des avions de combat américains en route vers ce pays étaient ravitaillés à Terre-Neuve.
- Les pilotes de chasse canadiens ont participé à des missions de «formation» en Irak. Trois généraux canadiens différents y ont supervisé des dizaines de milliers de soldats internationaux;
Le Canada était probablement l’un des plus gros contributeurs à la guerre menée par les États-Unis. Mais le gouvernement Jean Chrétien n’a pas fait ce que l’administration Bush voulait avant tout, c’est-à-dire approuver publiquement l’invasion en rejoignant la «coalition des volontaires». Ce n’était pas parce qu’il se méfiait du renseignement américain d’avant-guerre ou à cause de tout principe moral. Le gouvernement libéral a plutôt refusé de se joindre à la «coalition des volontaires» parce que des centaines de milliers de Canadiens sont descendus dans la rue contre la guerre, particulièrement au Québec.