Intimités, corps et état policier : quelques affirmations d’une blancheur inquiétante

par Hubert Alain, membre de la délégation jeune franco-québécoise à l’UÉMSS

Ce contenu est créé à partir de la plénière « Nos résistances nous impliquent tou·tes entières : l’intime et le sensible comme puissances de nos luttes et de nos révoltes internationalistes » qui s’est tenue dans le cadre de l’Université des mouvements sociaux et des solidarités à Bobigny.


 

Témoignages percutants lors de la plénière du samedi soir à l’UÉMSS:

  • une chanteuse kurde qui relatait les méthodes de résistance anticoloniale de son peuple,
  • une mère de Rio Janeiro dont le fils a été assassiné par les forces policières,
  • une sœur ayant perdu son frère lors d’une attaque policière dans une mine parisienne,
  • deux étudiantes iraniennes relatant les différentes activités de la police des mœurs dans leurs pays
  • finalement des deux artistes de la nation Dene racontant leur résistance contre le contrôle de leurs territoires par les états pétroliers du so-called Canada et des États-Unis.

Tour à tour, ces témoignages rendaient claire une chose : dans un état policier généralisé, dont les activités de discipline, de surveillance et de contrôle des corps s’intensifient sans cesse, on est bien quand on est blanc.

 


Je rends compte de cette plénière via une série de mèmes d’affirmations inquiétantes. Le genre mème consiste en la transformation de propos tenus par des présentations et/ou participant·e·s. J’utilise souvent cette genre de contenu afin de prendre des notes dans des cours ou des conférences, puisque sa syntaxe humoristique facilite l’exercice de la mémoire. En ironisant la pratique de la pensée positive, qui consiste à transformer en phrase positive toute pensée négative, les mèmes cherchent à créer de l’inconfort.

Cet inconfort peut, selon les contextes, être interprété de plusieurs façons, puisque les degrés d’ironie sont nombreux. Lors de la plénière, il m’est apparu qu’en faisant de telles choses avec les témoignages de ces personnes dont les vies et les communautés ont été profondément violentées, on rencontre la pensée positive dans toute sa blancheur. Les mèmes suivants présentent ces affirmations inquiétantes sur fond de vedettes québécoises qui visitent Paris et rappelle que notre rapport aux forces de l’État est doté de nombreux privilèges.

En effet, plusieurs membres des communautés concernées par les attaques coloniales et policières discutées lors de cette plénière n’ont pas le luxe de transformer leur propos en pensées positives.