Canada : les minières canadiennes contre la Colombie

Owen Schalk, extrait d’un article paru dans Canadian Dimension, 30 novembre 2020

 

Dans le cadre de l’ALECC, la balance commerciale entre le Canada et la Colombie a plus que doublé en faveur du Canada. Les données montrent que les sociétés minières canadiennes ont augmenté leurs actifs en Colombie de 30 milliards de dollars à 210 milliards de dollars entre 2005 et 2015. Pendant ce temps, malgré l’affirmation du gouvernement Harper selon laquelle il ne ferait qu’approfondir les liens avec les pays attachés à «la démocratie, les droits de la personne, la primauté -loi et bonne gouvernance », les attaques violentes contre les militants des droits de l’homme se sont multipliées les années suivantes.

En 2011, l’industrie minière a reçu 6,7 millions de dollars de l’Agence canadienne de développement international (ACDI), gérée par le gouvernement fédéral, dans le but de «renforcer les capacités des leaders locaux et de soutenir les projets miniers». L’ACDI a également donné 20 millions de dollars à l’Initiative régionale andine (ARI) du gouvernement américain afin de «faire progresser les partenariats entre les ONG et les sociétés minières en Colombie, au Pérou et en Bolivie».

En 2014, Exportation et développement Canada (EDC), une société d’État dont le but est d’encourager les investissements canadiens dans les marchés en croissance du monde entier, a offert 48,5 millions de dollars à Pacific Rubiales, un producteur de pétrole brut au passé odieux. Au moment de la distribution du document d’EDC, Pacific Rubiales avait les taches suivantes sur son dossier:

condamné par un tribunal colombien pour ne pas avoir respecté les exigences de consultation préalable avec les peuples autochtones… appelé à rejeter les eaux usées de production au-delà des limites autorisées par les licences environnementales… des manquements flagrants à la comptabilité, y compris de grandes disparités entre ses rapports de production aux investisseurs et les chiffres publiés par le département colombien des Mines et de l’Énergie… poursuivant des journalistes pour avoir informé le public de ses activités… non-respect de la liberté d’association et des droits du travail.

Tout comme aux États-Unis, le processus d’investissement de libre-échange canadien en Colombie s’est accompagné d’un élargissement des liens militaires. Depuis 2011, le Canada a vendu 32 véhicules de transport de troupes et de combat au gouvernement et a commencé à exporter des armes militaires automatiques vers la Colombie, ce qui en fait le premier pays d’Amérique latine à recevoir de telles armes du gouvernement canadien. La collaboration en matière de sécurité entre les deux pays se poursuit également: ils ont collaboré à des programmes antiterroristes, et la GRC a organisé des programmes de formation des officiers en Colombie.