Canada : nouvel ambassadeur à l’ONU, même politique

Israeli Prime Minister Benyamin Netanyahou shakes hands with Canadian Prime Minister Justin Trudeau before a bi-lateral meeting at the United Nations climate change summit Monday, November 30, 2015 in Le Bourget, France. THE CANADIAN PRESS/Adrian Wyld

Yves Engler , Canadian Foriegn Policy Institute, 6 juillet 2020

La nomination de Bob Rae comme ambassadeur aux Nations Unies est le résultat de la défaite du Canada dans sa candidature à un siège au Conseil de sécurité des Nations Unies. Mais cela laisse aussi entendre que les libéraux ignorent les leçons de cette défaite.

En 2011, Rae a activement encouragé le bombardement de la Libye. Avant que l’OTAN n’entame officiellement sa guerre, celui qui était à l’époque le critique libéral a appelé le gouvernement de Stephen Harper à travailler avec le  Conseil national de transition de l’  opposition et a ensuite  attaqué  le NPD pour n’avoir soutenu que six mois de bombardements. La guerre de l’OTAN a provoqué une recrudescence de la destruction de ce pays, y compris les   marchés d’ esclaves en Libye, et la violence qui s’est répandue vers le sud au Mali et dans une grande partie de la région du Sahel en Afrique.

Un an avant d’appeler à la guerre contre la Libye, Rae s’est allié avec Harper pour prolonger l’occupation de l’Afghanistan au-delà d’ un retrait des troupes en 2011. Si cela ne tenait qu’à Rae, les troupes canadiennes pourraient encore se battre en Afghanistan.

Rae a justifié le renversement par le Canada en 2004 du président élu d’Haïti Jean Bertrand Aristide, affirmant que «son inefficacité  et sa corruption flagrante ont conduit à sa chute. Des sondages commandés par le gouvernement américain ont révélé à plusieurs reprises qu’Aristide était de loin le politicien le plus populaire d’Haïti.

Rae a répondu à la mort d’Hugo Chavez en tweetant ses «condoléances et ses espoirs pour un avenir démocratique» et quelques mois plus tard, il a  pressé  le gouvernement Harper de prendre une position plus ferme contre Nicolas Maduro qui avait remporté l’élection présidentielle au Venezuela en 2013. En janvier de l’année dernière, Rae a ajouté: « Chavez  et Maduro ont terriblement abusé de leur pouvoir, appauvri leur peuple et créé la plus grande crise humanitaire et de réfugiés de l’histoire moderne de l’Amérique latine. La romantisation de leur régime et de leur idéologie est une honte.

Mais c’est sur les droits des Palestiniens que Rae s’est montré le plus hostile aux droits de l’homme et à la démocratie. L’ancien premier ministre néo-démocrate de l’Ontario a  quitté le NPD en 2002 en raison de son soutien aux droits des Palestiniens, lorsque la chef adjointe du parti, Libby Davies, avait (correctement) déclaré que l’occupation israélienne avait commencé en 1948 et non en 1967.

Rae a prononcé un  discours explicitement raciste evant le Fonds national juif et, de concert avec les personnalités anti-Palestiniennes comme Irwin Cotler et Jason Kenney, Rae faisait partie du comité directeur de la Coalition parlementaire canadienne pour combattre l’antisémitisme, qui cherchait à criminaliser la critique d’Israël. Son épouse, Arlene Perly Rae, est une ancienne vice-présidente du Congrès juif canadien anti-palestinien.

La nomination de Rae pour remplacer Blanchard suggère que Trudeau ignore les appels à un examen de la politique étrangère canadienne après la défaite du Conseil de sécurité. Le mouvement d’examen le plus clair et le plus vaste est une demande vient du l’Institut canadien de la politique étrangère qui réclame une «  réévaluation fondamentale de la politique étrangère canadienne». La lettre ouverte au Premier ministre a été signée par des centaines de politiciens, d’artistes, d’activistes et d’universitaires, dont David Suzuki, Naomi Klein, Stephen Lewis et Linda McQuaig, ainsi que les députés Leah Gazan, Niki Ashton, Alexandre Boulerice et Paul Manly et des anciens députés dont Roméo Saganash, Libby Davies, Jim Manly et Svend Robinson.