Crédit : Jose Pereira via Creative Commons BY-SA

Rana Bouazer, correspondante à alter.québec et participante à l’UÉMSS

La première discussion du module, Défendre l’espace démocratique et nos libertés ici et ailleurs dans le monde avait pour but de fournir un portrait sur les enjeux démocratiques au Chili et en Tunisie, dans le contexte de la crise du néolibéralisme et de la montée des mouvements d’extrême-droite


Cet article présente le contenu de la première partie du module Défendre l’espace démocratique et nos libertés ici et ailleurs dans le monde présenté par Amnesty International, le Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES), le Front uni des immigrations et des quartiers populaires (FUIQP), la Ligue des droits de l’Homme, Médiapart et l’Observatoire des libertés publiques, dans le cadre de l’Université des mouvements sociaux et des solidarités (UÉMSS).


La première discussion du module, Défendre l’espace démocratique et nos libertés ici et ailleurs dans le monde avait pour but de fournir un portrait sur les enjeux démocratiques au Chili et en Tunisie, dans le contexte de la crise du néolibéralisme et de la montée des mouvements d’extrême-droite. De plus, elle s’attache à caractériser les impacts subis par l’espace démocratique, en cherchant à distinguer les aspects relevant de l’appareil d’État, des forces de maintien de l’ordre et des acteurs locaux.

Chili

Manuel Royo, représentante du Mouvement pour la Défense de l’Eau, du Territoire et de l’Environnement (MODATIMA), a ouvert la table ronde en exposant la situation complexe qui prévaut au Chili, résultant des événements survenus depuis octobre 2019.

À cette époque, le peuple chilien s’est mobilisé massivement dans les rues pour revendiquer ses droits, aspirant à faire de leur nation un bastion contre le néolibéralisme, avec l’objectif d’établir une société plus équitable. Cependant, le Chili traverse une période délicate marquée par un changement de cap du gouvernement actuel, qui semble se recentrer politiquement en excluant les mouvements sociaux.

Dans ce contexte, la nouvelle lutte du peuple Mapuche au Chili, qui a débuté il y a une décennie, prend une importance croissante1 2. Cette lutte a survécu à la période de la dictature, ayant pour point de départ la défense de leur territoire ancestral. Aujourd’hui, ils remettent en cause le paradigme extractiviste grâce à un processus de réflexion au sein de la communauté. Ils ont commencé à se reconnecter avec leur terre, à valoriser leurs ressources naturelles, telles que l’eau et les forêts.

Les incarcérations, la militarisation de leurs terres et les incendies demeurent des menaces constantes pour ces peuples. Cette situation s’aggrave en raison de la poursuite des activités de pillage. Leur objectif est de reprendre possession de leur vie et de leur territoire tout en promouvant un équilibre interdépendant qui offre une alternative au système capitaliste actuel.

Tunisie

Alaa Talbi, militant et poète Tunisien, se prononce à son tour expliquant que son pays est passé à un régime de droite populiste dans un contexte démocratique depuis juillet 20213. Il revendique l’abandon des arrestations arbitraires de journalistes appuyés par l’Espagne, l’Égypte et l’Algérie. La crise politique de 2021-2023 en Tunisie a brisé l’image de l’exception tunisienne, mais n’a cependant pas réussi à consolider la démocratie. Le peuple lutte toujours afin d’instaurer un modèle économique impliquant la justice sociale.

La démocratie actuelle est confrontée à des menaces sérieuses, accompagnée d’un abandon total de la population. Cette adhésion persistante envers le président s’explique par le fait qu’aux yeux du peuple, la démocratie n’a pas engendré davantage de justice sociale et économique, mais a plutôt encouragé la prolifération de la corruption. Le président invente régulièrement des boucs émissaires, parfois ce sont les migrants subsahariens. Tous ces faits et toutes ces dérives autoritaires font en sorte que la scène politique tunisienne se retrouve aujourd’hui diviser.

Démocratie et défis économiques

Le Chili et la Tunisie traversent donc des périodes critiques en ce qui concerne la démocratie mais pas seulement. Ces mouvements nourrissent davantage la crise de la démocratie, avec le recours à un champ sémantique saturé de discours xénophobes, comme en Tunisie. Ou encore au Chili, où a lieu une exclusion et une marginalisation des voix et des mouvements sociaux. Ces deux pays sont confrontés à des enjeux démocratiques complexes qui découlent en grande partie de la remise en question de la représentativité politique et des défis économiques.

NOTES ET RÉFÉRENCES

  1. Dubesset, E. et Chevaillier, E. (février 2023). « Au Chili, les millionnaires accaparent les terres du peuple Mapuche ». Reporterre. https://reporterre.net/Au-Chili-les-millionnaires-accaparent-les-terres-du-peuple-Mapuche []
  2. L’Écuyer, G. (2011). « Le peuple mapuche : une histoire de résistance ». Institut d’études internationales de Montréal. https://ieim.uqam.ca/le-peuple-mapuche-une-histoire-de-resistance/ []
  3. Blaise, L. et El Azzouzi, R. (septembre 2021). « Tunisie : inquiétante concentration des pouvoirs par le président ». Mediapart (repris par Journal des Alternatives – Une plateforme altermondialiste). https://alter.quebec/tunisie-inquietante-concentration-des-pouvoirs-par-le-president/ []